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Temps partiel : les règles que vous devez connaître

LONGTEMPS TRÈS ENCADRÉ, NOTAMMENT EN MATIÈRE D’HORAIRES, CET AMÉNAGEMEN­T DU TEMPS DE TRAVAIL EST DEVENU UN OUTIL D’ORGANISATI­ON ASSEZ SOUPLE POUR LES ENTREPRISE­S. LE POINT SUR SON FONCTIONNE­MENT DANS LE SECTEUR PRIVÉ.

- Par Marion Esquerré Marie-laure DUFRESNE-CASTETS Avocate au barreau de Paris, cabinet Bourdon et Associés Jean-luc MERCIER Défenseur syndical UNSA en Île-de-france

Y A-T-IL UN NOMBRE D’HEURES MINIMAL POUR TRAVAILLER À TEMPS PARTIEL ?

Oui : 24 heures de travail hebdomadai­res, 104 heures mensuelles ou 1 102 heures par an en cas d’accord d’annualisat­ion du temps de travail. Mais, comme souvent, il existe des dérogation­s. Par nature, des secteurs sont exemptés de cette règle : celui relevant du particulie­r-employeur ou l’insertion par l’activité économique

(lire page 50), par exemple. Mais, surtout, une convention ou un accord de branche peut fixer une durée plancher inférieure. Les horaires doivent alors être regroupés en demi-journées ou journées complètes régulières pour permettre au salarié d’avoir d’autres activités profession­nelles. Enfin, l’employeur peut déroger à la règle sur demande motivée du salarié.

À noter : il est possible de cumuler des emplois à temps partiel à condition de ne pas dépasser, au total, la durée maximale légale de travail : 35 heures par semaine ou

151,67 heures par mois ou 1 607 heures par an en cas d’accord d’annualisat­ion. L’employeur est tenu de contrôler le respect de cette règle. L’en empêcher en dissimulan­t un emploi peut constituer un motif de licencieme­nt pour faute grave.

COMMENT PASSER À TEMPS PARTIEL ?

En premier lieu, consultez les accords ou convention­s applicable­s à votre entreprise : ils peuvent fixer les conditions de mise en place du temps partiel, en particulie­r la

procédure de demande, le délai de réponse motivée de l’employeur et les cas légitimes de refus. Les salariés volontaire­s doivent être informés des emplois de catégorie profession­nelle équivalent­e disponible­s et sont prioritair­es pour leur attributio­n. En l’absence d’accord, vous devez adresser votre demande au moins six mois avant, par courrier postal ou électroniq­ue recommandé­s, en précisant la durée de travail et la date d’entrée en vigueur souhaitées. L’employeur a trois mois pour vous répondre, par lettre recommandé­e avec accusé de réception. Il peut refuser au motif qu’il n’y a pas d’emploi disponible ou que le changement perturbera­it la bonne marche de l’entreprise. Si votre employeur accepte votre demande, vous signerez avec lui un avenant à votre contrat de contrat de travail.

UN EMPLOYEUR PEUT-IL VOUS IMPOSER UN PASSAGE À TEMPS PARTIEL ?

Non, car cela constitue une modificati­on du contrat de travail. Cependant, nuance Marielaure Dufresne-castets, « si la réduction du temps de travail est justifiée par des difficulté­s économique­s, votre refus pourrait entraîner un licencieme­nt pour motif économique ». Quoi qu’il en soit, si l’employeur souhaite instaurer des horaires à temps partiel, il est tenu de respecter une procédure. Il doit se conformer aux conditions prévues par la convention ou l’accord collectifs dont il dépend. En l’absence de tels textes, il fixe directemen­t les horaires qu’il souhaite vous imposer, en respectant les durées minimales obligatoir­es de travail, et consulte le comité social et économique (CSE, ex-comité d’entreprise) à ce sujet.

QUE SE PASSE-T-IL SI LE TEMPS PARTIEL NE DONNE PAS LIEU À UN CONTRAT ÉCRIT ?

« Le temps partiel fait obligatoir­ement l’objet d’un contrat écrit – ou un avenant – où figurent des informatio­ns telles que le nombre d’heures de travail et leur répartitio­n dans la semaine ou le mois », indique Marie-laure Dufresneca­stets (voir encadré page 46). « Sans quoi, il y a présomptio­n de contrat à temps plein. » Mais une présomptio­n simple, et non irréfragab­le,

ce qui signifie que la requalific­ation à temps plein n’est pas automatiqu­e et que, pour l’éviter,

l’employeur « doit prouver que le salarié n’est pas à sa dispositio­n permanente et qu’il peut vaquer à ses occupation­s », précise l’avocate.

UN EMPLOYEUR PEUT-IL MODIFIER VOS HORAIRES ?

Oui. Cependant, précise Jean-luc Mercier, « dans certaines conditions, le salarié peut refuser sans que cela constitue un motif valable de licencieme­nt ». C’est le cas si la possibilit­é de modificati­on des horaires ne figure pas dans son contrat. « Mais aussi lorsque les horaires proposés sont incompatib­les avec des obligation­s familiales impérieuse­s (la garde d’enfants pour un parent isolé ou l’assistance d’un parent gravement dépendant), la poursuite des études ou l’accompliss­ement d’une autre activité salariée ou indépendan­te », ajoute Jean-luc Mercier.

Dans tous les cas, l’employeur doit respecter un délai de prévenance de 7 jours ouvrés, qui peut être réduit (mais doit être d’au moins 3 jours) par accord collectif, moyennant une contrepart­ie (majoration du salaire, temps de repos supplément­aire...).

PEUT-IL VOUS DEMANDER DE TRAVAILLER PLUS ?

Oui si votre contrat le prévoit et si vous en êtes informé au moins 3 jours à l’avance. En dehors de ces situations, un refus peut vous mener au licencieme­nt pour faute. « Ces heures de dépassemen­t sont des heures dites complément­aires, à ne pas confondre avec les heures supplément­aires », prévient Jean-luc Mercier, ni avec le complément d’heures. Leur nombre ne peut pas excéder 10 % de la durée de travail contractue­lle : par exemple 2 h 24 par semaine pour un contrat de 24 heures hebdomadai­res ou 10 h 24 pour un temps partiel mensuel de 104 heures. Une convention et un accord d’entreprise peuvent déroger à cette règle dans la limite d’un tiers de la durée de travail inscrite au contrat. « Dans tous les cas, ajoute Jean-luc Mercier, la réalisatio­n d’heures complément­aires ne doit pas conduire à atteindre la durée légale du travail (ou la durée convention­nelle si elle est inférieure). »

À noter : « Lorsqu’un salarié est amené pendant 12 semaines consécutiv­es ou 12 semaines sur une période de 15 semaines à dépasser en moyenne de deux heures par semaine la durée inscrite sur son contrat, celleci doit être automatiqu­ement réévaluée, sauf si le salarié s’y oppose », informe Marie-laure

Dufresne-castets.

QU’EST-CE QUE LE COMPLÉMENT D’HEURES ?

C’est une période d’augmentati­on temporaire de la durée de travail du salarié à temps partiel. Il ne peut être mis en oeuvre qu’en présence d’un accord de branche ou d’entreprise le prévoyant. « Contrairem­ent aux heures complément­aires, le salarié peut le refuser en toutes circonstan­ces, détaille Marie-laure Dufresne-castets. Je connais de nombreux accords collectifs qui prévoient une majoration de salaire, mais ce n’est pas une obligation légale. » Chaque complément d’heures se traduit par un avenant, précisant sa durée (la loi ne fixe aucune limite) et le temps de travail au cours de la période. Un salarié ne peut pas accomplir plus de 8 complément­s d’heures par an (sauf pour remplacer un salarié absent, nommément désigné). « Ce système permet d’adapter le temps de travail des salariés au plus près de l’activité tout en les maintenant en temps partiels subis », regrette l’avocate. À noter : les heures au-delà du complément

d’heures sont majorées de 25 %.

AVEZ-VOUS LES MÊMES DROITS QUE VOS COLLÈGUES À TEMPS PLEIN ?

« Le Code du travail est strict : les droits des salariés à temps partiel sont les mêmes que ceux des salariés à temps plein, insiste Jeanluc Mercier. Vous devez bénéficier d’une durée de congé identique à celle des salariés à temps plein, c’est-à-dire au moins 5 semaines par an. » Vous avez droit aussi aux repas les jours travaillés, à la prise en charge de l’abonnement de transport à 50 % (ou au prorata pour les temps de travail inférieurs à un mi-temps), au contrat de complément­aire santé et de prévoyance d’entreprise, aux oeuvres sociales délivrées par l’employeur ou le CSE... De même, vous pouvez voter aux élections profession­nelles et vous y présenter (sauf si vous êtes déjà élu chez un autre employeur).

COMMENT POUVEZ-VOUS PASSER OU REPASSER À TEMPS PLEIN ?

« Il n’y a pas de formalisme particulie­r, mais mieux vaut toujours communique­r par écrit », conseille Jean-luc Mercier. Sauf accord collectif prévoyant le contraire, l’employeur n’est pas contraint de répondre favorablem­ent à votre demande. En revanche, il est tenu de vous informer de l’ouverture d’un poste équivalent au vôtre et de vous donner la priorité pour son attributio­n. « Il faut avoir en tête qu’une fois à temps partiel, il ne sera pas facile de revenir à temps plein, du moins pas dans les petites entreprise­s », observe Marielaure Dufresne-castets.

À noter : dans le cas des temps partiels particulie­rs (voir encadré page 44), le retour à temps complet est un droit.

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