Apprivoisez Chrome OS sur votre Chromebook
Vous êtes offert un Chromebook ou l’envisagez prochainement et vous vous posez des questions sur les capacités de Chrome OS ? De plus en plus polyvalent, l’OS de Google se permet de rivaliser avec Windows ou Mac OS dans de nombreux domaines. Petit point sur les capacités bureautiques, créatives et ludiques de Chrome OS.
Àla base, un Chromebook est taillé pour utiliser l’environnement de travail de Google. Ces machines s’appuient sur un hardware assez sommaire en général, et sur une autonomie de chameau dans un but primaire simple: travailler. Le développement d’outils bureautiques comme G-Suite ou pour la classe comme Classroom ont donné le ton, faisant du Chromebook et du cloud deux outils particulièrement affûtés pour les grands travailleurs. Des arguments repris par tous les autres acteurs depuis, comme le travail collaboratif ou la sauvegarde en cloud permettant de reprendre son travail et ses documents depuis n’importe quelle machine, n’importe où dans le monde. Mais les Chromebook conservent-ils un intérêt hors de Google Drive et de G-Suite ? Oui, car Chrome OS a beaucoup évolué depuis son lancement en 2011, même si des limitations subsistent rendant le Chromebook peu adapté à certaines tâches.
Travailler, quel que soit l’outil
Tant qu’il existe une appli Android, votre Chromebook peut utiliser une solution autre que celles de Google. Il est donc tout à fait possible de travailler avec les outils bureautiques de Microsoft par exemple puisque ces derniers sont tous
présents sous forme d’applis sur le Play Store. Office, Teams, Outlook, SharePoint, One Note… tout est disponible sur le Play Store, mais nécessitera un abonnement Office 365 pour fonctionner normalement, à savoir créer des documents en ligne ou en local, et pouvoir les éditer. Si vous avez déjà un abonnement Office, il suffit de saisir vos identifiants et votre Chromebook est configuré. De plus, l’intégration d’une couche Linux via Crostini (voir page 51) permettra aux amateurs de télécharger et d’installer en local des solutions bureautiques reconnues comme OpenOffice ou LibreOffice. L’installation se fait en ligne de commandes via la console Linux, mais c’est assez simple.
Le cloud Google Drive, mais pas uniquement
Il en va de même pour les cloud concurrents. On pourra télécharger les applis d’autres cloud que Google Drive, comme Dropbox ou OneDrive. Une fois installés, ces programmes feront apparaître un menu spécifique dans l’application Fichiers de Chrome OS, permettant d’en parcourir le contenu comme on le ferait dans l’explorateur de fichiers de Windows. L’intégration est aisée, mais est encore parfois soumise à quelques limitations. Dans Dropbox par exemple, lorsque l’on accède à ses fichiers via l’explorateur de Fichiers, il est impossible de gérer les paramètres de partage, de collaborer en live sur des fichiers, de commenter, d’afficher les répertoires protégés par mot de passe, etc. Des fonctions qu’on récupère en se connectant via un navigateur classique.
Scanner : plusieurs options aisées
La bureautique impose souvent de scanner des documents ou d’en imprimer. Les
Chromebook en sont tout à fait capables. Pour scanner, plusieurs options s’offrent à vous. La plus simple est de télécharger l’appli publiée par le constructeur de votre imprimante sur le Play Store. Ces applications Android fonctionnent très bien sous Chrome OS et permettent d’accéder aux fonctions de votre imprimante, notamment au scanner. Mais vous avez d’autres options. Certaines imprimantes, comme celles de marque HP par exemple, disposent d’une fonction WebScan très pratique ; il suffit de récupérer l’IP de l’imprimante, de s’y connecter via un navigateur et on a accès à toutes ces fonctions. Enfin la plupart des imprimantes multifonctions récentes sont dotées d’une interface réseau et de fonctionnalités permettant la gestion de documents sur divers cloud, dont Google Drive. Il est facile d’imprimer des documents stockés en ligne, ou de scanner et d’uploader directement sur le cloud depuis son multifonctions… les
fichiers étant accessibles immédiatement à tous les appareils reliés à ce cloud (et pour les Chromebook, ces fichiers apparaissent d’emblée dans l’explorateur de fichiers).
Imprimer, c’est de plus en plus facile
L’impression, bien évidemment, ne pose pas plus de problèmes. Là encore, on pourra télécharger l’appli Android de l’imprimante, mais c’est souvent inutile. Ajouter une imprimante est très simple. Il suffit en général de la relier au même réseau que le Chromebook et d’aller dans les Paramètres de la rubrique Impression. Elle devrait apparaître dans la liste des imprimantes à rajouter à son profil. Si ce n’était pas le cas, on l’ajoute manuellement en lui donnant un nom et en saisissant son adresse IP. Pour imprimer c’est facile, comme sous Windows ou Mac OS… soit on clique sur Imprimer dans les menus, soit un passe par un simple Ctrl+P et on a accès au menu d’impression de l’imprimante.
De gros progrès en photo...
Fait pour le travail, Chrome OS sait aussi jouer avec les images. Avec les solutions en ligne comme Google Photos, mais aussi en local. Chrome OS sait en effet reconnaître des périphériques externes USB comme des lecteurs de cartes mémoire, ou même des disques durs externes. On peut donc facilement importer des photos depuis la carte SD d’un appareil photo. Ces images seront visibles dans l’application Fichiers et, bon point, Chrome OS sait même afficher une prévisualisation des images RAW. Ces images pourront profiter de quelques applications Android d’édition d’images bien senties ; la plus en pointe étant Lightroom mobile d’Adobe, très proche dans l’esprit de la version PC. LR sait importer et traiter des fichiers RAW, sait appliquer des retouches localisées, et exporter les images dans différentes tailles et à différents formats. Attention tout n’est pas parfait et Adobe a encore du pain sur la planche pour livrer une version Android vraiment parfaite. Parmi les points noirs, on signalera une incapacité à afficher des dossiers contenant trop d’images, et une assez mauvaise optimisation pour des hardwares puissants comme les Core i5 de certains Chromebook haut de gamme, ce qui génère quelques frustrations. Mais malgré quelques lenteurs, l’expérience est satisfaisante dans l’ensemble. Autre excellente solution photo, Snapseed dont l’interface gère parfaitement bien les grands écrans de type notebook et qui est également parfaitement adaptée à l’usage d’un stylet. Là encore, l’expérience et le résultat sont d’excellent niveau, rendant l’édition de photos relativement simple sur les Chromebook.
… mais de grosses lacunes en vidéo
Le point noir reste sans doute la vidéo. De grosses pointures comme Adobe ne cessent de promettre une version Chrome OS de Premiere Rush qui semble bien fonctionner sur iPad, mais le portage se fait désirer. Le Play Store propose bien quelques références comme Kinemaster ou PowerDirector, et on pourra se reporter vers les logiciels Linux comme l’excellent Kdenlive (installable via Crostini). Mais avec plusieurs Chromebook assez puissants pour éditer quelques séquences, les solutions portées d’Android semblent trop limitées. Un effort est attendu sur ce segment encore lacunaire chez Chrome OS… quitte à ce qu’il soit déployé par Google lui-même via le développement d’une appli maison bien optimisée, à l’image de ce qu’est un iMovie à Apple.
Les convertibles: des rois du dessin
Il est en revanche un domaine où les Chromebook brillent, c’est le dessin. Apple a érigé l’iPad en seule star du segment, mais c’est oublier bien trop vite la solution Chrome OS. En effet, pour moins cher qu’un iPad Pro, on peut s’offrir une machine haut de gamme comme le Samsung Galaxy Chromebook doté d’un excellent écran tactile OLED 4K, d’un excellent CPU, de 8 Go de mémoire et d’un stockage plutôt généreux. La bête vous coûtera environ 1000 €, auxquels on rajoutera l’achat d’un stylet USI (chez HP aujourd’hui, et demain peut-être chez Asus ou Lenovo). Pour dessiner, vous trouverez sur le PlayStore des pépites gratuites et professionnelles comme Krita ou l’excellent Sketchbook d’Autodesk. Et même sans aller jusque dans les haut de gamme, le dessin sera un usage dans lequel des modèles plutôt tablettes comme le Duet de Lenovo brilleront sans peine. Bref, si vous êtes dessinateur, regardez un peu du côté
de Chrome, l’expérience sera similaire, et vous n’aurez pas à payer une tablette, sa housse-clavier et son stylet plus cher qu’un ordinateur portable haut de gamme.
Jouer sur Chromebook ? Pas vraiment…
Si vous êtes joueur, ne vous faites pas d’illusions… Hormis quelques jeux du PlayStore développés pour smartphone, Chrome OS est un quasi désert si on compare à l’univers ludique des PC. Et c’est assez logique, beaucoup de Chromebook n’ont simplement pas le hardware nécessaire pour faire tourner un jeu 3D récent.
Cela dit, les choses vont peut-être évoluer. Primo grâce à l’émergence des plateformes de jeu en ligne comme Stadia ou GeForce Now. Deuzio car Google travaille à amener Steam sur son OS. Tertio car les Chromebook les plus puissants pourront profiter de Linux via Crostini ou de la future intégration de Parallels donnant accès à Windows sur Chrome OS. Mais tout ceci ne permettra pas de rivaliser avec l’univers des PC… c’est un pansement sur une jambe de bois. Mieux que rien, parfait pour du Worms ou similaire, mais encore bien insuffisant pour un gamer pur et dur. ■