« Un standard vers lequel la gestion d’actifs doit converger »
Anne-claire Impériale, responsable adjointe de la recherche ESG de Sycomore AM
Comment L’ISR influe-t-il sur la gestion d’un fonds ?
Un bon gérant de fonds en 2021 se doit de prendre en compte les sujets sociaux, environnementaux et de bonne gouvernance des entreprises dans ses décisions d’investissement, en plus de leurs fondamentaux économiques et de leurs performances financières. L’intégration de ces critères extra-financiers dans le processus d’investissement d’une société de gestion est notamment un moyen d’éviter les conséquences d’une controverse sur un cours de Bourse : l’exemple récent des difficultés rencontrées par Renault a montré toute l’importance de disposer de contrepouvoirs au sein de la gouvernance d’une entreprise.
Comment être certain que le gérant est réellement engagé dans une démarche responsable ?
L’épargnant, ou son conseiller, doit mener ses propres investigations. Est-ce que le prospectus du fonds intègre et décrit les critères ESG dans son processus d’investissement, en plus de l’objectif de surperformance financière ? La transparence et la pédagogie dont la société de gestion fait preuve sur le sujet dans ses reportings annuels et au niveau de chacun de ses fonds, sont des signes évocateurs. Visiter son site Internet permet en plus de s’assurer que sa démarche est sincère, que ses pratiques en tant qu’entreprise sont cohérentes avec sa stratégie d’investissement.
Cela permet-il d’éviter des titres de sociétés qui ont mauvaise presse ?
Il est nécessaire de vérifier qu’une politique d’exclusion est mise en oeuvre et, si oui, selon quels critères, afin de s’assurer que sa politique d’investissement est en adéquation avec les valeurs auxquelles l’épargnant est attaché. Pour ce faire, il faut trouver la liste des entreprises présentes dans le portefeuille de chaque fonds, information de plus en plus souvent publiée.
N’y a-t-il pas plus simple ?
Le recours à des fonds thématiques, par exemple sur les énergies renouvelables ou le bien-être au travail, est certainement plus lisible et plus simple pour mettre l’allocation de l’épargne en cohérence avec les aspirations de chacun. Il faut veiller à ce que ces fonds disposent du label ISR.
Peut-on faire se fier aux labels ?
Le label ISR repose avant tout sur un engagement de moyens. Mais le nouveau cahier des charges entré en application le 23 octobre dernier impose aux sociétés de gestion de s’engager sur l’atteinte d’objectifs de surperformance sur au moins deux indicateurs ESG, par rapport à un panier de référence. On peut aussi rappeler que le label ISR suppose l’élimination de 20% de l’univers d’investissement du gérant et l’absence d’utilisation systématique de produits complexes comme certains produits dérivés. On peut donc considérer le label ISR comme un standard minimum auquel l’ensemble de l’industrie de la gestion d’actifs devra se conformer, dans un monde qui exige une transformation de toute notre économie. Pour les épargnants les plus soucieux de la vertu environnementale de leurs investissements, mieux vaut privilégier le label Greenfin.