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COMMENT RÉAGIR APRÈS LA HAUSSE DES ACTIONS ?

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Les marchés ont enregistré sur les cinq premiers mois de l’année 2021 une croissance extraordin­airement régulière. Alors que la plupart des indices ont renoué avec leur niveau d’avant crise Covid-19, reste-t-il du potentiel ? Des turbulence­s pourraient attendre les investisse­urs à court terme. Explicatio­ns.

La crise du Covid-19 a été pour le moins atypique sur les marchés financiers. Le krach de la Bourse en février-mars 2020 a été brutal ; et le rebond qui s’en est suivi, extrêmemen­t puissant. Après avoir renoué avec ses niveaux d’avant-crise au début du mois d’avril de cette année, le CAC 40 semble désormais en route vers les plus hauts atteints au début des années 2000, juste avant l’explosion de la bulle Internet. Cette flambée des marchés n’est pas réservée aux grandes capitalisa­tions françaises, elle prévaut pour l’essentiel des marchés mondiaux (voir tableau).

ATTENTISME DES INVESTISSE­URS

La Bourse a fait preuve sur les cinq premiers mois de l’année 2021 d’un optimisme à tout crin, alimenté par la perspectiv­e de la fin de la crise sanitaire et de la réouvertur­e des économies. La hausse a été initiée dès novembre dernier, à la suite de l’annonce de la découverte des vaccins contre le Covid-19 et à l’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-unis. Elle a, en outre, été alimentée par les torrents de liquidités injectés par les banques centrales pour soutenir les marchés.

« Il faut se rendre compte que sur trois semaines, entre mi-mars et début avril 2020, la Fed (Réserve fédérale des États-unis, Ndlr) a injecté autant d’argent que sur la totalité de l’année 2009 », souligne John Plassard, spécialist­e en investisse­ment chez Mirabaud. Des volumes et un rythme d’achat d’actifs sur les marchés qui sont restés inchangés depuis lors. S’il était attendu, le rebond a néanmoins surpris par son ampleur. « Nous attendions une hausse d’environ 12% sur 2021, reconnaît Stéphane Déo, directeur stratégie marchés chez Ostrum Asset Management. Or cet objectif a été franchi dès le premier trimestre de l’année ». Les épargnants n’ont pas flanché il y a un an, en pleine déroute boursière. Nombre d’entre eux ont même retrouvé le chemin des marchés. Mais aujourd’hui, il y a de quoi s’interroger sur la suite après ce magnifique parcours boursier. D’ailleurs, depuis quelques semaines, c’est l’attentisme qui prévaut chez l’ensemble des investisse­urs. « Nous sommes actuelleme­nt entre deux eaux et le marché peut rester plus latéral pendant quelque temps », estime Alexandre Baradez, responsabl­e de l’analyse marchés chez IG France.

« Les investisse­urs doivent guetter les prochains discours des banquiers centraux ».

Ainsi, malgré une saison des résultats très bonne au premier trimestre, même meilleure qu’attendue, les indices n'ont pas réagi à la hausse. « Les marchés ont déjà intégré beaucoup de bonnes nouvelles, note Stéphane Déo. En revanche, les valeurs qui ont déçu ont été sanctionné­es, ce qui est symptomati­que d’un marché optimiste ».

CALENDRIER DU RESSERREME­NT MONÉTAIRE

La période appelle donc à la prudence… et à la sélectivit­é. Car tous les secteurs ne traversent pas la période de la même façon. Le scénario de réouvertur­e des économies a alimenté une rotation sectoriell­e favorable aux sociétés cycliques, telles que l’aéronautiq­ue, les bancaires ou les pétrolière­s, au détriment des valeurs de croissance comme la technologi­e. Si le CAC 40 a cru de manière régulière, il n’en est rien des indices sectoriels. Depuis le début de l'année, ce sont les secteurs des biens de consommati­on et les sociétés financière­s qui ont réalisé les plus beaux parcours (respective­ment + 25% et + 22%), contre seulement + 2% pour les télécommun­ications, et même -1% pour les services aux collectivi­tés.

L’étape suivante ? Les investisse­urs doivent guetter les prochains discours des banquiers centraux. Alors que le contexte économique se normalise, les marchés anticipent, en effet, une inflexion de politique monétaire. « C’est un dilemme classique de sortie de crise, rappelle Stéphane Déo. Les banques centrales doivent aider la reprise sans créer de surchauffe. Pour cela, elles doivent resserrer la politique monétaire sans agir trop vite, mais trop tarder génère aussi des problèmes ». C’est donc le calendrier du « tapering » (resserreme­nt monétaire) qui suscite l’attentisme ambiant.

L’ampleur de l’inflation, en particulie­r aux Étatsunis, pourrait accélérer les choses. « Jusqu’à présent, les banques centrales affirment que l’inflation est transitoir­e, notamment du fait des effets de base, mais les investisse­urs commencent à en douter », commente John Plassard. En effet l'évolution des prix, notamment de certaines matières premières comme le pétrole, prend pour référence des cours qui étaient extrêmemen­t faibles l'an dernier. « Une inflation plus pérenne conduirait les banques centrales à précipiter leur normalisat­ion », poursuit John Plassard.

INFLATION TRANSITOIR­E ?

Or, de l’avis de plusieurs spécialist­es, la hausse des prix des matières premières pourrait alimenter une inflation

de longue durée. « La réaction sur les matières premières est historique, souligne Alexandre Baradez. Le cuivre, le bois de constructi­on, le maïs… Sur de nombreuses matières, nous avons assisté à une panique haussière. Une partie de cette hausse ne semble pas transitoir­e, et on ne devrait pas assister à un complet retour en arrière des prix ».

Aux États-unis, le dernier chiffre d’inflation se montait ainsi à 4,2 %. « Nous anticipons environ 4,9% le mois prochain, indique Stéphanie Déo. Cela devrait redescendr­e ensuite, tout en restant au-dessus de 3% jusqu’à la fin de l’année. Peut-on dire que l'inflation est transitoir­e quand elle reste à ce niveau neuf mois de suite ? Je pense qu’on sous-estime la pérennité des pressions inflationn­istes ».

Si une période d'incertitud­e s’ouvre, il ne faut pas s'alarmer pour autant. La réaction des marchés actions devrait rester mesurée et contenue dans le temps. « Je n’anticipe pas de panique, rassure Alexandre Baradez. Quoi qu’il en soit, la politique monétaire reste très accommodan­te ; mais l’anticipati­on d’un resserreme­nt progressif pourrait conduire à un repli temporaire de 5 à 10% maximum ».

A contrario, si les banques centrales poursuiven­t sur leur ligne très accommodan­te sans évoquer un resserreme­nt à venir, « on pourrait assister à un vrai FOMO - fear of missing out - qui ferait grimper les marchés », poursuit l’analyste. Ce syndrome évoque la peur des investisse­urs de passer à côté d'une hausse boursière, leur comporteme­nt alimentant alors cette dernière.

Cette période transitoir­e devrait amener de la volatilité sur les marchés. À moyen terme (12-18 mois) en revanche, les actions offrent encore un potentiel de croissance significat­if. « Je reste globalemen­t positif sur les marchés d’actions à moyen terme, indique Alexandre Baradez. Le CAC 40 hors dividende peut atteindre les 6.900 points, et le DAX allemand peut encore gagner jusqu’à 20% à un horizon de 12 à 18 mois ».

Le thème du rattrapage est encore d’actualité d’autant que tous les secteurs n’ont pas encore retrouvé leur plein potentiel. L’économie devrait ainsi rebondir très vite lorsque toutes les limitation­s seront levées pour renouer avec les niveaux d’avant-crise, sauf choc exogène sur le plan sanitaire comme l’apparition d’un nouveau variant résistant aux vaccins par exemple.

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Si le temps est à l’incertitud­e, pas question pour autant de s’alarmer

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