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Karen Sadlier \\

Docteur en psychologi­e clinique Le temps psychique est parfois plus long que le temps juridique

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MA_CONCLUSION Étendre la durée de prescripti­on permettrai­t aux personnes de plus de 50 ans de pouvoir être reconnues dans les procédures judiciaire­s et de voir leur souffrance prise en compte. Il y a une utilité symbolique de pouvoir dire à la société qu’on a vécu quelque chose de grave.

Je suis favorable à une réforme en vue de l’imprescrip­tibilité, car les crimes sexuels commis sur mineurs sont souvent occultés par des victimes plus vulnérable­s, qui ne se souviennen­t que tardivemen­t des faits. Ce mécanisme neurobiolo­gique, qui s’appelle l’amnésie traumatiqu­e, permet de survivre face au niveau extrême de violence des actes. Il faut parfois attendre qu’un événement de la vie d’adulte survienne pour que les souvenirs remontent. C’est par exemple le cas de certaines victimes dont le propre enfant atteint l’âge qu’elles avaient au moment des faits, ce qui peut enclencher un processus de prise de conscience. Le temps psychique se révèle parfois plus long que le temps juridique. De plus, avec les années, on se sent également plus fort pour intenter une action. D’autant que la durée de sauvegarde des preuves s’est nettement améliorée grâce aux progrès scientifiq­ues. La recherche D’ADN ou une meilleure conservati­on des scellés augmentent notamment leur validité bien au-delà des délais de prescripti­on. Et même lorsqu’un dépôt de plainte, longtemps après les faits, s’avère essentiell­ement symbolique pour la victime, outre l’utilité thérapeuti­que que cela représente, le témoignage peut également venir à l’appui d’une affaire en cours qui concerne l’agresseur.

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