• Les OS mobiles
L’univers du mobile est plus cloisonné que celui des ordinateurs. Deux systèmes d’exploitation se partagent le marché: iOS d’Apple et Android de Google. Le gros absent du secteur est bien évidemment Microsoft…
Microsoft avait pourtant développé plusieurs systèmes mobiles, Windows Mobile, puis Windows Phone en 2010, et enfin Windows 10 Mobile en 2015. Mais en 2017, Microsoft jetait l’éponge et le support de Windows 10 Mobile a pris officiellement fin le 14 janvier 2020, citant la trop faible part de marché de l’OS mobile de Microsoft et le peu d’engouement des développeurs pour la plateforme. Comment choisir un système mobile? La première piste est de rester sur iOS si on utilise un Mac, et d’utiliser Android si on est sous PC. Mais ce n’est en rien une obligation, des passerelles existent… et des contraintes aussi.
Quand il s’agit de travailler depuis son smartphone
Travailler sur mobile, c’est avant tout accéder à des documents qu’on a créés et synchronisés avec son cloud, envoyer des mails et donc gérer ses contacts, etc. Google et Apple proposent chacun des solutions parfaitement connectées à MacOS et à ChromeOS respectivement. Tout étant lié chez l’un comme l’autre par votre Apple ID ou par votre identifiant Google, il suffit de configurer le smartphone à l’achat pour avoir immédiatement accès à tous ses contacts, mails et documents de travail synchronisés sur iCloud ou sur Google Drive. C’est simple, rapide, et parfaitement fiable. Les applications bureautiques Apple et Google sont installées par défaut dans les OS (Pages, Numbers et Keynote sur iOS ; Docs, Sheets et Slides pour Android). Et à utiliser les solutions d’une même marque, on retrouve souvent des astuces diaboliques, comme celle consistant à envoyer des onglets de Chrome ouverts sur Android directement vers son Chromebook.
Android, poussé par Windows
Ce qui met Microsoft dans une situation à la fois plus bancale… et favorable en même temps. Car dès lors, Windows se doit d’être compatible avec toutes les plateformes mobiles. Un argument difficilement blocable par Apple ou Google tant les utilisateurs d’Office sont nombreux, particuliers comme entreprises. Sur ce point, Microsoft réussit à unifier les plateformes, mais au prix d’une petite configuration préalable puisqu’il faudra télécharger les applis Microsoft sur iOS ou Android et configurer les services manuellement. Ce n’est pas très compliqué toutefois, mais il faudra accorder aux applications les autorisations nécessaires pour accéder aux contacts par exemple. La seule difficulté courante concerne l’intégration et l’utilisation des services Outlook sur iOS ou Android, selon les applications que l’on souhaite utiliser. C’est dans ce but que Microsoft entretien des pages de support très détaillées dédiées à la configuration de leurs services sur toutes les plateformes mobiles sur le site support.microsoft.com. Mais si vous utilisez Windows 10 partout, vous aurez sans doute intérêt à avoir un smartphone Android. Windows 10 implémente une belle synchronisation entre le PC et Android, permettant d’accéder à ses SMS, photos, appels, notifications et plus encore directement depuis Windows. Cette association se fait via l’appli Microsoft Your Phone Companion, exclusive au Play Store de Google. Et c’est extraordinairement pra
tique. Associer un iPhone est possible, mais les fonctionnalités sont très embryonnaires, limitées à l’envoi de pages web d’Edge sur iPhone au PC.
Accès croisés: Apple ne joue pas le jeu
Mais que se passe-t-il si on a un smartphone Android et un MacBook Pro à la maison ? Ou un iPhone et un PC et qu’on utilise G-suite par exemple ? En théorie, on peut s’y retrouver facilement, mais il faut admettre qu’il est plus facile d’avoir un iPhone pour travailler sur Google Drive que d’avoir un smartphone Android pour travailler sur iCloud. En effet, Google a publié sur l’Apple Store toutes les applis nécessaires à l’utilisation de ses services sur un iPhone, y compris Gmail ou Drive. En revanche, accéder à ses ressources iCloud depuis Android est bien plus complexe, Apple n’ayant pas publié d’applis similaires sur le Play Store. La Pomme fait tout pour garder les utilisateurs Android à distance… On pourra toutefois accéder à ses ressources iCloud en passant par un navigateur Web et en se connectant à icloud.com et en s’identifiant. Ce n’est toutefois pas une procédure très confortable. Il serait appréciable qu’Apple publie autre chose qu’Apple Music sur l’App Store d’Android pour accorder un peu de souplesse à ses clients MacOS utilisant un smartphone concurrent. Pour le moment donc, si vous utilisez plusieurs plateformes fixes et mobiles, iOS est le choix le plus simple pour tout utiliser facilement; même si ce round est gagné avec assez peu de fair-play.
Creation: iOS seul en tête
Pour la création aussi, iOS semble prendre un avantage certain. Comme sur MacOS, Apple profite pleinement d’un catalogue de produits mobiles très simples fait de quelques modèles d’iPhone avec des caractéristiques matérielles similaires. Pour un développeur, il est dès lors très facile de coder et d’optimiser une appli de création pour iOS. Android souffre du même inconvénient que l’univers du PC avec une multitude de fabricants commercialisant une myriade de smartphones aux spécifications très variables. Si les applications de création finissent tôt ou tard par arriver sur Android, on pourra parfois avoir la mauvaise surprise qu’il soit déclaré incompatible avec son smartphone (récent ou non). C’est frustrant.
Quoi qu’il en soit, on trouve d’excellentes solutions sur les deux OS, avec entre autres Lightroom d’Adobe excellent sur Android ou iOS, tout comme Snapseed ou VSCO pour l’image. Côté vidéo, citons Filmic Pro lui aussi disponible sur iOS ou Android. Adobe Premiere Rush lui aussi est proposé sur les deux plateformes, mais c’est un bon exemple du déséquilibre Android-iOS. Lancée d’abord sur iOS, l’application d’Adobe a mis plus d’un an à arriver sur Android. Et si on regarde les commentaires sur les stores respectifs, on constate que ceux d’Android font plus volontiers état de bugs et de mauvais fonctionnement que ceux d’iOS. De même, iOS offre les excellents iMovie et Garage Band. Plusieurs applications de premier plan sont disponibles sur iOS uniquement, comme Affinity Photo, la nouvelle coqueluche de la photo qui dit clairement ne pas avoir l’intention de sortir sur Android…
Apple profite à fond de l’iPad
Derrière cette avance indéniable d’iOS sur la création, il est difficile de ne pas voir l’ombre de l’iPad. Alors que le monde Android multipliait les tablettes d’excellente qualité, ces dernières se sont raréfiées, marginalisées par des smartphones moins chers, avec des écrans assez grands pour être confortables. Apple aurait pu lui aussi délaisser les iPad, mais a choisi de persévérer, réussissant un tour de force avec les iPadPro, leur stylet et leur clavier, et leur superbe écran tactile. Malgré leur prix, ces iPad sous iOS d’abord puis sous iPadOS – un iOS adapté aux grands écrans de l’iPad – ont été de grands succès commerciaux, utilisés par des cols blancs pour travailler en déplacement, ou par des photographes ou vidéastes pour vérifier leur travail sur zone et commencer à travailler leurs productions sur le chemin du retour. À ce titre, on notera qu’Adobe a
publié une vraie version de Photoshop sur iPad (avec quelques fonctionnalités manquantes sans vraie raison, ce qui a fait hurler les professionnels de l’image). Et que la sortie d’une housse-clavier avec trackpad a permis d’asseoir l’iPad en vraie machine de productivité mobile. Un tour de force. En face, Microsoft tente sa réponse avec les excellents Surface. Mais sans OS mobile dédié, c’est un Windows 10 classique qui y tourne (quand ce n’est pas l’abominable Windows 10 S limitant l’installation d’applications aux seules applis téléchargées sur le Microsoft Store). L’avantage est certain puisque ces tablettes sont d’abord des PC et permettent d’installer tous les logiciels Windows. L’inconvénient est que pour baisser les prix et les poids, Microsoft peut parfois baisser les configurations matérielles et proposer des Surface de faible puissance sur laquelle toute autre tâche que de la bureautique sera très pénible. Quant à Google, après une Pixel Slate bien faite mais hors de prix, les attentes se sont reportées sur des modèles prometteurs, comme le Lenovo Chromebook Duet qui devraient avant tout être des bêtes de travail mobile, pas forcément des outils pour créatifs.
Jeux: Android en a plus, mais de meilleure qualité?
Le monde du jeu sur mobile fait face à la même dichotomie, avec iOS et Android lancés sur deux trajectoires souvent divergentes. Et au coeur du problème, on retrouve une fois encore la disparité matérielle énorme de l’écosystème Android face à une offre Apple regroupée et homogène. Là encore, il est plus simple pour les développeurs d’optimiser leurs jeux à iOS alors qu’ils doivent s’ajuster à un parc Android hyperdiversifié. Et comme le jeu sur mobile est un phénomène colossal tant en nombre d’utilisateurs que de revenus générés, il n’est pas question qu’aucun gros éditeur délaisse telle ou telle plateforme. Android est celle disposant du plus grand nombre de clients. Mais en pratique, iOS voit souvent les jeux sortir chez lui d’abord car la programmation est plus simple et aussi parce que les utilisateurs iOS dépensent plus que ceux d’Android… donc iOS « rapporte ».
En parallèle, Google et Apple ont deux stratégies différentes, Apple privilégiant la qualité, Google la quantité. En 2016, Apple a décidé de supprimer de son store tous les vieux jeux et ceux qui ne respectaient pas certains critères évidents de qualité. A contrario, le nombre de jeux sur Android a augmenté de quasiment 30 % chaque année, certains étant bons, d’autres simplement ignobles. Mais en termes de choix, les utilisateurs Android ont un catalogue plus grand à leur disposition. Reste enfin la plateforme elle-même, puisque plusieurs constructeurs sortent des « gaming phones » dopés au hardware et accompagnés d’accessoires comme des manettes ou des stands, et tournant tous sous Android. Reste à voir si les jeux sont vraiment optimisés pour utiliser une débauche de puissance comme celle des ROG Phone d’Asus par exemple, et donc si l’investissement en vaut la peine. La réponse n’est pas si évidente et quelques comparaisons de résultats sur la base de données de 3D Mark suffisent à semer le doute puisqu’un iPhone 11 (non Pro) va se retrouver au niveau d’un ROG Phone II ou largement devant en fonction des API utilisées. Le gros avantage de ces smartphones Gaming sous Android étant leur écran 120 Hz, un rafraîchissement que l’on devrait retrouver sur les iPhone 12 à leur sortie. ■