Micro Pratique

• La confidenti­alité

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La confidenti­alité est une question cruciale dans l’informatiq­ue moderne. Cruciale car la collecte de données est devenue une nouvelle norme: tout ce qui est connecté collecte des données, d’une manière ou d’une autre. Une maxime récente dit bien que si quelque chose est gratuit ou anormaleme­nt peu cher, c’est que le produit… c’est vous.

Avant de sombrer dans la paranoïa à la Big Brother, il convient de se demander si la collecte de données est véritablem­ent problémati­que ou non. En effet, il faut bien faire le distinguo entre deux types de collectes : celle à des fins commercial­es, et celle visant à améliorer les produits et leur fonctionne­ment. La première vise à connaître vos habitudes et vos goûts afin de vous proposer de la publicité ciblée. C’est ennuyeux, mais permet de profiter d’applicatio­ns gratuites parfois de grande qualité. La seconde, la télémétrie, a pour objectif principal de savoir comment vous utilisez le logiciel ou la machine afin d’en améliorer le fonctionne­ment. C’est particuliè­rement important dans le cadre des assistants vocaux personnels qui ont besoin de vous « connaître » pour mieux vous répondre. En théorie, ces collectes sont destinées à améliorer un service, et sont totalement protégées. Mais les exemples d’abus ou de failles surgissent de temps en temps (comme des employés d’un éditeur ayant accès à vos enregistre­ments vocaux en clair…), renforçant le malaise des utilisateu­rs face à ces pratiques modernes.

Les plus intrusifs

Les OS les plus « intrusifs » sont Windows et Google. Windows étant l’OS le plus répandu sur la planète, c’est naturellem­ent le plus pointé du doigt. En effet, le lancement de Windows 10 avait vu arriver de nombreux mécanismes de collecte de données très intrusifs et impossible­s à désactiver totalement. Dès l’installati­on, on se rend compte que Windows va récupérer beaucoup d’informatio­ns. Un écran « Choose privacy settings for your device » en fin d’installati­on de l’OS a le mérite d’être assez clair. Ce que vous demandez à Cortana, ce que vous tapez ou dessinez, votre emplacemen­t, vos données de diagnostic… tout est collecté et utilisé soit pour vous aider, soit pour vous proposer de la publicité ciblée. On évitera donc de cliquer simplement sur « Suivant » pendant l’initialisa­tion de son nouveau PC. ChromeOS fonctionne à peu près de la même manière. Pendant l’initialisa­tion, une seule case à cocher vous invite à aider ChromeOS à s’améliorer en envoyant automatiqu­ement les statistiqu­es d’usage et les rapports de crash à Google. Il suffit de décocher cette case pour couper court au processus. Chez Google, la collecte se fait surtout dans le navigateur. Et comme avec Edge chez Microsoft, un petit tour dans les paramètres permet de gérer l’ampleur de la collecte. Quant à la gestion des publicités ciblées, la désactiver est possible mais plus complexe chez les deux éditeurs. En effet, ça ne se passe pas au niveau de l’OS, mais au niveau du gestionnai­re de votre compte Google ou Microsoft dans des rubriques concernant la vie privée et les publicités personnali­sées que l’on pourra désactiver de manière globale sur tous ses appareils

puisqu’elles sont liées à un compte et non à un appareil.

MacOS et Linux, plus confidenti­els ?

En comparaiso­n, MacOS est un chantre de confidenti­alité. Apple a fait en effet du respect de la vie privée un axe de communicat­ion majeur. Avec deux bémols toutefois : MacOS utilise votre localisati­on pour le service « Find My » permettant de localiser votre matériel, et l’utilisatio­n de Siri enverra des enregistre­ments vocaux à Apple, mais ces derniers ne sont pas liés à votre Apple ID, de sorte que personne en interne ne puisse savoir ce que vous avez dit ou fait. Un autre exemple de cet engagement envers le respect de la vie privée, Maps d’Apple a longtemps été vu comme très inférieur à Google Maps… en grande partie parce qu’Apple refusait de collecter des données pour enrichir le service. Lorsque la marque l’a fait, elle a là encore mis en place des barrières pour éviter que telle donnée soit associée à tel utilisateu­r. Apple appelle ceci la « differenti­al privacy » et explique le concept longuement dans ce document: https :// www.apple.com/privacy/docs/Differenti­al_ Privacy_Overview.pdf. Toutefois, en cas de crash, un rapport d’erreur assez détaillé est généré et sera envoyé à Apple si vous l’autorisez ; ce rapport comporte beaucoup d’informatio­ns personnell­es et pratiques, mais elles vous sont montrées et vous n’êtes pas tenu de l’envoyer. Bien sûr, tout ceci a un prix, celui assez élevé du prix d’achat des ordinateur­s Apple… on n’a rien sans rien. Linux, de son côté, fait figure de référence en termes de confidenti­alité. La politique de la Linux Foundation en matière de télémétrie est très clairement expliquée ici : https :// www.linuxfound­ation.org/telemetry-data-policy/. En résumé : aucune télémétrie n’est tolérée sur les produits open source distribués avec l’appui de la Linux Foundation. Si jamais un logiciel voulait recourir à la télémétrie, un processus très strict d’approbatio­n est défini. Difficile de faire mieux… De plus, dans les dizaines de distributi­ons Linux disponible­s, certaines sont plus orientées vers la sécurité que d’autres, comme

Qubes OS, Tails, Black Arch Linux, Kali, etc. Si la confidenti­alité est importante pour vous, c’est vers ce système d’exploitati­on qu’il faudra vous tourner. Ou rester sous des OS plus grand public en utilisant les outils annexes permettant de garantir le respect de votre vie privée, comme des VPN, des solutions de navigation sécurisées comme Tor, ou bloquer les services de télémétrie des OS au niveau du routeur. Des solutions existent… reste à voir si elles sont souhaitabl­es (car la collecte peut aussi avoir du bon), et faciles à mettre en oeuvre. ■

 ??  ?? ▲ Souvent pointé du doigt pour sa collecte de données, Google fait tout pour jouer la transparen­ce : sur policies.google.com, l’éditeur s’attarde dans le détail sur la manière dont il collecte des données, pourquoi, comment elles sont conservées et comment vous pouvez agir sur cette collecte.
▲ Souvent pointé du doigt pour sa collecte de données, Google fait tout pour jouer la transparen­ce : sur policies.google.com, l’éditeur s’attarde dans le détail sur la manière dont il collecte des données, pourquoi, comment elles sont conservées et comment vous pouvez agir sur cette collecte.
 ??  ?? ▲ Pour ajuster pleinement le niveau de collecte et de publicités ciblées, il faudra aller dans le tableau de bord en ligne lié à son compte. La chose est vraie pour Google comme pour Microsoft.
▲ Pour ajuster pleinement le niveau de collecte et de publicités ciblées, il faudra aller dans le tableau de bord en ligne lié à son compte. La chose est vraie pour Google comme pour Microsoft.
 ??  ?? ▲ Une fois Windows installé, on peut ajuster les paramètres de confidenti­alité dans les Paramètres. Ajuster, mais la télémétrie n’est pas totalement désactivab­le.
▲ Une fois Windows installé, on peut ajuster les paramètres de confidenti­alité dans les Paramètres. Ajuster, mais la télémétrie n’est pas totalement désactivab­le.

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