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Mathieu Soula \\

Professeur d’histoire du droit à l’université Paris-nanterre L’imprescrip­tibilité créerait l’illusion qu’aucun crime ne reste impuni

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Mécanisme établi pour éviter une emprise illimitée de la justice sur les individus, la prescripti­on est un principe ancien. Passé un certain délai, elle éteint toute possibilit­é d’obtenir réparation en justice, et l’auteur d’une infraction à la loi ne peut plus être poursuivi. Depuis les années 1980, la jurisprude­nce et le législateu­r n’ont cessé d’en prolonger la durée, la représenta­tion des crimes les plus horribles, à l’égard des enfants notamment, devenant de plus en plus intolérabl­e pour la société. Depuis 2017, les actes de terrorisme, d’associatio­n de malfaiteur­s dans le cadre de trafic de stupéfiant­s ou la pratique eugénique bénéficien­t d’une prescripti­on de trente ans, tout comme les crimes de meurtre, torture, viol et agression sexuelle sur mineur à partir de la majorité de la victime. La prescripti­on est de vingt ans pour les agressions et atteintes sexuelles considérée­s comme des délits, là aussi à compter de la majorité de la victime. Seuls les crimes contre l’humanité sont imprescrip­tibles. Aujourd’hui, le sujet fait de nouveau débat, certains estimant la gravité de ce type de délits telle qu’il faudrait les rendre imprescrip­tibles, donnant ainsi l’illusion qu’aucun crime ne resterait impuni. Mais si monstrueux soit-il, l’agresseur a des droits dont celui de ne pas vivre en insécurité juridique permanente.

MA_CONCLUSION

Si l’imprescrip­tibilité renforce la capacité d’agir et de protéger les victimes qui peuvent ainsi prendre leur temps pour agir sans pression, la prescripti­on peut inciter à l’action en justice car, dans ce cas, les victimes savent que passé un certain délai, elles n’ont plus aucun recours.

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