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Agir pour préserver son emploi

Accident de la vie, maladie profession­nelle, affection chronique… Quand survient un handicap, plusieurs solutions peuvent être mises en oeuvre dans l’entreprise pour préserver sa santé et garder son travail.

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ANTICIPER LES DÉMARCHES

La survenue du handicap est subite ou progressiv­e. Quelle que soit votre situation, vous gagnerez en tant que salarié à anticiper vos éventuelle­s démarches. L’enjeu est de prévenir une dégradatio­n de votre état de santé en raison d’un environnem­ent de travail qui ne serait pas ou plus adapté. Et d’éviter le couperet d’un licencieme­nt pour inaptitude. Amélie Gautier, chargée de mission handicap et diversité chez 02 Care services, conseille de s’adresser le plus tôt possible à sa médecine du travail pour bénéficier d’une visite médicale (nommée visite de préreprise si vous êtes en arrêt maladie). « Ce dispositif proposé par tous les centres de santé au travail permet au salarié, qu’il soit en arrêt ou non, de solliciter gratuiteme­nt un médecin du travail pour faire un point et exposer ses difficulté­s à un instantt », explique-t-elle. Cette visite,

totalement confidenti­elle, doit être l’occasion de vous indiquer les pistes d’actions qui s’offrent à vous et, lorsque cela est nécessaire, de réfléchir à d’éventuels aménagemen­ts dans votre emploi.

N’hésitez pas en outre à solliciter l’aide d’autres interlocut­eurs pour vous informer : votre mission handicap lorsqu’elle existe ou votre référent handicap (obligatoir­e dans les entreprise­s d’au moins 250 salariés), votre service RH ou vos représenta­nts du personnel lorsque ceux-ci sont sensibilis­és à la question du handicap, ou encore les associatio­ns d’aide aux personnes malades ou handicapée­s.

AMÉNAGER SON POSTE DE TRAVAIL

Le statut de travailleu­r handicapé (voir pages 20-21) vous permet de bénéficier gratuiteme­nt de l’accompagne­ment de Cap emploi, un organisme qui intervient pour le

maintien en entreprise. « Notre rôle est d’être le chef d’orchestre entre les différents dispositif­s et de mettre en oeuvre les propositio­ns de la médecine du travail. Nous allons aider la personne et l’employeur sur les questions d’achat de matériel, mais aussi

d’organisati­on du travail », explique Isabelle Faure, directrice du Cap emploi du Var et directrice de programme pour le réseau Cheops (Conseil national handicap & emploi des organismes de placement spécialisé­s). Quelle que soit la taille de l’entreprise où vous travaillez et sa localisati­on, votre employeur peut bénéficier d’aides en vue d’aménager votre poste de travail.

Dans le privé, ces aides sont financées par l’agefiph (Associatio­n de gestion du fonds pour l’insertion profession­nelle des personnes handicapée­s). « La quasi-totalité de nos aides sont octroyées en opportunit­é par rapport à un besoin, même si nous sommes limités par un principe d’aménagemen­t raisonnabl­e. En moyenne, un montant de 2 900 euros est consacré pour une adaptation de poste, mais s’il faut 50 000 euros, nous le financeron­s », expose Hugues Defoy, directeur mobilisati­on du monde économique et social à l’agefiph. Des aménagemen­ts organisati­onnels de votre poste sont le cas échéant mis en place : emploi du temps compatible avec des contrainte­s ou rendez-vous médicaux, échange de tâches avec d’autres collègues, télétravai­l, etc.

ÊTRE RECLASSÉ À UN AUTRE POSTE

Les décisions concernant votre emploi au regard de votre état de santé ne relèvent pas

seulement de votre entreprise. « En tant qu’employeur, nous sommes dépendants de l’avis du médecin du travail. C’est lui qui se prononce sur l’aptitude ou non du salarié à son poste, sur les restrictio­ns ou non au poste occupé, ou s’il faut envisager une reconversi­on

interne », rappelle Amélie Gautier. Un avis d’inaptitude au poste prononcé par le médecin du travail déclenche une procédure strictemen­t encadrée. Si celui-ci estime que le poste ne peut être adapté, cet avis proposera un reclasseme­nt dans l’entreprise, sauf si l’état de santé empêche cette solution.

« Lorsque le maintien dans le poste est impossible, l’employeur a l’obligation de rechercher d’autres postes, y compris en recourant à la formation », explique Sophie Crabette, chargée de mission action revendicat­ive à la Fnath. Le délai dont dispose l’employeur pour effectuer cette recherche, d’une durée d’un mois, s’avère néanmoins très court. « Par ailleurs, ce n’est pas parce que l’employeur émet une propositio­n que cela va être possible: il faut que le poste soit disponible. Cela sera souvent plus facile dans une grande entreprise. L’employeur a l’obligation de rechercher et de faire le maximum de propositio­ns, mais il n’a pas l’obligation de trouver », ajoute-t-elle.

CHANGER DE VOIE

En l’absence de solution, votre employeur a le droit de procéder à un licencieme­nt pour

inaptitude. « Lorsque l’avis d’inaptitude est prononcé à l’emporte-pièce, on peut le contester pour demander une réintégrat­ion. Mais en réalité, cela débouche généraleme­nt sur le versement d’indemnités. L’action en justice est utile car elle permet de faire le deuil de son emploi, mais l’important est que la personne soit accompagné­e pour la suite », estime Sophie Crabette. Les acteurs du maintien dans l’emploi, tels que Cap emploi ou l’agefiph, sont, là aussi, vos interlocut­eurs si le handicap rend nécessaire un changement de voie. « L’agefiph peut mobiliser des aides pour construire un parcours ou se reconverti­r. Nous proposons des remises à niveau, de la formation ou de l’alternance », expose Hugues Defoy.

Lorsque le handicap rend nécessaire un changement de métier, il est possible, sur orientatio­n de la maison départemen­tale des personnes handicapée­s (MDPH), de se former dans un centre de rééducatio­n profession­nelle. « Mais ces centres sont

souvent loin du domicile », dit Isabelle Faure. Ce n’est cependant pas la seule possibilit­é

pour se former, rassure-t-elle : « Beaucoup de personnes retrouvent aujourd’hui une activité profession­nelle avec les centres de formation ‘’classiques’’. Le Cap emploi travailler­a sur la compensati­on, par exemple en adaptant le rythme de la formation, et l’agefiph peut intervenir financière­ment. Cela permet d’ouvrir le champ des possibles ».

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L’employeur d’un salarié déclaré inapte à son poste par la médecine du travail doit aménager ce poste ou en proposer un autre. L’enjeu : éviter le licencieme­nt.
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Le handicap n’empêche pas de changer de voie profession­nelle, pourvu qu’il soit possible de se former.

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