Patience et conviction sont requises
Avec Frédéric, un ami de longue date, nous avons mûri l’idée de vivre en colocation pendant cinq ans environ. J’en avais assez de la vie en Provence, de plus en plus chère et marquée par une incivilité grandissante. Le déclic s’est produit lorsque ma mère a été victime d’un AVC et que j’ai dû m’en occuper.
Nous nous sommes alors mis à la recherche d’une maison assez grande pour nous accueillir tous les trois et monter une colocation de retraités ou de préretraités. Nous avons parcouru les Landes, le Lot-et-garonne, le Gers, la Dordogne, et enfin le Tarn où nous sommes tombés sur la maison idéale, à Mazamet. Nos proches prédisaient que cela ne marcherait pas entre nous ! Ces deux années de colocation ont permis de lever leurs réticences. Elles sont la preuve que ce mode de vie peut fonctionner, à condition de posséder des affinités, d’être respectueux des autres, d’être dans le dialogue et de savoir accorder sa confiance. de charte de fonctionnement, séminaire de formation, assurance habitation, etc. « Autant de clés permettant d’aborder au mieux cette nouvelle phase de vie qui peut s’avérer délicate, y compris financièrement », note Yohann Blanche.
Pour mettre toutes les chances de son côté dans sa recherche de colocataires, mieux vaut penser avant à ce que l’on est prêt à partager ou pas. Car, contrairement aux étudiants, les seniors tiennent à une certaine forme d’indépendance. « Il est ainsi préférable que chaque locataire ait une salle d’eau, des toilettes et des placards personnels, explique Anne-laure Tougeron. Ce qui peut poser problème lorsqu’on désire monter une colocation de quatre à six personnes. » Outre de possibles travaux à prévoir, il faut compter avec le fait que des candidats puissent être réticents à investir une habitation déjà chargée en histoire.
Côté contrat, deux solutions existent. Soit un bail unique est signé par les tous colocataires, soit chaque colocataire signe avec le propriétaire un contrat de bail indépendant.
S’INSTALLER DANS UN LOGEMENT NOUVEAU POUR TOUS
Louer ou acheter ensemble un logement dans le but de le partager est une autre possibilité. Dans cette optique, des associations se proposent d’aider les candidats à former des groupes, afin d’apprendre à se connaître avant de sauter le pas. Ainsi, dans le
Finistère, Cocon3s – 3s pour Solidaires, Senior, Solos –, créé en 2008 par Christiane Baumelle (voir page 55), met les personnes intéressées en contact et organise des séminaires d’une semaine préparant à la colocation. Elles y font des essais de vie commune en conditions réelles, définissent
leurs attentes et vérifient si ce mode de vie est un bon choix. À Nantes, Loki Ora propose des formations sous forme d’ateliers permettant aux seniors de se tester, et accompagne les colocataires dans la durée avec la visite mensuelle d’une psychologue-gérontologue.
« Les candidats se rendent compte ainsi de l’importance de garder une liberté de mouvement dans le groupe, note Annelaure Tougeron. D’où la nécessité de ne pas constituer un groupe trop petit : à deux ou trois, on se focalise vite sur les défauts de l’autre. À partir de quatre, une dynamique s’installe, et on bénéficie de l’entrain de l’équipe tout en gardant son autonomie. »
Les communes et les investisseurs immobiliers l’ont d’ailleurs bien compris. Ils sont de plus en plus nombreux à proposer des logements disponibles en colocation, ou « coliving », au coeur des villes, des quartiers et à proximité des services et des commerces.