Tous les outils pour consommer local
Le locavorisme, qui consiste à limiter au maximum la consommation de produits lointains, a le vent en poupe. Sélection des meilleurs outils numériques pour vous aider dans cette tâche pas toujours évidente.
Même s’il n’est pas exempt de paradoxes – quid du transfert de richesses vers les pays en voie de développement si l’Occident aisé cesse de leur acheter leurs productions? Quid de la variété du régime alimentaire d’un habitant de Sibérie en hiver ou du Tchad en été s’il n’a accès qu’aux produits locaux ? –, le locavorisme est une tendance lourde de notre société, récemment renforcée par les mois de pandémie qui ont grippé les échanges internationaux, et auréolée d’un indéniable certificat écologique... À défaut d’être inattaquable, différentes études montrent que l’empreinte du transport est finalement assez faible en regard des modes de production. L’engouement pour ce mouvement, qui prône la consommation de nourritures produites dans un rayon proche (100 à 250 km maximum), mais peut aussi s’élargir à toutes sortes de produits de grande consommation, n’a pas échappé au monde des nouvelles technologies et nombreux sont les outils qui lui sont dédiés.
1 Connaître les produits de saison
Des haricots verts en janvier, des fraises en décembre ou des endives en juillet, est-ce bien raisonnable ? Faute de pouvoir compter sur des importations de l’autre bout du monde – ou des systèmes de production bien peu écologiques, serres chauffées et autres –, la consommation des fruits et légumes locaux repose sur un calendrier bien arrêté. Plusieurs applications, comme la bien nommée Fruits et légumes de saison, vous renseignent ainsi sur les impairs à ne pas commettre. Plus ambitieuse encore, Étiquettable (gratuite, collaborative et sans publicité) élargit le propos aux poissons et crustacés, dont elle pointe d’éventuelles saisonnalités (la coquille Saint-Jacques, par exemple, obéit à un calendrier très précis) et, le cas échéant, les menaces qui pèsent dessus.
2 Les producteurs autour de vous
Vous êtes bien d’accord qu’acheter le gigot d’un agneau élevé à 30 km de chez vous plutôt qu’en Nouvelle-Zélande a du sens, mais comment en dénicher l’éleveur ? Il existe plusieurs sites/applis et annuaires recensant les bonnes adresses de l’alimentation durable – MooveIt, Manger local ou encore Presdecheznous – sur lesquels vous devriez trouver votre bonheur, tous basés bien sûr sur une recherche géographique à partir de votre domicile. La plupart des fournisseurs (fruits et légumes, produits laitiers, viande, etc.) pratiquent le clic-andcollect mais plutôt que de vous déplacer dans les campagnes, vous connaissez sûrement le concept d’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) : il s’agit de créer des liens entre producteurs
et consommateurs, généralement proches géographiquement. Les seconds s’engagent, à l’avance, à acheter la production des premiers, et ce à prix équitable. Pour simplifier les échanges, la livraison se fait généralement sous forme de paniers plus ou moins variés, conformes aux rythmes saisonniers, et récupérables une à deux fois par semaine dans un lieu donné. Comment trouver une Amap proche de chez vous ? Parce que, évidemment, faire 40 km en voiture pour récupérer vos cartons bio n’aurait aucun sens, il existe plusieurs annuaires en ligne plus ou moins complets, par exemple celui de Réseau Amap (www.reseau-amap.org) ou encore celui du site précité Presdecheznous. Ensuite, certaines Amap peuvent être rejointes en ligne, quand d’autres nécessitent un contact et des pratiques à l’ancienne – coup de téléphone, envoi de chèque, etc.
3 Passez à l’étape suivante
Néanmoins, de nombreux producteurs préfèrent déléguer la gestion des commandes à un intermédiaire comme Locavor.fr ou le très connu La Ruche qui dit oui. Ce ne sont pas à strictement parler des Amap, puisqu’il s’agit de structures commerciales, mais des intermédiaires qui font l’interface entre producteurs et consommateurs finaux, contre rétribution: environ 20 %, à peu près équitablement répartis entre la plateforme et les responsables des sites de distribution (les Locavors ou Ruches, selon la terminologie consacrée), soit 4 à 5 fois moins que la marge brute de la grande distribution. L’avantage de ces systèmes – pour le consommateur s’entend –, c’est que vous pouvez commander ce dont vous avez envie, évitant ainsi de vous retrouver avec un panier « surprise » parfois loin de vos goûts. Comme dans certaines Amap d’ailleurs, le choix ne se limite pas aux fruits et légumes et oeufs, viande ou petite épicerie peuvent être commandés. Néanmoins, vous y perdez en authenticité ce que vous y gagnez en choix et certains militants historiques des Amap voient d’un oeil peu amène ces intermédiaires. Si devoir vous déplacer à heure fixe pour récupérer votre panier de produits vous semble trop contraignant, il est aussi possible de se faire livrer à domicile. La Ruche qui dit oui a lancé A la maison, pour la livraison (gratuite au-delà de 80 € d’achats) le
lendemain de la commande sur la plupart des communes d’Île-de-France. Même principe pour Biocasa, mais là encore les Franciliens sont avantagés. De son côté, Potager City mutualise les productions et compose des paniers à partir de ses fournisseurs; attention néanmoins, certains s’éloignent du locavorisme en ajoutant des produits plus lointains, voire étrangers.
4 Récupérez les surplus des jardins
Le cerisier de votre voisin déborde tant de fruits que même la fabrication effrénée de confitures n’arrive pas à en venir à bout? Proposez-lui de vendre ses surplus (de fruits ou de confitures) ou, mieux encore, de les échanger contre d’autres produits de saison auprès d’apprentis jardiniers différemment pourvus. Les sites et applications TrocPot, Potiron ou encore Fruit and food sont ainsi destinés à l’achat/ vente ou au troc de produits frais du jardin – fruits, légumes, oeufs, etc. Entre voisins bien sûr: ce ne serait pas sérieux de faire 100 km en voiture pour récupérer trois potirons ; évidemment, les habitants de zones rurales auront plus de chance de trouver leur bonheur que les citadins en centreville, bien que ce système permette parfois de découvrir d’étonnants jardins plus ou moins cachés en plein milieu urbain. Sur le même principe, visitez aussi les sites Troc Alimentaire ou Direct Potager, qui agrège propositions de particuliers mais aussi de maraîchers professionnels. Citons aussi la plus connue des applications de lutte contre le gaspillage, ToGoodToGo, qui propose de récupérer les invendus (sous forme de paniers « surprises ») des commerçants autour de vous, à un tiers ou un quart de leur valeur habituelle. Si les commerces traditionnels – boulangers, traiteurs, marchés de primeurs, etc. – sont particulièrement concernés, des producteurs de produits frais sont aussi référencés.
Et comme il n’y a pas plus local que le fond de votre jardin – si vous avez la chance d’en avoir un –, vous trouverez sur Graine de troc ou Graines et plantes des semences en tous genres avant, quelques années plus tard, de proposer vos fruits et légumes sur les applis précitées.
5 Filtrez les petites annonces
En extrapolant un peu, on peut considérer que LeBonCoin doit son succès au locavorisme, appliqué à toutes sortes de biens. Cela ne fait que quelques mois – pandémie oblige – que le mastodonte des petites annonces met en avant les possibilités de livraison, grâce notamment à un partenariat avec Mondial Relay; jusqu’à présent, il privilégiait les remises en main propre et les recherches autour de votre position quand eBay, à l’inverse, prônait l’ouverture au monde et la vente par correspondance – même si l’un des critères de recherche est géographique. Sur le Marketplace de Facebook, les annonces sont aussi par défaut limitées à un périmètre autour de votre position – à condition bien sûr d’avoir activé le GPS de votre smartphone. À l’inverse, la suppression récente de l’option Autour de moi de Vinted, l’application de vente de vêtements de seconde main, a entraîné un concert de protestations : il est néanmoins toujours possible d’effectuer une recherche par nom de ville.
6 Habillez-vous français
Selon l’Insee (en 2015, derniers chiffres disponibles), 87 % des produits textiles (et accessoires) sont fabriqués
hors de France, et que vous les achetiez à la boutique du coin ou sur Amazon n’y changera rien. Contrairement au « Made in France » qui recouvre des situations très différentes, le label « Origine France Garantie » certifie une confection locale, ainsi que l’origine d’au moins la moitié de ses composants; vous trouverez sur le site www.originefrancegarantie.fr la liste – pas si longue – des marques certifiées. Une autre façon de relocaliser ses achats de textiles consiste à opter pour la seconde main, les habits retrouvant ainsi une sorte de virginité locavore. L’application Vinted n’est plus à présenter, mais il existe de nombreuses alternatives: la très branchée Depop, sorte d’hybride entre Vinted et Instagram, Vestiaire Collective pour l’univers du luxe, Ethic2hand orientée vers les habits éthiques ou encore Patatam, une friperie pour femmes et enfants qui vérifie la qualité des articles en vente.
Au-delà des vêtements, il serait intéressant de connaître l’origine de tous les biens de consommation présents dans les rayons. Hélas, il n’existe pas d’application vraiment fiable qui, comme Yuka scanne les produits de grande consommation pour leur attribuer un « nutriscore », ferait de même avec les produits pour accorder un brevet de bonne origine : Made In, par exemple, se contente dans certains cas d’indiquer « le pays où le siège social de l’entreprise est localisé ».
7 Partez tout près de chez vous
Comme le grand voyageur, le locavore explore les beautés du monde qui l’entoure. Mais pas trop loin. Certains sites, comme Weekendesk, filtrent leurs offres en fonction de votre localisation; évidemment, le choix sera plus étendu si vous habitez un grand bassin de population comme Paris (demande oblige), ou dans une zone déjà touristique (au hasard, la Côte d’Azur), qu’un petit village du Territoire de Belfort – sans faire injure à nos lecteurs situés dans ce beau, quoiqu’injustement méconnu, département. Sur FamilyTrip, une rubrique A proximité de recense des escapades à moins de 3 heures des principales métropoles françaises : Paris, Lyon, Marseille, Lille et Toulouse. Enfin, le locavore effectuera des recherches géographiques centrées sur sa localisation sur les principaux sites de location comme AirBnB ou Homelidays.