François Kalaydjian
Directeur économie et veille à L’IFP Énergies nouvelles
Ne négligeons pas les autres hydrogènes décarbonés
\\ Partir bille en tête vers de l’hydrogène vert n’est pas forcément la meilleure façon de développer une nouvelle filière permettant de produire un hydrogène décarboné à un coût accessible. L’importance des investissements à réaliser pour fabriquer des électrolyseurs de grande taille suppose de disposer d’une électricité à un prix intéressant. Ce qui implique dans un premier temps de poursuivre les progrès dans le secteur des énergies renouvelables. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, nous devons mettre en oeuvre toutes les solutions à notre disposition. Un hydrogène décarboné peut être obtenu par électrolyse de l’eau adossée à des sources de production d’électricité renouvelable (c’est l’hydrogène vert) pour
5 à 10 euros le kilo, mais aussi, pour l’hydrogène gris, par électrolyse adossée à de l’électricité issue de centrales nucléaires (autour de 5 euros le kilo), ou via des énergies fossiles dont le CO2 est capté pour être stocké ou réutilisé (moins de 3 euros le kilo). Autant de procédés qui permettront de fournir une énergie décarbonée aux secteurs de la sidérurgie, de la cimenterie ou de la raffinerie, très gourmands en énergie. La décarbonation du secteur ferroviaire est aussi une cible : en France, près de la moitié des lignes ne sont pas électrifiées et de nombreux trains roulent encore au diesel. //