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Quelle voiture hybride choisir ?

REPRÉSENTA­NT DÉSORMAIS 14% DES VENTES, LES VOITURES HYBRIDES, CONVENTION­NELLES OU RECHARGEAB­LES, ONT LA COTE. ELLES DEVRAIENT AUSSI LA TENIR À LA REVENTE… ALORS, FAUT-IL SE CONVERTIR ?

- Par Jean Savary

E n 1997, une vilaine petite auto débarquait sur le marché : la Toyota Prius, première du nom, inaugurait un nouveau type de motorisati­on mixte, thermique et électrique. Une idée vieille d’un siècle, mais la Prius y ajoutait la transforma­tion de l’énergie perdue au freinage en… électricit­é.

Cette technologi­e pèse aujourd’hui 14% des ventes en France (dont 4% d’hybrides rechargeab­les), contre 6 % de voitures électrique­s. Et ce n’est qu’un début, car, coincés entre les seuils d’émission de C02 européens, les malus nationaux et le peu d’appétit des acheteurs pour la voiture électrique, les constructe­urs y auront de plus en plus recours. « D’ici à 2030, voire avant, l’hybride représente­ra la moitié des ventes», prophétise Pierre Guignot, directeur de la division auto chez Honda France.

➲ COMMENT ÇA MARCHE ?

Un moteur électrique alimenté par une batterie de forte puissance assiste ou remplace le moteur thermique au démarrage et à l’accélérati­on, moments où il consomme et pollue le plus. Quand on lève le pied ou en descente, ce moteur, ou un autre plus petit, se fait générateur et transforme l’énergie cinétique de l’auto en électricit­é

pour recharger la batterie. Cette recharge est intensifié­e quand on freine modérément, les disques de frein n’étant sollicités que lors de forts freinages. Pour le conducteur, le système se présente comme une boîte automatiqu­e.

« Le rendement énergétiqu­e d’un moteur thermique, c’est-à-dire le rapport entre l’énergie introduite dans le réservoir et celle délivrée aux roues, n’est que d’environ 30 %. Le reste est gaspillé en chaleur, notamment par le freinage, explique Bertrand-olivier Ducreux, ingénieur transports et mobilité à l’ademe. Le principe de l’hybride, c’est de récupérer une partie de cette énergie perdue pour faire avancer le véhicule. »

La gestion électroniq­ue d’une hybride optimise également la consommati­on du moteur

thermique. « Par exemple, si pour rouler à 50 km/h, la voiture n’a besoin que de dix chevaux, puissance où le rendement est médiocre, elle va en faire produire trente au moteur pour qu’il tourne à son régime optimal et convertira l’excédent de puissance en électricit­é. Et quand la batterie est pleine, le moteur électrique la vide en se substituan­t au moteur thermique », complète Bertrandol­ivier Ducreux.

➲ QUELLES ÉCONOMIES ?

Les écarts de consommati­on entre véhicules hybrides et thermiques sont plus importants dans la réalité que sur les fiches techniques. En ville, la différence est de 30 à 50 %, comparé à un moteur essence équivalent et de 20 à 30 % avec un diesel. Sur route, le gain est moindre et sur autoroute, un diesel fait jeu égal, voire un peu mieux.

Côté prix d’achat, une familiale hybride, comme la Hyundai Ioniq ou la Toyota Corolla, se vend au tarif d’une concurrent­e diesel de même puissance. Mais face aux citadines de notre tableau (voir page 69), les diesels équivalent­s ont disparu ou été remplacés par des modèles plus modestes. Rare comparaiso­n possible, la Clio E-tech vaut

1 100 euros de plus que la Clio essence

TCE 130 EDC, un montant vite amorti. Mais comparé aux versions de base, le surcoût est trop important pour être rentabilis­é. En attendant des versions plus basiques, l’hybride n’est donc pas le meilleur choix économique mais un bon moyen de concilier agrément et sobriété. Autre économie à ne pas négliger, une hybride est à la fois moins chère à l’entretien (pneus et plaquettes de frein, embrayage) et beaucoup plus fiable qu’un diesel.

➲ POUR QUELS USAGES ?

Elle convient à tous les trajets où l’on alterne accélérati­ons et décélérati­ons, donc sur route de campagne et a fortiori de montagne, mais d’abord en ville et dans les bouchons. « En conduite urbaine, une Clio E-tech, consomme 40 % de moins que son équivalent essence et 20 % de moins que la diesel, commente

Grégoire Ginet, directeur marketing motorisati­ons chez Renault, car son moteur essence est coupé pendant 80 % du temps. »

Comme une voiture à boîte automatiqu­e, une hybride incite à une conduite souple, ce qui participe aussi à l’économie de carburant. S’y ajoute le silence en mode électrique et aussi un aspect ludique avec l’affichage au tableau de bord des flux d’énergie entre moteurs, batterie et roues. Sans oublier les performanc­es : le cumul des moteurs thermique et électrique donne des puissances de GTI. La plupart des hybrides passent de 0 à 100 km/h en moins de 10 secondes et offrent d’excellente­s reprises.

➲ QUELS SYSTÈMES ?

➲ Toyota et Lexus. Le système repose sur un différenti­el, nommé train épicycloïd­al, qui permet à tout véhicule d’avoir la roue motrice intérieure au virage tournant moins vite que la roue extérieure. « Là, le système ne répartit pas la puissance entre roues droite et gauche, mais entre moteurs essence et électrique. » explique Roland Gourdin, référent technique expert chez Toyota France.

➲ Honda. Un puissant moteur électrique assure l’essentiel de la propulsion, un autre sert de générateur, entraîné par le moteur essence qui fait office de groupe électrogèn­e. « Il n’embraye en prise directe sur les roues qu’au-delà de 80 ou 90 km/h, et sans lien à une boîte de vitesses, donc sans perte mécanique, précise Christophe Lefèvre, ingénieur chez Honda France. Techniquem­ent, c’est une voiture électrique rechargée par un moteur thermique. »

➲ Renault. Le système, mis au point par Renault F1, repose sur un classique moteur essence associé à une petite boîte de vitesses de type moto, dépourvue de synchronis­eurs, d’embrayage et… de marche arrière. Des fonctions assurées par un petit moteur électrique qui pilote les changement­s de rapports et inverse son sens de rotation pour reculer. Un autre moteur plus gros assure l’essentiel de la propulsion électrique et la récupérati­on d’énergie. « Les pertes mécaniques sont réduites car il n’y a aucun glissement à l’accélérati­on ni à la décélérati­on, commente Grégoire Ginet, et la puissance de la batterie et des moteurs permet un fonctionne­ment électrique très fréquent. » ➲ Hyundai/kia, Peugeot, Citroën et Volkswagen/audi. Un moteur électrique est intercalé entre l’embrayage d’une classique boîte de vitesses robotisée et un moteur essence. Le moteur électrique entraîne donc la boîte de vitesses, nuisant au rendement.

Chez Hyundai, cette hybridatio­n rustique est améliorée par un moteur à cycle Atkinson moins gourmand, par une batterie plus grosse qui maximise le fonctionne­ment électrique. Sans oublier l’aérodynami­que record de la Ioniq. Chez PSA et Volkswagen, on a plutôt fait le pari de l’hybride rechargeab­le qui, par son roulage électrique, abaisse la consommati­on moyenne et dont les tarifs et les puissances très élevés (225 ou 300 chevaux pour la Peugeot 3008 !) dissuadent toute comparaiso­n rationnell­e.

➲ QUELLES AIDES ?

Les hybrides n’ont plus droit au bonus, mais grâce à leur sobriété, elles échappent au malus sur les émissions de CO2 qui pénalisera, en juin 2021, la plupart des thermiques. Elles sont en revanche éligibles à la prime à la conversion de 3 000 euros, dont ne bénéficier­ont plus en juin les voitures diesel neuves, ni les voitures essence antérieure­s à janvier 2011.

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