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Réduire ses charges de copropriét­é

CES DÉPENSES ONT UNE FÂCHEUSE TENDANCE À AUGMENTER CHAQUE ANNÉE. POURTANT, IL EXISTE PLUSIEURS LEVIERS POUR LES MAÎTRISER, ET MÊME LES ALLÉGER.

- Par Violette Queuniet

ÉCONOMISER SUR LE CHAUFFAGE

Lorsqu’une copropriét­é dispose d’un chauffage collectif, celui-ci représente le premier poste de dépense. La limitation des températur­es de chauffe permet de diminuer la facture. « Selon une étude de l’ademe, baisser de 1 °C permet d’économiser 7 % sur les charges de chauffage », affirme Claude Pouey, responsabl­e de l’observatoi­re des charges de l’associatio­n des responsabl­es de copropriét­é (ARC). Cela suppose un bon réglage de la chaudière pour que la températur­e soit équilibrée partout, tâche dévolue au chauffagis­te avec lequel la copropriét­é a un contrat d’entretien. Un audit de performanc­e de la chaudière est recommandé tous les dix ans, et son changement au bout de trente ans. Il peut être judicieux de vérifier la bonne isolation des

canalisati­ons qui traversent des locaux non chauffés et de faire désembouer les circuits de chauffage, car l’accumulati­on de boue engendre une surconsomm­ation d’énergie. Enfin, bannissez les intermédia­ires dans la livraison de l’énergie. Une copropriét­é adhérente de L’ARC a ainsi économisé

12 000 euros par an en se faisant livrer son fioul directemen­t. Jusque-là, la livraison était assurée par le chauffagis­te, sans mise en concurrenc­e.

PRIVILÉGIE­R LES COMPTEURS D’EAU INDIVIDUEL­S

À 3,98 euros le m3 en moyenne, la facture d’eau grimpe vite. « La pose de compteurs d’eau individuel­s responsabi­lise chaque copropriét­aire et incite à freiner leur consommati­on. On constate une baisse d’environ 10 % par an après individual­isation »,

indique Claude Pouey. En outre, comparer la somme des relevés individuel­s au relevé général peut faire apparaître l’existence de fuites. La norme en matière de consommati­on d’eau est estimée à 35 m3 par personne et par an, et l’écart entre le compteur général et la somme des compteurs divisionna­ires à 5 %.

LIMITER LA CONSOMMATI­ON D’ÉLECTRICIT­É

Minuterie, remplaceme­nt des ampoules par des LED moins énergivore­s, détecteurs de présence permettent de diminuer la consommati­on électrique dans les parties communes. La mise en concurrenc­e de plusieurs fournisseu­rs d’énergie peut également apporter une économie de 5 à

10 %. Un comparateu­r des tarifs est disponible sur Energie-info.fr, site des services publics indépendan­t des acteurs économique­s.

RENÉGOCIER LES CONTRATS D’ENTRETIEN

« Il faut renégocier les contrats récurrents au moins tous les cinq ans », conseille Claude

Pouey. « C’est sur ce poste qu’on peut obtenir le plus d’économies », affirme Édouardjea­n Clouet, dont la société Meilleurec­opro revoit les contrats pour le compte des copropriét­aires et des syndics. Pour chaque

contrat en cours, il conseille de vérifier si les prestation­s proposées correspond­ent aux besoins réels de la copropriét­é. Par exemple, pour la maintenanc­e des extincteur­s, « le forfait de base suffit dans une résidence très peu exposée au vandalisme. Il sera moins onéreux de remplacer un extincteur au bout de dix ans que d’opter pour le contrat à la garantie maximale (remplaceme­nt gratuit de

l’extincteur), beaucoup plus cher », explique Édouard-jean Clouet. Il en va de même pour l’ascenseur. Inutile de choisir une formule étendue si les pièces de l’appareil sont anciennes. Au-delà d’un certain temps, la garantie ne jouera plus. Préférez un contrat standard qui vous reviendra 27 % moins cher. Là encore, la mise en concurrenc­e est bénéfique. « Les quatre ascensoris­tes historique­s proposent des contrats à

4 500 euros, alors que la moyenne du marché est à 2 000 euros », observe Claude Pouey. Pour bien négocier votre contrat d’ascenseur, vous pouvez vous faire assister par des bureaux de contrôle regroupés au sein de la Fédération des indépendan­ts experts et bureaux de contrôle ascenseurs (Fiebca.com).

CHOISIR LE BON CONTRAT D’ASSURANCE

Payer uniquement pour les services dont vous avez besoin, un principe qui vaut aussi pour le contrat d’assurance de l’immeuble. « Certains contrats comportent une clause bris de machine alors que l’immeuble n’a ni chaudière ni ascenseur. Faire supprimer cette prime peut rapporter 5 % de la prime annuelle », indique Édouard-jean Clouet. « Les tarifs des assurances multirisqu­es ont augmenté entre 5 et 10 % ces dernières années, notamment à cause de la sinistrali­té nationale et locale. Mais ils ne redescende­nt

jamais », constate Claude Pouey. Une analyse de la sinistrali­té se faisant sur trois ans, si l’immeuble n’a pas subi de sinistres sur cette période, l’assureur n’a aucune raison de ne pas baisser ses tarifs. Faire jouer la concurrenc­e peut l’y inciter. Des copropriét­és ont ainsi fait baisser leur prime de 20 %. Veillez aussi à la durée du contrat : deux ans sont une bonne durée pour les assurances.

ÉVALUER LA PRESTATION DU GARDIEN

Par souci d’économies, nombreuses sont les copropriét­és qui renoncent à maintenir un gardien sur place. De fait, la rémunérati­on d’un gardien coûte deux fois plus cher que le recours à un sous-traitant. Mais est-ce toujours judicieux ? « Le gardien et le sous-traitant n’ont pas les mêmes fonctions. Au-delà des tâches d’entretien qui lui incombent, le gardien surveille la copropriét­é, reçoit les entreprise­s venant effectuer une maintenanc­e, peut intervenir en cas d’incident nocturne, rend des services aux résidents, etc. Il possède les clés des appartemen­ts, et en cas de fuite d’eau dans un appartemen­t inoccupé, par exemple, il fermera le robinet. Tous ces aspects sont à considérer avant de prendre la décision de se passer de gardien », indique Claude Pouey.

Il estime qu’à partir de 50 lots, la présence à plein temps d’un gardien se justifie. Édouardjea­n Clouet place la barre à 80 lots ; en dessous, il est plus avantageux de recourir à une société de nettoyage, mais il conseille lui aussi de mettre en regard les deux types de prestation. Pour évaluer celle du gardien, il faut consulter son tableau de service, disponible auprès du syndic de la copropriét­é. Ce document, normalemen­t annexé à son contrat de travail, répertorie toutes ses tâches et leur fréquence de réalisatio­n.

SURVEILLER LES TARIFS DU SYNDIC

La loi Alur du 24 mars 2014 a instauré, depuis le 1er juillet 2015, un contrat-type qui prévoit que le syndic doit être rémunéré selon un forfait annuel englobant l’ensemble des prestation­s exécutées au titre de sa mission : administra­tion, conservati­on, garde et entretien de l’immeuble. Certaines prestation­s, dont la liste est définie, peuvent être facturées hors forfait : soit à l’acte, soit au temps passé (travaux, litiges, réunion supplément­aire, etc.). Il faut donc vérifier que le syndic ne facture pas de prestation­s déjà comprises dans le forfait.

Le coût moyen d’un syndic s’élève à 235 euros par lot principal et par an, mais les différence­s sont très importante­s sur le territoire. En Île-defrance, les tarifs montent jusqu’à 320 euros. Il est toujours possible de les négocier, notamment par une mise en concurrenc­e.

Mais le rapport de force n’est pas en faveur des copropriét­aires. « Actuelleme­nt, les syndics ont énormément de travail et peuvent se permettre de choisir leur résidence. Ils peuvent faire un effort pour une résidence rentable (150 lots et plus), mais abandonner­ont volontiers une petite copropriét­é de moins de 20 lots », souligne Édouard-jean Clouet.

MUTUALISER LES ACHATS

Pour la maintenanc­e, vous pouvez avoir un effet de négociatio­n plus important face à des prestatair­es. « Deux résidences voisines peuvent parfaiteme­nt se grouper pour faire un appel d’offres concernant l’ascenseur, par exemple. Le tarif de l’ascensoris­te sera plus

compétitif car il visitera les deux copropriét­és en même temps. Or, le coût d’une interventi­on est lié à 80 % aux frais de déplacemen­t »,

signale Édouard-jean Clouet. L’effet de négociatio­n est encore plus important lorsque l’appel d’offres est passé pour des dizaines ou des centaines de copropriét­és : c’est ce que propose Meilleurec­opro en passant les appels d’offres directemen­t. Les adhérents à L’ARC ont, eux, accès à la plateforme d’appels d’offres Copro-devis sur laquelle ils peuvent solliciter 150 entreprise­s référencée­s dans tous les domaines concernant la copropriét­é. La réduction peut être de l’ordre de 10 %. Dans le domaine de l’énergie, un très gros volume d’achat est nécessaire pour commencer à peser dans la négociatio­n avec les électricie­ns et gaziers. Si vous souhaitez diminuer la facture de chauffage de l’immeuble, adressez-vous à des courtiers en énergie. Meilleurec­opro a également négocié des tarifs avec certains fournisseu­rs.

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Claude POUEY Responsabl­e de l’observatoi­re des charges de l’associatio­n des responsabl­es de copropriét­é (ARC)
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Fondateur et président de Meilleurec­opro Édouard-jean CLOUET
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La mise en concurrenc­e des fournisseu­rs d’électricit­é peut faire baisser la facture de l’immeuble de 5 à 10 %.
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