Elegoo Mars
Quand l’ajout de matière imprime des couches de 0,1 mm de hauteur, l’impression 3D résine descend à 0,01 mm.
Il y a peu, pour obtenir ce type d’impression, il fallait dépenser plus de 1 500 € mais, depuis quelques mois, de nouvelles imprimantes LCD arrivent à moins de 300 €.
Avant de dévoiler la mise en route de cette machine, voyons la différence entre la stéréolithographie ou SLA et l’impression par ajout de matière, aussi dite FDM. Cette dernière technique, c’est celle que nous avons mise en avant jusqu’à présent, où il s’agit de superposer les couches de matière en extrudant cette dernière à travers une buse de diamètre fixe. Le matériau de base est chauffé de 160 à 280 degrés selon le produit, et les couches s’additionnent sur un plateau martyr. Même avec une imprimante de dernière génération et dotée d’une belle finesse d’impression, une légère marque est visible entre chaque couche, elle est liée au phénomène d’application qui presse légèrement la couche et donc la déforme en surface. Pour la stéréolithographie, on utilise une source lumineuse UV et une résine photopolymère, c’est-à-dire qui va changer d’état de liquide à solide sous l’effet de la lumière. La lumière peut être un laser, un DLP ou un simple écran LCD qui va illuminer chaque couche. On procède de manière inverse à la FDM, car le plateau plonge ici dans un bac plein de résine et, sous ce dernier, se cachent les systèmes optiques. Quand la lumière a dessiné une couche, le plateau monte d’un cran et ainsi de suite. La résine se solidifie sous l’effet des UV et la pièce se « détache » de la résine liquide non polymérisée. Comme la lumière polymérise de façon homogène chaque couche (en théorie), il n’y pas d’effet de couche sur la pièce finale. Mieux encore, l’absence de déplacement permet de pousser très loin le détail de chaque pièce, et cette absence de contraintes mécaniques offre un rendu impossible à obtenir en FDM. La résine a tout de même ses limites, elle est cassante, un peu comme le PLA, les vapeurs sont nocives, et l’impression de pièces « mobiles » demande des zones de tolérance bien plus grandes que pour la FDM.
La championne des prix !
Pourquoi avoir sélectionné la Mars de chez Elegoo ? Premièrement pour son tarif. Le prix public est affiché à 299 € pour l’imprimante seule, mais la Mars est régulièrement proposée sur les sites de vente en ligne à moins de 250 €. Ce qui, si l’on ajoute une lampe UV et un petit stock de résine, présente un ticket d’entrée inférieur à 300 €. Elle n’est pas la seule à ce tarif, mais les nombreux avis d’utilisateurs, les fonctions proposées et le logiciel assez intuitif nous semblaient de bons arguments pour passer commande. Oui, commande, car l e constructeur n’a jamais répondu à nos mails et prises de contacts. Là n’est pas l’impor tant, nous avons passé commande via la boutique officielle de la marque sur Amazon. En parallèle de cette boutique, une version de la Mars est disponible via le site MyMinifactor y. Reconnaissable à son capot ver t, elle est livrée avec un coupon pour acheter 8 fichiers haute définition et 500 ml de résine, le tout pour moins de 300 €. Lors de la réception de notre kit, nous avons découver t que notre clé USB, utilisée pour stocker fichiers et logiciels, contenait 8 figurines issues du catalogue de MyMinifactory.
Livrée assemblée, la Mars ne demande pas plus de 15 minutes pour sa mise en route, à condition de comprendre un minimum la langue de Shakespeare. Elegoo fait l’effor t de livrer un manuel papier, en anglais, mais rassurez-vous, la mise en route est assez simple. Comme Tier time en son temps, l a marque l i vre tous l es accessoires ou presque dans la boîte de l’imprimante : kit de visserie de remplacement, spatule, outils de vissage, gants en latex, masque de protection pour les vapeurs chimiques, filtres de récupération pour la résine, bécher plastique, alimentation externe et clé USB. Cela permet de se lancer si l’on a oublié de préparer son matériel. L’ensemble est suffisant, mais il manque de l’alcool isopropylique pour le nettoyage des pièces, un bocal de trempage pour ces dernières, des lunettes de protection, l’incontournable lampe UV pour le durcissement final de la résine, et ladite résine. En effet, la résine est disponible dans le kit MyMiniFactory ou dans les bundles des boutiques, mais pas dans la version « classique » de la Mars. Il faut donc ajouter au minimum 500 ml de résine. Par expérience, nous ne saurions que vous conseiller trois choses : acheter votre résine dans une boutique qui vend beaucoup pour que le lot soit « frais » , ne pas stocker trop de bidons pour la même raison et, pour finir, profiter que la Mars
dispose d’un mode « pause » permettant de recharger le bac pour utiliser des bidons de 500 ml plutôt que des 1 000 ml.
Tout est dans la boîte ou presque
Une fois déballée, l a Mars se compose d’une alimentation exter ne, d’un bac à résine, d’un plateau martyr et d’un accessoire de fixation pour le plateau, le tout accompagné d’une clé USB contenant le logiciel de tranchage et des bonus. Nous l’avons dit, la notice de quelques pages est efficace même en anglais. On commence par remonter la potence qui reçoit le plateau martyr, puis on fixe ce dernier sur son support. Le plateau est maintenant sur son axe par deux vis, il faut les libérer pour réaliser le nivelage du plateau. Attention, car en cas d’oubli, vous pourriez irrémédiablement endommager l’écran LCD. En effet, ce dernier peut résister à une pression légère sur toute sa surface, mais il ne résistera pas si le plateau vient appuyer avec un angle plus ou moins prononcé sur une fine surface. On libère donc les vis, on place le plateau au plus horizontal possible et on fait descendre la tête sur l’écran via le menu tactile de la Mars. Notez que ce dernier est en anglais, mais les icônes parlent d’ellesmêmes. Une fois le plateau à plat, on le plaque d’une main et, de l’autre, on fixe les vis en place. C’est ainsi que l’on nivelle le plateau à l’écran, et donc que l’on garantit la tenue des pièces sur ce dernier lors de l’impression. Une fois les vis fixées, on relève le plateau par pas de 10 mm pour ramener ce dernier au maximum de sa hauteur. Maintenant, on enlève la protection anti-griffure du bac à résine et on place ce dernier sur l’imprimante. Une fois en place, on peut tester l’affichage de l’écran LCD toujours via les menus interactifs de la Mars. Une fois fait, il reste à imprimer. Pour cela deux solutions : utiliser le fichier déjà présent sur la clé USB, ou créer son propre fichier via le logiciel livré. Encore une fois, le logiciel livré n’est pas un logiciel de dessin, mais bel et bien un trancheur (ou slicer) qui va découper les fichiers STF en couche à imprimer et fournir le G-Code d’impression.
L’impression se lance sans PC, via une clé USB et l’interface de l’écran tactile de l’imprimante. Dernier détail : pour imprimer, il faut remplir le bac de résine à 33 %, sauf qu’Elegoo ne fournit pas de marquage sur le bac pour connaître ce niveau. C’est un problème, car si un manque de résine peut vite se rattraper au fil de l’impression via une pause et un rajout, un trop- plein peut être catastrophique. La plongée du plateau peut occasionner un débordement de résine qui viendra irrémédiablement se glisser sous le bac, et endommager l’écran LCD, et dans tous les cas occasionnera un nettoyage complet de votre imprimante. Un léger trop-plein pourra, lui, venir submerger le plateau plus haut que prévu et la résine venir se placer au niveau du système d’amortissement, là aussi occasionnant un nettoyage fastidieux. Alors attention lors du remplissage !
Un logiciel complet et simple d’usage
Pour le logiciel, c’est un trancheur Chitubox qui est livré avec la Mars. Sur la clé USB, vous trouverez la version 1.5 du logiciel pour Windows, MacOS et Linux, mais une fois l’installation faite, le logiciel propose la 1.6.1. Le tout est gratuit puisque Chitubox est disponible en version « free » et devrait bientôt gagner une version « pro » qui sera, elle, payante. Une fois le logiciel installé, Elegoo fournit dans sa petite notice papier de quoi se lancer dans l’aventure et, comble de bonheur, le logiciel s’il s’installe en anglais est entièrement traduit en français. Nous ne le répéterons jamais assez, mais la qualité des impressions et la facilité à réaliser des pièces complexes avec une imprimante 3D viennent à plus de 50 % de son logiciel. Bonne nouvelle, Chitubox semble faire partie des produits efficaces.
Côté paramétrage, il suffit de signaler que l’on dispose d’une Mars pour qu’il remplisse les prérequis d’impression, comme les hauteurs de couches et les temps d’exposition.
Après avoir essayé et imprimé vos premiers modèles, vous pourrez vous lancer dans la création de modes différents, notamment sur les hauteurs de couches, puisque la Mars permet d’imprimer de 0,2 à 0,01 mm, et utilise la hauteur de 0,05 mm comme hauteur de base pour chaque couche. En SLA comme en FDM, la gestion des suppor ts demeure un point important. Chitubox est capable de les gérer facilement depuis la plateforme ou depuis toute la pièce. Le logiciel ,malgré une option, a tendance à charger un peu ces derniers, ou à les alléger un peu trop. Heureusement, un outil permet d’ajouter, de modifier, et de supprimer des supports au plan établi par le logiciel via ses automatismes. Les calculs de temps d’impression ont été fidèles au chrono, d’autant que la Mars dispose de son propre système de calcul. Il suffit de stocker le fichier G- Code sur une clé USB, il est même possible de ranger ses fichiers dans des dossiers puisque l’interface de la Mars permet la navigation. Attention au passage, avec son bac à résine non transparent, la Mars va vous cacher longtemps le modèle en phase d’impression. Résultat : vous ne vous rendrez compte d’un problème d’adhérence que tardivement, surtout si, comme nous, vous utilisez de la résine colorée. Pire, il faudra vider le bac et filtrer la résine présente pour récupérer les résidus d’impression. Mais il est temps de parler d’impression.
Un peu lente, mais très fidèle
Difficile de faire plus simple que d’insérer une clé USB dans la Mars, de sélectionner le menu Imprimer et de naviguer dans les répertoires pour trouver votre pièce. Comble de la facilité, le menu de la Mars affiche la vignette de chaque fichier encodé pour elle et présent sur la clé. Une fois l’impression lancée, il vous reste à patienter ou utiliser un des trois boutons disponibles : Stop, Pause, et Réglages. La cinématique de la Mars est on ne peut plus simple, le plateau vient se positionner dans le bac à résine à une hauteur de couche, l’écran LCD illumine la forme de la couche, le plateau monte de quelques microns, replonge, et ainsi de suite. Chez les concurrentes haut de gamme dont le mât du plateau est ar ticulé, on dispose en général d’un mouvement supplémentaire d’inclinaison du plateau pour évacuer la résine de la pièce si cette dernière comporte des cavités. Ici ce n’est pas le cas, on simplifie au maximum. Un écran LCD dispense moins d’UV que les lasers ou les DLP utilisés sur les machines plus coûteuses. Résultat, la Mars prend son temps pour imprimer, on pourrait dire qu’il lui faut en moyenne une heure pour additionner 1 cm de couches, en utilisant les réglages de base et des couches de 0,05 mm de hauteur. On laisse la machine travailler et on ne fait que des apparitions pour voir si tout se passe bien. Le plus à craindre ici serait une surchauffe des systèmes de l’imprimante, mais Elegoo a posé un gros ventilateur sous son ventre, ce qui la rend légèrement bruyante, mais permet d’évacuer beaucoup de calories. Règle d’or : on ne laisse jamais une imprimante 3D SLA ou FDM sans surveillance.
Un nettoyage périlleux
Bien sûr, notre première impression fut le fichier livré par Elegoo, et nous avons par la suite tenté d’augmenter notre collection de Mechwarriors, mais aussi de tours Eiffel. S’il faut plus de 9 heures pour obtenir cette dernière, nous nous sommes rendu compte d’une chose : Chitubox met beaucoup de suppor ts et il n’est pas toujours simple de les éliminer. Autre point marquant, si le constructeur annonce 15 cm de hauteur maximale, nous avons plutôt constaté un maximum de 14.
Comme toujours, après l’impression, il est conseillé de laisser la pièce en place histoire que la résine s’écoule et ne forme plus d’une légère couche sur la pièce, cela facilite le nettoyage. Le plateau se détache
du mat, il suffit alors d’utiliser une spatule pour décoller la pièce. Nous avons pour habitude de laver préalablement le plateau et la pièce à l’alcool isopropylique en badigeonnant l’ensemble au- dessus d’un bac de récupération avec une brosse. Cela rend plus facile le décollage et puis, de toutes les façons, il faudra laver délicatement le plateau, autant commencer par là. Le modèle libéré, reste à le faire tremper dans un bain d’alcool à brûler ou isopropylique, puis on rince l’ensemble sous l’eau avant d’exposer la pièce sous une lampe UV. En l’absence de cette dernière étape, il faudra laisser la pièce au soleil pour finaliser le durcissement de la résine. Le modèle durci, il est temps de découper et de supprimer les supports d’impression, et de sortir une mini-lime pour finaliser les pièces. Attention la résine Elegoo, comme beaucoup de résines photocatalytiques, est fragile, il faut donc manipuler les pièces avec précaution.
Au final, et après quelques dizaines d’heures d’impression, la Mars d’Elegoo, bientôt secondée par un modèle amélioré dit Pro, devrait satisfaire ceux qui veulent produire leurs figurines et autres miniatures pour des jeux de plateau ou meubler leurs étagères. Nous avons obtenu des résultats d’impression comparables avec une machine affichée à 2 000 € il y a deux ans ! Bien évidemment, pour ce tarif, nous avions droit à un laser et à deux fois plus d’espace pour l’impression. La Mars remplit ce pour quoi elle est faite : apprendre, découvrir et imprimer en SLA sans se ruiner.