Agir pour les animaux
BÉNÉVOLE DANS UN REFUGE, FAMILLE D’ACCUEIL, PARRAINAGE, ÉCOVOLONTARIAT… IL EXISTE DE MULTIPLES FAÇONS D’AGIR POUR LEUR BIEN-ÊTRE, EN FRANCE COMME À L’ÉTRANGER, D’AUTANT QUE LES ASSOCIATIONS MANQUENT DE BRAS.
S’ENGAGER COMME BÉNÉVOLE DANS UN REFUGE
En 2019, 46 000 nouveaux pensionnaires ont été recueillis dans l’un des 56 refuges de la société protectrice des animaux, la SPA. En attendant de trouver une famille, ces animaux ont besoin de soins et d’attention. « Nous comptons 4 000 bénévoles, qui se partagent essentiellement entre ceux qui travaillent dans un refuge et ceux qui sont délégués enquêteurs », indique Jacques-charles Fombonne, président de la SPA. Les premiers participent aux soins quotidiens consistant à sortir les chiens, nourrir les animaux, nettoyer les cages, etc. « Quelques heures par semaine ou par mois, toutes les volontés sont les bienvenues ! », ajoute-t-il. Le rôle des 700 délégués enquêteurs est différent : « Lorsqu’un cas de maltraitance nous est signalé, l’un de nos délégués se rend sur les lieux. Il tente de dialoguer avec le propriétaire de l’animal, puis repasse quelques jours plus tard, pour vérifier que tout est rentré dans l’ordre. À défaut, une plainte est déposée à la police ou à la gendarmerie. » Pour se porter volontaire, il suffit de se rendre sur le site de la SPA (La-spa.fr, rubrique « Agir ») ou directement au refuge le plus proche de chez soi. Les refuges de l’association accueillent essentiellement des chiens et des chats, sauf celui de l’orne qui héberge 250 chevaux.
ÊTRE FAMILLE D’ACCUEIL POUR UN ANIMAL
Pour ceux qui souhaitent s’engager davantage, il est possible de devenir « famille d’accueil » pour un animal en échec d’adoption, ou de dépanner ponctuellement un propriétaire qui ne peut plus s’occuper de son animal (hospitalisation, changement de situation familiale, etc.). Des associations comme 30 Millions d’amis, Gamelles sans frontière dans le Val-d’oise, Lianes à Strasbourg et, bien sûr, la SPA s’occupent de la mise en relation. La plateforme Secondechance.org centralise les annonces des différentes associations. À noter que la
SPA a créé en 2014 le dispositif « Famille d’accueil définitive ». Ce placement permet aux animaux qui sont depuis longtemps dans un refuge – car trop vieux pour être adoptés ou souffrant d’un handicap ou d’une pathologie – de finir leurs jours dans un foyer. « L’animal reste légalement propriété
Je côtoie des animaux sauvages Manon LAGOURRÈS, 23 ans, volontaire au centre de soins du refuge de l’arche, en Mayenne
Fin 2019, j’ai débuté un volontariat de huit mois dans le cadre d’un service civique au refuge de l’arche. Cette association accueille et soigne des animaux sauvages, malades ou blessés, récupérés par des promeneurs de la région, saisis par les douaniers (trafic illégal) ou amenés ici après avoir servi dans des laboratoires. Le refuge compte environ
1200 pensionnaires, essentiellement des oiseaux, mais aussi quelques singes, des fauves... Nous voyons passer de nombreux animaux mal en point, comme cette buse, soignée puis relâchée il y a quelques jours. D’autres finiront leur vie ici, comme ce hérisson victime d’un AVC (photo). La journée débute toujours par le tour des cages pour voir si tout le monde va bien. Ensuite, on prodigue les soins. J’ai appris à manipuler les animaux, à les « contentionner » avec une serviette, le temps du traitement ou de l’opération. Il y a un coup de main à prendre, c’est un peu physique, mais il faut aussi être solide psychologiquement car on fait face à la mort. Le côté concret de ce travail me plaît et me manquait dans mon parcours universitaire (j’ai une licence de psychologie). Désormais, mon objectif est de suivre une formation de soigneur animalier pour en faire mon métier.
Animaux et réseaux sociaux : gare à l’affichage ! Valérie DRAMARD, vétérinaire comportementaliste à Lyon, Paris et Montpellier
de l’association, qui prend en charge les soins vétérinaires et l’alimentation. Grâce à ce dispositif, nous avons déjà trouvé une famille à 1 197 animaux », témoigne Jacques-charles
Fombonne.
DEVENIR ÉCOVOLONTAIRE AU SERVICE DE LA FAUNE SAUVAGE
En France, mais aussi à l’étranger, les associations d’écologie participatives, sur le site Eco-volontaire.com, rubrique « Associations », cherchent des bénévoles pour aider à la préservation de la faune sauvage. Attention, il s’agit certes d’un voyage « utile et solidaire », mais le bénévole participe aux frais. À noter que le statut d’association d’intérêt général donne droit à une réduction d’impôt de 66 % du total des versements, dans la limite de 20 % du revenu imposable du foyer. D’une durée d’une semaine (deux au moins si l’on part à l’étranger), les missions proposées par l’association Cybelle Planète sont au nombre d’une vingtaine. Elles se déroulent entre autres en France (comptage des cétacés en Méditerranée), en Afrique du Sud (réhabilitation de singes dans la nature), au
Les réseaux sociaux, avec leurs images chocs, envoient des coups de projecteur nécessaires sur des actes de cruauté intolérables envers les animaux. Mais attention, les bons sentiments ne font pas toujours les bonnes actions. Se sentant investis d’une mission, certains défenseurs de la cause animale tiennent des propos proches du fanatisme. D’autres, atteints du « syndrome de Noé », accueillent 30 chats dans leur appartement sans se poser la question de leur bien-être, ou militent pour la cause des éléphants en Afrique, mais élèvent des poules en cage sur leur balcon… Parfois aussi, à trop vouloir bien faire, on stresse son animal par des examens médicaux à répétition pour « vérifier que tout va bien », par une surstimulation sportive ou bien encore en le déguisant comme une poupée pour animer les réseaux sociaux !
Les questions à se poser sont plutôt : qu’estce que je fais, moi, au quotidien, avec les animaux qui m’entourent, est-ce que j’agis en respectant leurs besoins ?
Brésil (étude et protection des loutres) et au Portugal (sauvegarde des loups ibériques).
« Dans les sanctuaires à l’étranger, le rôle du bénévole est d’assister l’équipe en place dans les soins, pour les repas ou le nettoyage des enclos, explique Céline Arnal, directrice
de l’association. La mission pour les cétacés en Méditerranée consiste, elle, à embarquer sur un voilier durant une semaine et d’aider au comptage des baleines du Pélagos, en se relayant par quarts d’observation. »
L’âge des bénévoles varie entre 25 et 75 ans. Parmi eux, 40 % sont étudiants.
PARRAINER UN ANIMAL
Le drame des koalas morts ou blessés dans les incendies australiens et relayé sur les réseaux sociaux a suscité une forte mobilisation internationale. « Pour l’australie, nous avons récolté 110 000 euros en quelques jours », se réjouit Delphine Delord, viceprésidente de Beauval Nature, association rattachée au zoo de Beauval (Loir-et-cher) qui oeuvre pour la biodiversité. Elle rappelle
que « les zoos sont les troisièmes pourvoyeurs de financement pour la préservation de la faune sauvage. Avec les dons récoltés grâce au parrainage d’animaux de notre zoo – dont la star incontestée est le panda roux –, le donateur contribue à divers projets, comme la construction d’un pont pour les orangs-outans à Bornéo, de nichoirs pour calaos géants en Afrique, la création de la première banque de sperme pour éléphants d’afrique… ». Pour faire un don (de 20 à 1 000 euros), on peut se rendre sur le site du zoo et choisir son « filleul ». « Les dons moyens tournent autour de 20 euros jusqu’à 50 euros, avec un pic à Noël, au moment des cadeaux. »
Ce type de dons peut donner lieu à une réduction d’impôt.
SPÉCIALISTE DU DROIT ANIMALIER
Adopté en 2015, un amendement de l’article 515-14 du Code civil reconnaît l’animal comme « un être vivant doué de sensibilité » et non plus comme un bien. Une avancée qui traduit un intérêt croissant pour le droit animalier en France, pays jusque-là plutôt en
retrait, le plus en pointe étant le Brésil qui a inscrit la protection des animaux dans sa constitution. Afin de permettre au public de se familiariser avec cette législation, l’université de Limoges a ouvert une formation en partenariat avec l’association 30 Millions d’amis. « Le diplôme universitaire (DU) en droit animalier s’adresse à des vétérinaires, des responsables d’association… », informe Séverine Nadaud, maîtresse de conférences chargée de ce DU. « Être juriste n’est pas un prérequis, mais mieux vaut avoir une certaine pratique du droit », précise-t-elle. La formation a pour objectif de faire connaître l’ensemble des règles qui concernent l’animal. Même si le droit animalier est encore jeune chez nous, Séverine Nadaud constate que « de plus en plus d’actions en justice contre les mauvais traitements envers les animaux aboutissent ».