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Catherine Perelmutte­r Étirer la durée de la prescripti­on peut avoir un effet sur la qualité du procès \\

Avocate spécialisé­e en droit de l’enfant

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L’action de la justice ne peut s’exercer indéfinime­nt après les faits, un principe remis en cause par l’opinion publique et les victimes qui n’acceptent plus le sentiment d’impunité qui en découle. Pourtant, les réformes successive­s – sept lois en vingt ans ! – permettent aujourd’hui de poursuivre jusqu’à l’âge de 48 ans pour les crimes sexuels sur mineur. On est passé d’une prescripti­on de dix ans avant 1989 à trente ans en 2018. Le délai a triplé.

On peut dire qu’il y a eu un réel progrès du côté de la législatio­n. Le régime dérogatoir­e de la prescripti­on pour les mineurs permet également de faire partir le délai à compter de leur majorité, tant pour les crimes que pour les délits. Il faut savoir que prolonger indéfinime­nt la durée de prescripti­on peut avoir un effet sur la qualité du procès, en particulie­r à cause du dépérissem­ent des preuves qui permettent d’attester de la culpabilit­é ou de l’innocence d’une personne. Malgré les progrès technologi­ques, en se dégradant avec le temps, elles peuvent entraîner non-lieu, relaxe ou acquitteme­nt, un motif de déception et de souffrance­s pour la victime. Autre écueil possible, des témoignage­s fragiles car trop anciens accroissen­t les risques d’erreur judiciaire. //

MA_CONCLUSION

Même si c’est un peu compliqué à mettre en place d’un point de vue juridique, la meilleure solution pour les victimes de crimes sexuels frappées d’amnésie traumatiqu­e serait de pouvoir suspendre la prescripti­on pendant la période d’oubli et de la faire courir au moment de la prise de conscience des faits.

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