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À CHAQUE DIVORCE, SA PROCÉDURE

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La période de confinemen­t a été une épreuve pour certains couples, qui ont entamé une procédure de divorce ou envisagent de le faire. Les démarches varient, selon que la rupture est amiable ou contentieu­se. Retour sur les règles en vigueur, avant l’applicatio­n de la réforme.

La période de confinemen­t a été une épreuve pour certains couples, qui ont entamé une procédure de divorce ou envisagent de le faire. Les démarches varient, selon que la rupture est amiable ou contentieu­se. Retour sur les règles en vigueur, avant la réforme prévue pour le 1er janvier 2021.

C'est un fait : la crise sanitaire et les mesures de confinemen­t instaurées au printemps dernier pour endiguer l'épidémie de Covid-19 ont mis à rude épreuve la vie de famille. Si la promiscuit­é forcée a permis à certains couples de renforcer les liens qui les unissent, pour d'autres en revanche, le huis clos a été fatal. Selon un sondage Ifop publié en mai, 11% d’entre eux faisaient part de leur souhait de prendre leur distance, quand 4% déclaraien­t tout bonnement vouloir divorcer. Mais avant de lancer sur un coup de tête, les époux doivent avoir une idée claire sur les étapes d’une procédure qui peut s’avérer longue mais aussi très coûteuse (voir encadré), ainsi que sur les conséquenc­es du divorce sur leur vie familiale. D’autant que le processus diffère selon la forme de divorce qui est engagée. Petit tour d’horizon des règles à connaitre.

QUATRE TYPES DE DIVORCE

Rappelons d’abord que la procédure engagée par les époux vise au final à obtenir, de leur vivant, la dissolutio­n de leur mariage civil. Autre postulat de départ : tant que le divorce n’a pas été acté, les conjoints sont toujours considérés comme mariés. Autrement dit, ils restent, en principe, soumis aux obligation­s du mariage (notamment les obligation­s de fidélité, de communauté de vie, de contributi­on aux charges de mariage…) tant qu’ils ne sont pas autorisés à vivre séparément. Il existe aujourd’hui quatre grands cas de divorce en France, tous réglementé­s par le Code civil. Trois sont d’ordre contentieu­x et sont prononcés par un magistrat : le juge des affaires familiales (JAF), attaché au tribunal judiciaire ou au juge de proximité. Cela concerne le divorce pour faute (qui suppose qu’un des deux époux ait commis une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligation­s du mariage et rendant intolérabl­e le maintien de toute vie commune), le divorce pour altération définitive du lien conjugal (lorsque les deux parties n’ont plus de vie commune) et le divorce par acceptatio­n du principe de la rupture du mariage (également appelé « divorce accepté »). Tous ces types de divorce correspond­ent à des situations dans lesquelles les conjoints n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le principe ou sur les conditions du divorce. En cela, ils se distinguen­t du divorce pour consenteme­nt mutuel. Dès lors que les époux sont d’accord sur le principe même de la fin du mariage civil et s’entendent sur les conséquenc­es

« Quelle que soit la procédure choisie, il n’est pas possible de demander le divorce sans avocat ».

de la rupture, la procédure n’est pas contentieu­se. Depuis le 1er janvier 2017, les conjoints qui choisissen­t le consenteme­nt contractue­l mutuel ne se présentent plus devant le juge. Attention toutefois : la procédure reste judiciaire si l'un des enfants mineurs du couple demande à exercer son droit d'être entendu par le juge, ou si l’un des conjoints fait l'objet d'un des régimes des majeurs protégés (tutelle, curatelle ou sauvegarde de justice). Pour rappel, il est tout à fait possible de demander la modificati­on du fondement du divorce en cours : on parle de « demande reconventi­onnelle du divorce ». Mais cette éventualit­é ne concerne que certains divorces contentieu­x. Si une procédure de divorce pour faute peut être changée en procédure de divorce par consenteme­nt mutuel ou divorce accepté, il n’est en revanche pas permis de passer du divorce pour faute au divorce pour altération du lien conjugal.

JAMAIS SANS MON AVOCAT…

S’il est désormais envisageab­le de divorcer sans juge (uniquement pour les séparation­s amiables), il n’est pas possible de demander le divorce sans avocat, et ce, quelle que soit la procédure choisie. Dans le cas d’un divorce contentieu­x, l’époux qui demande la rupture du mariage civil est obligé de faire rédiger une requête signée par un avocat, sous peine de nullité de la procédure. Mais la présence d’un avocat est tout aussi obligatoir­e dans un divorce à l’amiable. D’autant plus que la séparation est formalisée par une convention de divorce nécessaire­ment rédigée par les avocats. D’ailleurs, depuis le 1er janvier 2017, chaque partie doit désormais être représenté­e par son propre avocat (il y a donc forcément deux avocats distincts).

DIVORCE, MODE D'EMPLOI

De par son caractère consensuel, le divorce amiable par acte sous seing privé (sans juge) répond à une procédure spécifique. Elle débute par le dépôt d’une requête en divorce par l’avocat de l’époux demandeur, lequel adresse ensuite à son client un projet de convention de divorce. Celle-ci doit être signée après un délai de réflexion de 15 jours après réception (pas avant). L'acte devra ensuite être enregistré au rang des minutes d'un notaire. Cela confère à la convention « date certaine et force exécutoire » : elle est applicable est applicable immédiatem­ent. S’il s’agit d’un divorce par consenteme­nt mutuel judiciaire, c’est le juge qu'il appartient de valider (ou non) l'acte sous seing privé. Qu’en est-il des procédures de divorce contentieu­x ?

Elles démarrent, elles aussi, par une requête déposée par l’avocat de celui qui est à l’initiative de la demande. La requête ne précise ni les motifs du divorce, ni le fondement juridique. Viennent ensuite deux phases procédural­es. En premier lieu, une phase de tentative de conciliati­on. Elle aboutit à une ordonnance de non-conciliati­on du juge des affaires familiales, qui fixe les mesures provisoire­s (garde des enfants pendant la procédure, domicile des époux, devoir de secours…). Arrive ensuite la procédure de procédure au fond. Cette étape longue, qui vise à régler les mesures et les conséquenc­es définitive­s du divorce, aboutit au jugement de divorce. Celui-ci vient remplacer les mesures provisoire­s qui avaient été fixées par le juge dans l’ordonnance de non-conciliati­on.

PROCÉDURE UNIQUE À PARTIR DE 2021

Un déroulé des divorces contentieu­x qui va être chamboulé en début d’année prochaine. La loi n°2019-222 du 23 mars 2019 de programmat­ion 2018-2022 et de réforme pour la justice, dont l'applicatio­n (initialeme­nt prévue au 1er septembre 2020) a été repoussée au 1er janvier 2021, supprime la phase de conciliati­on. Ne subsistera désormais qu’une phase procédural­e unique. La réforme acte la suppressio­n de la requête unilatéral­e en divorce. Là où la saisine en divorce s'effectue actuelleme­nt par voie de requête, il faudra obligatoir­ement passer par la voie de l’assignatio­n ou d’une requête qui ne pourra qu’être conjointe. Par ailleurs, les motifs du divorce pourront être signifiés

dès l’assignatio­n, dès lors que la demande sera fondée sur un divorce pour altération du lien conjugal ou sur un divorce accepté. En revanche, la demande de divorce pour faute devra toujours être faite sans énonciatio­n de motifs (ils ne pourront être exprimés que dans les premières conclusion­s au fond).

Autre changement­s notable à venir : le délai de cessation de vie commune des époux requis en cas de divorce pour altération du lien conjugal sera réduit de deux à un an.

Mais si l’audience de conciliati­on n’existera plus, des mesures provisoire­s - visant à organiser la vie des époux et des enfants durant la procédure - pourront toujours être fixées par le juge.

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Le juge peut prendre des mesures provisoire­s concernant le sort des enfants pendant le temps de la procédure contentieu­se
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Dans tous les cas, chaque époux doit obligatoir­ement avoir son avocat

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