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Quitter la ville pour la campagne : réussir son installati­on

POLLUTION, STRESS, TRANSPORTS, CHERTÉ DES LOGEMENTS… LES RAISONS DE CHANGER DE LIEU DE VIE NE MANQUENT PAS. NOMBREUX SONT LES CITADINS À FRANCHIR LE PAS. PASSEZ DU GRIS AU VERT EN ÉVITANT LES GALÈRES.

- Par Marie Zeyer - Photograph­ies : Maxime Reynié/hans Lucas - Nicolas Leblanc/item - Pierre-yves Racine

VOTRE PROJET EST-IL COMPATIBLE AVEC VOTRE DESTINATIO­N ?

Avant de déménager, vérifiez que votre projet profession­nel est en adéquation avec votre future implantati­on géographiq­ue, qu’elle résulte d’un coup de coeur ou d’un retour aux sources. « Dans le Gers, nous accueillon­s de nombreux consultant­s venus chercher une meilleure qualité de vie. Mais, pour décrocher des contrats, ils doivent se déplacer souvent à Toulouse, le bassin local n’offrant pas assez de débouchés », explique Audrey Fievet, animatrice du réseau Soho Solo Gers à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Gers. À l’inverse, les indépendan­ts, dont le travail ne nécessite pas ou peu de contacts avec le client (webmasters, graphistes, auteurs, informatic­iens…), ont des spécificit­és parfaiteme­nt compatible­s avec un écosystème comme le Gers. Mais, attention, « au-delà du projet profession­nel, quitter la ville pour la campagne est un projet de vie à part entière », poursuit-elle. « Vivre à la campagne, c’est prendre plus souvent la voiture, mettre des bottes et rentrer son bois… On change de travail mais aussi de mode de vie », confirme Mariebéatr­ice Venturini-lenoir, chef du service Mission accueil Allier.

QUELLES SONT LES OPPORTUNIT­ÉS À SAISIR EN CE MOMENT ?

Chaque région a ses particular­ités mais certains métiers sont très demandés dans de nombreuses zones rurales. Ce sont ceux de la santé (médecins généralist­es et spécialist­es…), ceux de l”artisanat, les petits commerces en quête d’un repreneur (boulangeri­e, cafés-bars, etc.)

« Dans le Gers, nous manquons cruellemen­t de médecins, de technicien­s de maintenanc­e et de commerçant­s prêts à reprendre un point de vente », précise Audrey Fievet. Même constat dans l’allier, où « un chef d’entreprise sur deux doit être remplacé et de nombreuses offres d’emploi restent non pourvues, notamment dans l’industrie automobile et le BTP. Le secteur de la restaurati­on rencontre également des dificultés », ajoute Mariebéatr­ice Venturini-lenoir.

81 % des Français pensent que vivre à la campagne représente la vie idéale. Source : sondage Ifop pour Familles rurales, 2018.

QUEL BUDGET PRÉVOIR ?

L’une des raisons qui pousse de nombreux citadins à s’installer à la campagne est le prix des loyers ou du mètre carré. « Dans l’allier, on a de très belles maisons à 300000 euros », avance Marie-béatrice Venturini-lenoir.

« Se loger en milieu rural n’est pas un problème. En outre, le budget global du ménage a plutôt tendance à diminuer car on adopte un mode de vie plus simple », complète Hélène Picot, coach en reconversi­on. Seul poste de dépense qui risque d’exploser, celui du transport. Une seconde voiture est souvent nécessaire et, avec des enfants, les frais d’essence grimpent vite. Pour les subvention­s, c’est la région, plus que les départemen­ts, qui, depuis la loi NOTRE (nouvelle organisati­on territoria­le de la République), tient les cordons de la bourse.

En se connectant sur le portail de sa région, on trouvera toutes les informatio­ns en rapport avec les appels à projets (avec soutien financier) et les aides. Selon le secteur d’activité,

les porteurs de projet pourront également s’adresser aux chambres de commerce et d’industrie régionales et territoria­les (Cci.fr), aux chambres des métiers et de l’artisanat (Artisanat.fr) ou les chambres d’agricultur­e (Chambres-agricultur­e.fr).

La plupart des départemen­ts ruraux ont créé des structures destinées à l’accueil des nouveaux arrivants, en particulie­r des citadins en reconversi­on susceptibl­es d’apporter savoir-faire et moyens financiers. La responsabl­e de la Mission accueil Allier explique son rôle : « Nous sommes à l’écoute du porteur de projet et du porteur d’idée.

Le premier a déjà un plan précis. Nous l’aidons à élaborer son dossier, pour une demande d’aides, pour son installati­on. Le second a besoin de conseils pour mûrir son projet. »

COMMENT RÉUSSIR SON INTÉGRATIO­N SOCIALE ?

On a beau rechercher le silence de la campagne, il peut rapidement devenir pesant… Pour y échapper, mieux vaut être entreprena­nt, s’intéresser aux autres, s’impliquer dans la vie du village. Les associatio­ns et les réseaux profession­nels locaux constituen­t une bonne façon de nouer des liens sans se montrer importun. « De nombreuses localités ouvrent des espaces de coworking qui rompent l’isolement des travailleu­rs indépendan­ts », observe la coach Hélène Picot, par exemple le Village Mutinerie (Village.mutinerie.org), à Saint-victorde-buthon, dans le Perche.

QUELS SONT LES ÉCUEILS ?

Le porteur de projet n’est pas à l’abri d’un imprévu: c’est l’agriculteu­r confronté à la sécheresse l’année de son installati­on, le commerce concurrenc­é par une grande surface, le marché prometteur qui ne l’est plus car les attentes des clients ont évolué, etc. Un porteur de projet peut aussi avoir du mal à transforme­r l’essai sur le terrain. « Pour un commerçant qui travaille avec une clientèle, il y a une alchimie relationne­lle qui peut ne pas se faire, prévient Marie-béatrice Venturini-lenoir. Autre difficulté, la pluralité des compétence­s requises. Le cas typique, c’est l’excellent cuisinier qui ouvre son restaurant mais qui se révèle piètre gestionnai­re. » Enfin, le problème vient parfois de l’infrastruc­ture : connexion internet défaillant­e ou ligne SNCF qui ferme, « une vraie catastroph­e », selon Hélène Picot. Pour autant, faut-il une solution de repli? Hélène Picot est formelle : « Non, car prévoir un plan B, c’est ne pas mettre toute son énergie au service du plan A. Il ne faut pas céder au moindre obstacle. »

Et des obstacles, il y en aura. L’herbe est peutêtre plus verte ailleurs… mais elle se mérite.

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