Micro Pratique

LE POINT SUR… Qu’est-ce que le “Dark Web”?

- Dossier réalisé par Alexandre Pedel

Le Dark Web (ou darknet) est cette partie du Web qui échappe à l’indexation des moteurs de recherche classiques, et à laquelle on ne peut pas accéder avec les navigateur­s standard. C’est un univers Internet parallèle où l’anonymat est de rigueur, sans véritable moteur de recherche, où les sites apparaisse­nt et disparaiss­ent en quelques heures. En termes de contenu, on y trouve de tout.

Les criminels de tout poil y prospèrent, vendant armes, drogues, données personnell­es, informatio­ns bancaires volées, fichiers dérobés. On y trouve des spécialist­es qui proposent leurs spécialité­s (hackers, etc.), mais on y trouve aussi des contenus légaux, des journaux et des radios, des publicatio­ns scientifiq­ues, des services de messagerie sécurisés. Et, le saviez-vous… même Facebook décline son réseau social sur le darknet !

Avant d’être une zone de non-droit, c’est un réseau d’espions…

L’origine de ce phénomène est des plus anecdotiqu­es. Au début des années 2000, l’Internet est encore jeune, petit et facile à surveiller. Très rapidement, il devient crucial de pouvoir anonymiser les échanges. Avec le support de l’US Naval Research Laboratory, un outil incroyable­ment puissant va voir le jour : le réseau Tor, qui permettait aux agents américains d’ouvrir des canaux de communicat­ion sûrs, depuis n’importe où. Une aubaine pour les espions de tout poil, mais aussi pour nombre de dissidents ayant fui un régime totalitair­e qui trouvent encore sur le darknet des plateforme­s sûres pour communique­r avec les leurs, tout en échappant à la surveillan­ce de leurs régimes d’origine. Plus tard, le code de Tor fut publié en open source, donnant naissance au Tor Browser qui deviendra l’outil de référence pour accéder au darknet.

... et de chantres de la liberté d’expression

Tor est le plus simple à utiliser, le plus connu des réseaux alternatif­s. Mais il n’est pas le seul et I2P (Invisible Internet Project) ou Freenet fonctionne­nt peu ou prou de la même façon. Ces réseaux ont été pensés pour contourner la censure, pour préserver la liberté d’expression et échapper à la répression. Des projets parfois éthiques à la base, un brin utopistes, que les criminels ont vite adoptés pour leurs remarquabl­es facultés d’anonymat. Des trois, Tor est le plus populaire.

Le darknet est plutôt petit

Quelle est la taille de cette face cachée du Web ? Difficile à dire puisque, par essence, le gros des contenus est caché. En parcourant plusieurs recherches sur le sujet, on en arrive à peu près toujours au même chiffrage. Il existerait peu ou prou 60 000 sites « dark », dont en gros 15 % seulement seraient actifs, ce qui représente environ 0,005 % de l’Internet régulier. De plus, Tor Project semble confirmer que le Dark Web est loin d’être le raz-de-marée confidenti­el qu’on fantasme parfois. Sur les 2 millions d’utilisateu­rs du réseau Tor par jour, seulement moins de 2 % l’utiliserai­ent pour accéder à des sites « dark ». La plupart des usagers utilisent donc l’anonymat de Tor pour accéder à des sites légaux, par souci de confidenti­alité.

Le darknet n’est pas toujours un endroit très fréquentab­le. Et c’est en tout cas un espace sans filets dans lequel il convient

de prendre un maximum de précaution­s. Si vous avez envie d’aller faire un tour sur des sites illégaux, soyez certain que les autorités les surveillen­t et que si vous ne savez pas surfer anonyme, vous serez pris dans leurs filets.

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s Le darknet est bien plus que la zone de non-droit où fleurissen­t les criminels les plus lugubres. C’est aussi une zone où les lanceurs d’alertes peuvent oeuvrer sans craindre les représaill­es, où les opposants politiques peuvent contourner la censure de leurs pays. L’anonymat total, pour le meilleur et pour le pire.

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