Recherche d’emploi : des pistes spécifiques
En complément des solutions classiques de recherche d’emploi, des dispositifs spécialisés s’adressent aux chômeurs en situation de handicap.
SE RENDRE SUR LES SITES ET FORUMS SPÉCIALISÉS
Forums emploi et handicap, salons en ligne tels que Hello Handicap ou Talents Handicap, Cvthèque du site Agefiph.fr… : de multiples événements et outils permettent de postuler auprès d’entreprises désireuses de recruter des travailleurs handicapés. Ils sont une piste à explorer, mais pas une solution miracle, prévient Stéphane Rivière, fondateur et président de Talentéo. « C’est bien d’y participer, notamment si l’on ne se sent pas à l’aise avec son handicap. Mais si l’on a trop d’attentes, cela peut être aussi déceptif. Quand on se sent prêt, il ne faut pas hésiter à regarder ce qui se passe du côté des salons grand public », estime celui-ci.
POSTULER DANS LA FONCTION PUBLIQUE
Les employeurs publics sont tenus, comme ceux du privé, d’employer un taux d’au moins 6 % de travailleurs handicapés. Pour atteindre cet objectif, des voies spécifiques de
recrutement ont été mises en place. « Il reste possible de postuler de manière classique, par la voie du concours. Les épreuves seront alors, si besoin, aménagées pour compenser le handicap. En parallèle, les travailleurs handicapés ont également la possibilité de
candidater sans concours. S’ils sont pris, ils suivent une période de ‘’stagiairisation’’, renouvelable une fois, à l’issue de laquelle ils pourront être titularisés. C’est une voie intéressante et qui commence à être bien connue et utilisée par les administrations », expose Sophie Crabette, chargée de mission action revendicative à la Fnath.
À noter : une loi d’août 2019 a ouvert la possibilité aux employeurs publics, pour une durée expérimentale de cinq ans, de titulariser les apprentis en situation de handicap à l’issue de leur contrat.
OBTENIR UN EMPLOI AIDÉ
Depuis le 1er janvier 2018, le dispositif des contrats aidés est devenu le parcours emploi compétences (PEC). Destiné à faciliter l’insertion des personnes fragilisées vis-à-vis de l’emploi, le PEC s’adresse notamment aux travailleurs handicapés car leur taux de chômage reste supérieur à la moyenne. « Les contrats PEC peuvent être conclus par les employeurs publics et les associations », précise Sophie Crabette. Leur avantage : proposer un accompagnement renforcé, comprenant parfois de la formation, pour faciliter l’accès à des secteurs ou des métiers qui recrutent. Ces contrats, qui font l’objet d’une convention avec un organisme de l’emploi (Pôle emploi, mission locale, Cap emploi…) sont conclus pour une durée de six mois à cinq ans lorsqu’on est travailleur handicapé. « De plus, les PEC peuvent être prolongés jusqu’à la retraite pour les personnes âgées de 58 ans et plus. Ils sont intéressants pour ceux qui, sans cela, ne retrouveraient pas de travail », ajoute Sophie Crabette.
TRAVAILLER DANS UNE ENTREPRISE ADAPTÉE
Les entreprises adaptées ont la particularité de devoir employer au moins 55 % de travailleurs handicapés dans leurs effectifs. Comme les ESAT (établissements et services d’aide par le travail), elles proposent un accompagnement et un suivi renforcé de leurs collaborateurs. Mais contrairement aux ESAT, il s’agit d’entreprises « ordinaires » qui ne relèvent pas du secteur médico-social et dont les employés ont le même statut et les mêmes droits que les autres salariés. « On peut avoir une vision biaisée du secteur adapté. Mais il est en train d’évoluer et propose des métiers intéressants et
porteurs », indique Hugues Defoy, directeur mobilisation du monde économique et social chez l’agefiph. À côté de leurs activités traditionnelles (telles que les travaux paysagers, la blanchisserie ou l’impression) les entreprises adaptées développent aujourd’hui des services dans les domaines de la communication digitale, de la conception de sites web et de logiciels ou de la sécurité informatique.
À l’instar des autres entreprises, les entreprises adaptées peuvent recruter en CDI
ou en CDD. Jusqu’au 31 décembre 2022, certaines entreprises volontaires peuvent de plus conclure des CDD « tremplin » d’une
durée de deux ans maximum. « Ce sont des CDD avec de la formation, conçus pour être des sas pour basculer vers des emplois pérennes. Ils peuvent constituer des opportunités intéressantes », explique-t-il.
RÉALISER UNE IMMERSION PROFESSIONNELLE
Les immersions professionnelles peuvent être utilisées dans une stratégie de recherche d’emploi ou de reconversion professionnelle. Le dispositif Un jour un métier en action, de l’agefiph, et celui du Duoday, porté par l’état, proposent aux travailleurs handicapés d’effectuer une journée de découverte en
entreprise. « Le Duoday est assez mal perçu par les candidats, qui y voient un côté "adopte ton handicapé". Mais j’ai recueilli de multiples exemples de Duoday qui ont débouché sur des recrutements. À défaut, cette journée présente d’autres avantages, dont celui de pouvoir tester des métiers », expose Stéphane Rivière. Le dispositif de la période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), ouvert à tous les demandeurs d’emploi, est un autre moyen d’effectuer une immersion en entreprise sur un temps plus long (jusqu’à deux mois).
SE LANCER DANS LA CRÉATION D’ENTREPRISE
Créer sa propre activité est également une solution quand on est en recherche d’emploi.
« Ce n’est certainement pas conseillé à tout le monde, que l’on soit ou non en situation de handicap. Mais cela met dans une dynamique très positive et contribue parfois à retrouver un emploi salarié. Il ne faut donc pas hésiter à
se lancer, d’autant que le statut de travailleur indépendant handicapé (TIH) est très
intéressant pour les entreprises », dit Stéphane Rivière. En sous-traitant auprès d’un TIH, les entreprises de 20 salariés et plus peuvent en effet obtenir une déduction de leur contribution financière au titre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH). Le créateur d’entreprise reconnu travailleur handicapé peut également bénéficier d’aides financières et de services de l’agefiph. « Il existe dans chaque département une structure accréditée par l’agefiph pour accompagner les créateurs d’entreprises », ajoute Sophie Crabette. À connaître également : l’association H’up qui accompagne les entrepreneurs en situation de handicap dans toute la France (H-up.fr).