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Manger écologique et économique

Les produits bio étant souvent plus chers, difficile d’imaginer faire des économies avec une alimentati­on plus écologique. Pourtant, tous ceux qui s’y sont mis le confirment : ils mangent mieux sans dépenser plus.

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Par où commencer ? Et comment éviter de faire exploser son budget ? « Cela ne se fait pas du jour au lendemain, indique Florent Ladeyn, chef étoilé auquel le Fonds mondial pour la nature (WWF) a fait appel pour partager des recettes durables, simples et économique­s (wwf.fr/recettesdu­rables). Mais si nous y arrivons dans nos restaurant­s qui servent 700 couverts par jour à des prix raisonnabl­es, c’est que c’est possible à l’échelle d’un foyer. Première démarche, remplacer ses ingrédient­s habituels par les mêmes mais produits dans de meilleures conditions, c’est-à-dire en agricultur­e biologique et, si possible, localement. »

ÉTAPE 1 REVOIR LE CONTENU DE SON ASSIETTE

« 67 % de l’empreinte carbone de notre alimentati­on, mais également l’essentiel de ses impacts environnem­entaux (sur l’eau, la biodiversi­té, etc.), sont liés à la phase de production agricole. Modifier peu à peu ses habitudes d’achat, en privilégia­nt des produits issus de méthodes de culture et d’élevage plus écologique­s, constitue donc un premier pas vers une alimentati­on durable », confirme Sarah Martin de l’ademe. Pour éviter les pesticides et les OGM, préserver la biodiversi­té et le bien-être animal, fiez-vous aux labels de l’agricultur­e biologique (voir page 58). PENSEZ-Y // Mettre un couvercle sur les casseroles pendant la cuisson permet d’utiliser jusqu’à 4 fois moins d’énergie.

Ces nouveaux choix de consommati­on conduisent assez naturellem­ent à revoir la compositio­n même des menus. En effet, si les bons légumes ne coûtent pas forcément plus cher, la viande de qualité est en général plus onéreuse. Beaucoup choisissen­t donc, pour en profiter sans se ruiner, d’en manger moins souvent. Cela tombe bien : « La production d’un kilo de viande émet de 5 à 10 fois plus de gaz à effet de serre que celle d’un kilo de céréales, indique Sarah Martin. Il ne s’agit pas d’arrêter la viande. Mais en introduisa­nt quelques menus végétarien­s par semaine, en réduisant la taille des portions carnées et en préférant une viande locale de qualité, chacun peut améliorer considérab­lement son impact environnem­ental. » Passer à un régime flexitarie­n, avec moins de viande mais davantage de céréales et de légumineus­es, n’est pas si compliqué qu’il y paraît, comme le montre le livret de recettes des 4 saisons proposé sur le site de l’ademe. « Notez que cela répond parfaiteme­nt aux recommanda­tions nutritionn­elles des médecins », ajoute l’experte.

ÉTAPE 2 SUIVRE LES SAISONS

Ne pas consommer de tomates en hiver peut sembler plus difficile. Pourtant, c’est important. Même bio, leur transport depuis des pays lointains ou leur culture sous serres chauffées induit une surconsomm­ation

d’énergie de 10 à 20 fois supérieure aux fruits et légumes produits en saison, localement. Pour avoir un peu de soleil à Noël, pensez aux conserves de légumes ou aux confitures. Et pourquoi pas les préparer vous-même pendant l’été ? Avec les plats cuisinés maison, vous maîtrisez davantage la provenance des ingrédient­s, tout en évitant les additifs et le risque de consommer de l’huile de palme.

Acheter localement ne coûte pas forcément plus cher si on se fournit directemen­t à la ferme, au marché ou à partir des circuits courts de proximité. Cela permet en outre de soutenir l’économie du territoire, en rémunérant plus justement les producteur­s. Au-delà des Amap, qui proposent de s’abonner à des paniers, des supermarch­és coopératif­s ont fait leur apparition, à l’image de La Louve à Paris ou de La Cagette à Montpellie­r. Contre quelques heures de bénévolat pour faire tourner le magasin, les adhérents peuvent acheter des produits durables à prix coûtant ou presque.

Il y a aussi l’option de cultiver soi-même PENSEZ-Y // Les poissons frais ont leur saison. Ainsi, même si on trouve du saumon toute l’année sur les étals ou au menu des restaurant­s, celui-ci ne devrait être consommé qu’entre février et août. PENSEZ-Y // Prendre sa voiture pour acheter un seul kilo de poires à quelques kilomètres de chez soi peut émettre autant de CO2 qu’aller à pied au supermarch­é pour acheter le même kilo de fruits venus d’espagne dans un camion bien rempli. son potager, mais cela demande du temps et du savoir-faire, surtout si vous préférez vos légumes sans pesticides.

ÉTAPE 3 CHASSER PLASTIQUE ET GASPILLAGE

Jeter une barquette de ratatouill­e, ce n’est pas seulement jeter quelques tomates et courgettes, c’est gâcher toutes les ressources (eau, énergie, intrants, emballages, etc.) qui ont servi à les produire, les transporte­r et les transforme­r. C’est pourquoi il est important d’acheter uniquement les quantités dont on a besoin.

« Avant de faire les courses, je réfléchis aux menus de la semaine et je prépare une liste, cela évite les achats compulsifs qui finissent à la poubelle, explique Christine, retraitée.

Pour faire des économies sans nuire à la qualité, je me rends au marché avant la fin, quand les commerçant­s bradent les produits. Au supermarch­é, je surveille ce qu’il y a au rayon des produits proches de la date de

Je vends moins cher tout en étant mieux rémunéré Xavier CUGNIÈRE, maraîcher, gérant de l’exploitati­on Aux jardins de Sacy, dans l’oise

Je ne commercial­ise mes légumes qu’à la ferme ou par des circuits courts qui, comme Kelbongoo ! ou Au bout du champ, me permettent d’atteindre des clients à Paris. Je n’ai pas de label biologique, mais en passant par ces systèmes qui ne font appel qu’à des producteur­s picards respectueu­x de l’environnem­ent, les clients savent que je pratique une agricultur­e durable. Pour moi, c’est avantageux car je peux me concentrer sur mon métier, et mes intermédia­ires s’occupent de transporte­r, conditionn­er et distribuer mes produits. J’accepte donc sans problème les 27 % de marge qu’ils prennent, cela correspond à tout le travail que je leur délègue et au carburant que j’économise. En outre, ils ne négocient jamais les prix, j’arrive donc à avoir une bonne rémunérati­on. Si mes produits sont moins chers qu’au supermarch­é, à qualité équivalent­e, c’est que je vends une grande quantité de légumes en une fois et en vrac. Cela mobilise moins d’employés que la vente au détail.

péremption : ils sont vendus de 50 à 70 % moins cher alors qu’ils sont encore bons. »

Car il ne faut pas confondre la date limite de consommati­on (DLC) et la mention

« À consommer de préférence avant… ». Cette dernière date peut être dépassée de quelques jours sans risque. Des applicatio­ns, comme Too Good To Go, permettent par ailleurs d’acheter pour des sommes dérisoires les invendus des boulangeri­es et restaurant­s de son quartier.

« L’antigaspi, c’est aussi cuisiner des déchets qui n’en sont pas, poursuit Christine. Avec les fanes des radis ou des carottes, je fais de la soupe. J’utilise le pain rassis en croûtons PENSEZ-Y // Au restaurant, demander d’emporter les restes n’est pas incongru. La loi agricultur­e et alimentati­on, adoptée en novembre 2018, a acté qu’à compter du 1er juillet 2021, on ne pourra plus vous refuser ce « gourmet bag ».

ou dans des boulettes de viande. Je fais des bouillons avec les carcasses de poulet et des compotes avec les fruits trop mûrs. Tout cela permet de rentabilis­er mes achats, donc de faire des économies tout en réduisant le volume de mes poubelles. »

Si vous ne savez pas quoi faire de vos restes, des applicatio­ns peuvent vous donner des idées : Kitchenpal, Frigo Magic, Marmiton… Enfin, deux actions zéro déchet permettent de substantie­lles économies : boire l’eau du robinet et remplacer ses capsules de café jetables par d’autres en inox réutilisab­les. Chez Waycap par exemple, celles-ci coûtent entre 20 et 40 euros l’unité mais sont pratiques et vite rentabilis­ées. Le prix d’un café en sachet, même bio et éthique, est de 2 à 5 fois moins élevé que celui vendu en dosettes à 74 euros le kilo…

BILAN DES COURSES

Selon une étude menée par le WWF en 2017, il est possible, pour le même coût qu’un panier alimentair­e standard (189 euros par semaine pour une famille de 4 personnes), d’avoir un panier responsabl­e au bilan carbone 38 % moins élevé.

Le surcoût lié à l’achat de produits labellisés est compensé par une moindre consommati­on de viande et de produits transformé­s, ainsi que par une réduction du gaspillage alimentair­e.

On mange avec plus de plaisir en économisan­t environ 100 € par mois Nicolas, père au foyer, et Dominique, agent technique à la mairie de Rouen

Jusqu’à l’an dernier, nous n’étions pas vraiment conscients de l’impact que pouvait avoir notre alimentati­on. C’est après avoir utilisé un écocalcula­teur sur Bonpourlec­limat.org pour mesurer l’empreinte écologique de nos assiettes que nous avons décidé de consommer moins de viande. Des lasagnes bolognaise­s revenaient à faire 24 km en voiture, alors que pour des lasagnes végétarien­nes on gagnait l’équivalent de 10 km. Au début, ça a été difficile. Mais maintenant, nous commençons à avoir des remords quand nous mangeons de la viande. Nous avons aussi revu notre façon de faire les courses. Nous établisson­s les menus de la semaine, puis la liste correspond­ante, de manière à pouvoir tout acheter le même jour, en faisant la tournée des producteur­s et des commerces locaux. Cela demande plus d’organisati­on mais nous mangeons mieux, nous redécouvro­ns le vrai goût des aliments et, en définitive, nous économison­s une centaine d’euros par mois.

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Cuisiner soi-même des produits frais ou savoir accommoder les restes est source d’économies.
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