“Pour obtenir plus de rendement, il faut une certaine“prise de risque
Lorsqu’on regarde les écarts de taux des fonds euros, y compris au sein d’une même compagnie d’assurances, on voit désormais que pour obtenir plus de rendement, il faut une prise de risque certaine au sein du contrat d’assurance-vie. Autrement dit, tout dépend et tout va dépendre de plus en plus du comportement des épargnants. Pour réadapter son allocation d’actifs à ses objectifs patrimoniaux à court, moyen ou long terme, et donc faire passer une partie de son épargne du fonds euros vers d’autres supports, les épargnants vont inévitablement devoir s’appuyer sur les recommandations des professionnels. Le conseil va devenir primordial.
patrimoine au sens large et de votre horizon et objectif de placement (transmission d’un capital à des proches, préparation de la retraite, recherche de valorisation de l’épargne). Ainsi, de plus en plus d’assureurs proposent des fonds euros dits « atypiques » ou fonds euros dynamiques, dont le portefeuille comporte moins d’obligations d’état au profit d’autres classes d’actifs (actions ou immobilier tertiaire, notamment), pour produire de la performance. Ces supports ont par ailleurs tout pour plaire puisqu’ils sont garantis à tout moment. Mais, et c’est le revers de la médaille, pour assurer leur solvabilité et préserver leur rendement, ces fonds, souvent de petite taille, comportent généralement des frais d’entrée plus élevés que ceux des fonds euros. Plus encore, ils ne sont accessibles qu’aux seuls épargnants
« qui acceptent une prise de risque élevée, puisqu’il n’est pas rare d’être obligé d’orienter en parallèle de 40 à 50 % de l’épargne que l’on souhaite investir vers des supports en unités de compte », prévient Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.
LES PRODUITS STRUCTURÉS : AVEC PRUDENCE
Construits de façon très technique, les fonds structurés ont la particularité d’être adossés à la performance d’un indice boursier
(le CAC 40 ou l’euro Stoxx 50, par exemple) ou, plus souvent, à la performance d’un panier d’actions sélectionnées, variable selon les assureurs. À la différence d’un support en unités de compte classique, ils ne sont pas commercialisés toute l’année, mais pendant une période limitée. L’offre est donc sans cesse renouvelée. Autre caractéristique, ils affichent d’emblée un objectif de gain dont vous pourrez bénéficier à une date donnée (entre cinq et dix ans après la souscription, le plus souvent) si l’évolution de leur indice de référence est positive.
Ainsi, vous pourrez obtenir un rendement de 5 % par an si, à différentes dates de constatation déterminées à l’avance, l’indice reste stable ou progresse par rapport à sa valeur initiale. À terme, pour un placement dont l’échéance est de huit ans, par exemple,
vous obtiendrez donc 40 % de rendement. Si ce même indice baisse, sans toutefois franchir un certain palier connu dès le départ (par exemple, – 40 % par rapport à sa valeur initiale), le capital que vous avez investi à l’origine demeure protégé. Il vous sera restitué, déduction faite des éventuels frais sur versements, mais vous n’aurez rien gagné. Ce n’est que si ce palier à la baisse est franchi que le capital investi ne sera plus protégé et que vous aurez à subir une moins-value en fonction du comportement de l’indice de référence : s’il a chuté de
50 % par exemple, vous ne récupérerez pas les 5 000 euros investis initialement, mais 2 500 euros seulement, hors frais éventuels. Pour que l’épargnant ne se sente pas bloqué sur du très long terme, les fonds structurés comportent des fenêtres de sortie anticipées qui lui permettent, à une date donnée, de récupérer son épargne, déduction faite des frais sur versements, avec ou sans versement du coupon promis, en fonction du comportement de l’indice. Contrairement aux fonds euros atypiques, il est possible d’y souscrire sans contrepartie d’un investissement minimal dans des unités de compte. Pour autant, Cyrille Chartier-kastler, directeur du site Good Value for Money, recommande d’être prudent car « les niveaux de marché sont actuellement très élevés, ce qui peut induire, à terme, un potentiel de gain moindre par rapport aux fonds structurés de générations précédentes ».
LES SUPPORTS IMMOBILIERS : DU MOYEN OU LONG TERME
Loger une partie de son épargne dans des unités de compte immobilières, et plus spécifiquement dans des parts de SCPI (sociétés civiles de placement immobilier), permet d’investir dans des actifs diversifiés décorrélés des marchés financiers. Et de bénéficier de rendements réguliers relativement élevés : 4 % en moyenne net des frais de gestion de l’unité de compte pour 2019. Dès lors, on comprend facilement pourquoi ce type d’investissement « a le vent en poupe depuis quelques années », comme le souligne Philippe Crevel. Mais pas question d’y investir les yeux fermés, car ces supports n’ont pas les caractéristiques qui ont fait le succès des fonds euros classiques. En effet, pour vous assurer à long terme un rendement performant, vous devez analyser certains paramètres : qualité des actifs sous-jacents (bureaux, commerces, établissements de santé, etc.), localisation des biens (de préférence en France et en Europe), performance énergétique, taux d’occupation et perspectives de plusvalues à moyen ou à long terme. Attention aussi à la cherté des frais de souscription qui annule souvent la première année de rendement, si ce n’est davantage. Enfin, contrairement aux fonds euros, il faut avoir conscience que la valeur des parts de SCPI peut baisser temporairement (entretien des immeubles qui grève le rendement, taux de vacance important, etc.) et qu’il faut donc, impérativement, selon Cyrille Chartier-kastler
« se donner du temps, à savoir un horizon de placement entre dix et douze ans ».