LE POINT SUR… Qu’est-ce que le “Dark Web”?
Le Dark Web (ou darknet) est cette partie du Web qui échappe à l’indexation des moteurs de recherche classiques, et à laquelle on ne peut pas accéder avec les navigateurs standard. C’est un univers Internet parallèle où l’anonymat est de rigueur, sans véritable moteur de recherche, où les sites apparaissent et disparaissent en quelques heures. En termes de contenu, on y trouve de tout.
Les criminels de tout poil y prospèrent, vendant armes, drogues, données personnelles, informations bancaires volées, fichiers dérobés. On y trouve des spécialistes qui proposent leurs spécialités (hackers, etc.), mais on y trouve aussi des contenus légaux, des journaux et des radios, des publications scientifiques, des services de messagerie sécurisés. Et, le saviez-vous… même Facebook décline son réseau social sur le darknet !
Avant d’être une zone de non-droit, c’est un réseau d’espions…
L’origine de ce phénomène est des plus anecdotiques. Au début des années 2000, l’Internet est encore jeune, petit et facile à surveiller. Très rapidement, il devient crucial de pouvoir anonymiser les échanges. Avec le support de l’US Naval Research Laboratory, un outil incroyablement puissant va voir le jour : le réseau Tor, qui permettait aux agents américains d’ouvrir des canaux de communication sûrs, depuis n’importe où. Une aubaine pour les espions de tout poil, mais aussi pour nombre de dissidents ayant fui un régime totalitaire qui trouvent encore sur le darknet des plateformes sûres pour communiquer avec les leurs, tout en échappant à la surveillance de leurs régimes d’origine. Plus tard, le code de Tor fut publié en open source, donnant naissance au Tor Browser qui deviendra l’outil de référence pour accéder au darknet.
... et de chantres de la liberté d’expression
Tor est le plus simple à utiliser, le plus connu des réseaux alternatifs. Mais il n’est pas le seul et I2P (Invisible Internet Project) ou Freenet fonctionnent peu ou prou de la même façon. Ces réseaux ont été pensés pour contourner la censure, pour préserver la liberté d’expression et échapper à la répression. Des projets parfois éthiques à la base, un brin utopistes, que les criminels ont vite adoptés pour leurs remarquables facultés d’anonymat. Des trois, Tor est le plus populaire.
Le darknet est plutôt petit
Quelle est la taille de cette face cachée du Web ? Difficile à dire puisque, par essence, le gros des contenus est caché. En parcourant plusieurs recherches sur le sujet, on en arrive à peu près toujours au même chiffrage. Il existerait peu ou prou 60 000 sites « dark », dont en gros 15 % seulement seraient actifs, ce qui représente environ 0,005 % de l’Internet régulier. De plus, Tor Project semble confirmer que le Dark Web est loin d’être le raz-de-marée confidentiel qu’on fantasme parfois. Sur les 2 millions d’utilisateurs du réseau Tor par jour, seulement moins de 2 % l’utiliseraient pour accéder à des sites « dark ». La plupart des usagers utilisent donc l’anonymat de Tor pour accéder à des sites légaux, par souci de confidentialité.
Le darknet n’est pas toujours un endroit très fréquentable. Et c’est en tout cas un espace sans filets dans lequel il convient
de prendre un maximum de précautions. Si vous avez envie d’aller faire un tour sur des sites illégaux, soyez certain que les autorités les surveillent et que si vous ne savez pas surfer anonyme, vous serez pris dans leurs filets.