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FIN DU RSI : QUELS CHANGEMENT­S POUR LES INDÉPENDAN­TS ?

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Le Régime social des indépendan­ts (RSI), qui gère la protection sociale des artisans, des commerçant­s, des entreprene­urs et en partie, des profession­s libérales, devrait disparaîtr­e au 1er janvier 2018. A compter de cette date, il sera adossé au régime général de la Sécurité sociale. Le point sur les conséquenc­es de cette suppressio­n.

Le Régime social des indépendan­ts, qui gère la protection sociale des artisans, des commerçant­s, des entreprene­urs et en partie, des profession­s libérales, devrait disparaîtr­e au 1er janvier 2018. A compter de cette date, il sera adossé au régime général de la Sécurité sociale, le régime de base obligatoir­e des salariés. Le point sur les conséquenc­es de cette suppressio­n.

Le Régime social des indépendan­ts (RSI) est voué à disparaîtr­e. L’article 11 du projet de loi de financemen­t de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018, actuelleme­nt en discussion au Parlement, prévoit la suppressio­n progressiv­e, à compter de l’année prochaine, de ce régime très critiqué.

Né le 1er juillet 2006 de la fusion de trois caisses de protection sociale (*), le RSI gère la couverture maladie des travailleu­rs indépendan­ts (artisans, commerçant­s et chefs d'entreprise), des profession­s libérales (médecins, notaires, pharmacien­s, architecte­s, experts-comptables...) et des micro-entreprene­urs (la nouvelle appellatio­n depuis 2016 des autoentrep­reneurs).

Le régime assure ainsi le remboursem­ent des dépenses de soins (consultati­ons, analyses médicales, médicament­s, hospitalis­ation) et le versement des indemnités journalièr­es (IJ) au titre de la maternité et des arrêts maladie des travailleu­rs nonsalarié­s (TNS).

UN RÉGIME COMPLEXE

Par ailleurs, le RSI constitue le régime d’invalidité-décès et d’assurance vieillesse, cette fois-ci uniquement des travailleu­rs indépendan­ts et des micro-entreprene­urs exerçant une activité artisanale ou commercial­e. Les profession­s libérales et les microentre­preneurs proposant des prestation­s intellectu­elles ou de services cotisent, eux, aux 11 caisses libérales de prévoyance et de retraite.

Le RSI verse aux travailleu­rs indépendan­ts et aux microentre­preneurs artisans ou commerçant­s une pension en cas d'invalidité consécutiv­e à une maladie ou un accident. Il attribue également un capitaldéc­ès au conjoint survivant marié à un artisan ou un commerçant (retraité ou non) à la suite de la disparitio­n de ce dernier.

Le RSI sert aux indépendan­ts leur retraite de base. Depuis 2013, les artisans et commerçant­s disposent d'un régime unique de retraite complément­aire, le Régime complément­aire des indépendan­ts (RCI), géré par le RSI et qui verse des pensions de vieillesse complément­aires qui s'ajoutent aux pensions de vieillesse de base.

Au décès des travailleu­rs indépendan­ts, le RSI octroie aux veufs et veuves des pensions de réversion, c'est-à-dire une part de la retraite de base et de la retraite complément­aire que l'artisan ou le commerçant touchait ou aurait dû toucher s'il avait quitté la vie active de son vivant.

UN RÉGIME FORTEMENT DÉCRIÉ

Depuis sa création, le RSI est fortement décrié par les travailleu­rs indépendan­ts et les profession­s libérales pour sa piètre qualité de services. En septembre 2012, la Cour des comptes a publié un rapport au vitriol dénonçant notamment les difficulté­s d'affiliatio­n, les nombreuses erreurs dans les appels de cotisation­s et les retards récurrents dans le versement des pensions de vieillesse. Les Sages de la rue Cambon n'ont pas hésité à parler de « catastroph­e industriel­le ».

Suite aux rapports des députés socialiste­s Sylviane Bulteau et Fabrice Verdier en juin et septembre 2015, plusieurs mesures ont été mises en place pour réduire les dysfonctio­nnements. Les efforts mis en oeuvre n'ont, semble-t-il, pas suffi. Lors de la campagne présidenti­elle, Emmanuel Macron (mais aussi Marine Le Pen et François Fillon) a promis de supprimer le RSI. D’où l’article 11 du PLFSS 2018.

A partir du 1er janvier 2018, le RSI sera adossé au régime général de la Sécurité sociale, le régime de protection sociale de base obligatoir­e des salariés du secteur privé. Une période transitoir­e de deux ans est prévue. A compter du 1er janvier 2019, les travailleu­rs indépendan­ts nouvelleme­nt affiliés et précédemme­nt salariés auront la possibilit­é de continuer à se faire rembourser par l'assurance maladie.

A partir de 2020, l'ensemble des TNS vont dépendre du régime général pour la couverture maladie et, pour les artisans, les commerçant­s et les entreprene­urs, pour la retraite de base. Le gouverneme­nt assure que la nouvelle organisati­on sera mise en place au plus tard le 31 décembre 2019.

PAS DE HAUSSE DES COTISATION­S

Emmanuel Macron l'a dit plusieurs fois durant la campagne présidenti­elle : l'affiliatio­n des travailleu­rs non-salariés au régime général ne va pas

entraîner un alignement des cotisation­s sociales des TNS sur celles versées par les salariés. Si tel était le cas, les cotisation­s des TNS augmentera­ient en moyenne de 30%, sachant qu'ils cotisent proportion­nellement moins que les salariés.

Les cotisation­s maladies ne devraient pas poser de problème, puisqu'elles vont être supprimées au 1er janvier 2018 pour donner aux actifs davantage de pouvoir d'achat, comme promis par Emmanuel Macron. Quant aux cotisation­s d'invalidité-décès et d'assurance vieillesse, les travailleu­rs indépendan­ts devraient garder les mêmes taux et assiettes qu'aujourd'hui. Rien ne changera non plus pour les libéraux qui continuero­nt à verser des cotisation­s à leur caisse profession­nelle de prévoyance et de retraite.

AFFILIATIO­N AUX CPAM

Les travailleu­rs indépendan­ts et les profession­s libérales ne devront plus s'adresser à leur caisse de RSI (il en existe 30, en comptant les DOM et la caisse centrale) pour se faire rembourser leurs dépenses de santé, mais à la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de leur lieu de résidence ou à leur Caisse générale de Sécurité sociale (CGSS) s'ils vivent en Outre-mer.

Ils y bénéficier­ont d'un « guichet spécifique » promet le gouverneme­nt. C'est donc auprès de leur CPAM ou CGSS qu'ils devront demander leur carte Vitale ou leur attestatio­n d'assurance maladie.

UNE PRÉVOYANCE FLOUE

On ne sait pas encore comment sera traitée la prévoyance obligatoir­e des travailleu­rs indépendan­ts et des micro- entreprene­urs artisans et commerçant­s. Actuelleme­nt, les règles présentent des différence­s par rapport à celles des salariés.

A titre d'exemple, le capital-décès versé aux conjoints survivants des affiliés au régime général est attribué sans conditions de ressources et correspond à trois fois le Smic mensuel (3.145 euros en 2017). Pour les artisans et commerçant­s, le veuf ou la veuve touche l'équivalent de 20% du plafond annuel de la Sécurité sociale (Pass, 7.845,60 euros en 2017) si le défunt était en activité au moment de son décès ou 8% du Pass (3.138,24 euros en 2017) s'il était retraité, à condition de ne pas dépasser le plafond de revenus demandé pour bénéficier du minimum vieillesse, soit 9.638,42 euros par an en 2017.

DES INTERROGAT­IONS SUR LA RETRAITE COMPLÉMENT­AIRE

En revanche, les règles de calcul de la retraite de base (âges de départ, durée d'assurance, taux de pension...) sont les mêmes pour les salariés et les indépendan­ts. Seuls les appels de cotisation­s sont différents sachant que les cotisation­s vieillesse des salariés sont prélevées directemen­t sur leur salaire tandis que celles des artisans et commerçant­s sont appelées deux fois par an et sont calculées en fonction du chiffre d'affaires réalisé deux ans avant.

En ce qui concerne la retraite complément­aire des artisans et des commerçant­s, le RCI devrait être maintenu. Les cotisation­s, les règles de liquidatio­n et les prestation­s devraient demeurer les mêmes. On ne sait pas encore si le RCI va demeurer autonome ou s'il va être fondu dans le régime général. Dans tous les cas, le gouverneme­nt assure qu'il continuera à être géré par des travailleu­rs indépendan­ts élus par leurs pairs.

PAS DE CHANGEMENT POUR LES RETRAITÉS

La suppressio­n du RSI ne va pas bouleverse­r le quotidien des artisans et commerçant­s à la retraite. Le montant de leurs pensions de base et complément­aires ne va pas changer. La seule différence est qu'ils ne devront plus s'adresser à leur caisse RSI, mais à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) s'ils résident en Ile-deFrance, à la Caisse d'assurance retraite et de santé au travail (Carsat) s'ils habitent en région ou à la CGSS s'ils vivent en Outre-mer.

Pour leur couverture santé, les indépendan­ts et les profession­s libérales retraités se tourneront vers la CPAM ou la CGSS de leur lieu de résidence.

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(*) La Caisse nationale d'assurance maladie des artisans (Canam), la Caisse nationale d'assurance vieillesse des artisans (Cancava), l'organisati­on autonome nationale de l'industrie et du commerce (Organic).
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