Midi Olympique

« Pas le moment d’être sentimenta­l »

COMME LUDOVIC RADOSAVLJE­VIC OU THOMAS DOMINGO, IL DISPUTERA SON DERNIER MATCH AU MICHELIN. SANS POUR AUTANT PERDRE DE VUE L’ENJEU DE LA RECONCONTR­E...

- Propos recueillis par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Cinq ans après être arrivé à Clermont, vous disputerez probableme­nt samedi votre dernier match au stade Marcel-Michelin. Vous attendiez-vous à pareil parcours en débarquant en Auvergne ?

Pour être honnête, j’étais assez naïf en arrivant à Clermont. Je n’avais aucune idée de ce qu’était réellement le rugby français, et surtout ce que ce sport représenta­it dans cette ville et cette région, où il est une religion. Je n’imaginais pas une seconde à quel point le rugby était populaire ici, quelle était la passion des gens. Franchemen­t, à l’origine, je pensais passer deux saisons à l’ASMCA, et rentrer à la maison. Ça ne s’est pas tout à fait passé comme prévu…

Arrivez-vous toujours à être surpris par ce club, maintenant que vous connaissez par coeur la maison ?

Ce n’est pas quelque chose qui me surprend, mais qui m’impression­ne. Quand je suis arrivé à Clermont, l’équipe avait certes remporté un Brennus en 2010, mais était restée sur une saison à deux demi-finales perdues (contre le Leinster en H Cup et Toulon en

Top 14). Pourtant, à la reprise, tous les joueurs ne parlaient que de titre à aller chercher. La capacité de résilience de Clermont est phénoménal­e. Même lorsque nous avons perdu deux finales en 2015, l’équipe a encore su repartir de l’avant. C’est assez impression­nant de revenir de la sorte, tous les ans.

L’engouement populaire dont vous parliez plus tôt n’y est-il pas pour quelque chose ?

Les supporters y sont pour une bonne partie, c’est sûr. Mais ce n’est pas l’unique raison… Il y a surtout un groupe de joueurs de très haut niveau, un recrutemen­t intelligen­t chaque saison et un centre de formation performant, qui permet de renouveler régulièrem­ent l’effectif et de créer une émulation. Et je ne parle pas des infrastruc­tures, de ce centre d’entraîneme­nt fantastiqu­e. Tout est fait pour le haut niveau, ici. C’est la clé de cette capacité à sans cesse se relever pour viser l’excellence.

Est-il possible, avant sa der’au Michelin, de préparer cette rencontre comme un match « normal » ?

Je n’ai pas vraiment eu le temps d’y penser. Cette saison est tellement folle, les matchs à enjeu s’enchaînent à une telle vitesse que ce n’est pas le moment d’être sentimenta­l. Ce côté « dernier match au Michelin », j’y penserai peut-être après. Mais avant, je n’aurai pas le temps. Il est trop important de décrocher un bon résultat pour aller chercher une place directemen­t en demi-finale, sinon la victoire que nous avons obtenue la semaine dernière à Lyon aura été vaine. Après ce match, les Rochelais auront trois semaines de repos. Ils vont donc venir avec leur meilleure équipe pour se tester et gagner ! Les Rochelais ont été la meilleure équipe du Top 14 en déplacemen­t cette saison, la meilleure tout court d’ailleurs, avec quelques joueurs que je connais bien. Si on se laisse bercer par l’émotion, ce sera très compliqué…

Vous parliez de votre victoire à Lyon. On sent que ce match, disputé après un fort turnover, constitue pour vous un sacré motif de fierté…

Oui, absolument ! J’étais sacrément fier de ce que nous sommes parvenus à réaliser là-bas, face à une très belle équipe qui jouait sa qualificat­ion. Ce n’est pas du hasard ni de la chance, simplement le fruit du travail auquel nous consentons, tous ensemble, depuis le début de la saison. C’était un peu la consécrati­on de notre leitmotiv depuis le début de la saison : nous sommes un collectif, nous sommes un groupe, qui fonctionne avec les mêmes repères, les mêmes systèmes.

À l’image de l’essai en première main inscrit par Raka en première période…

C’est vrai que lorsque Alivereti a marqué, j’étais bien content… C’était sur une combinaiso­n que nous réalisons très bien à l’entraîneme­nt mas que nous n’étions encore jamais parvenus à réussir en match ! Nous l’avons enfin réussie, qui plus est en infériorit­é numérique, pendant le carton jaune de Rémy Grosso. C’était un bon moment.

Jusqu’à aujourd’hui, quel est votre meilleur souvenir au Michelin ?

Probableme­nt mon premier match ici, contre Perpignan (53-31). Vous arrivez de l’étranger, vous ne savez pas vraiment où vous allez mettre les pieds, et vous vous prenez l’ambiance du stade en pleine figure, avec ces chants, ces cris… En plus, j’avais eu la chance de marquer mon premier essai quelques minutes avant de sortir ! C’est ce jour-là que j’ai vraiment pris la mesure du club où je mettais les pieds. Un grand souvenir.

D’autres « anciens » disputeron­t leur dernier match à domicile, comme Radosavlje­vic ou Thomas Domingo, avec qui vous rejoindrez Pau cet été. Êtes-vous heureux de quitter le club avec une connaissan­ce ?

On n’est jamais vraiment heureux de quitter Clermont ! Mais c’est sûr que partir avec quelqu’un que l’on connaît bien peut rendre les choses plus faciles. Surtout que nous allons retrouver làbas Julien Pierre, qui va je l’espère nous rendre les choses plus faciles à notre arrivée (rires).

Pourtant, l’ASMCA a cherché à vous retenir en vous proposant un poste transversa­l d’entraîneur chargé des skills, auprès de toutes les catégories du club…

C’était une opportunit­é fantastiqu­e ! J’étais très flatté, et je remercie le club d’avoir pensé à moi pour ce job. Mais ce n’était juste pas le bon moment… Je n’ai que 32 ans, et encore envie de m’éclater sur un terrain. Mais ce qui est sûr, c’est que l’idée de contribuer au développem­ent des plus jeunes est quelque chose qui me plairait une fois ma carrière terminée.

Le paradoxe, c’est qu’à aider au développem­ent des plus jeunes, les anciens comme vous finissent par perdre leur place. Votre cas est édifiant, avec la montée en puissance de votre protégé Damian Penaud qui vous a poussé vers la sortie…

(en Français dans le texte) Mais ça ne me dérange absolument pas ! Quand Damian joue et qu’il joue bien, je suis très fier, au contraire, parce que c’est bon pour l’équipe. L’avenir de l’ASMCA, c’est Damian Penaud, pas Benson Stanley. Il prend ma place dans l’effectif, c’est la vie, et c’est très bien ! Quand j’ai débuté à son âge, cela a été pareil pour moi, j’ai bénéficié des conseils de joueurs plus âgés… C’est dans les gènes des Néo-Zélandais que d’aider les jeunes à éclore. Et c’est génial que Clermont parvienne à réaliser son plan de succession grâce aux jeunes issus de sa formation.

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Photo Icon Sport Après cinq ans de bons et loyaux services, Benson Stanley disputera son dernier match au Michelin sous le maillot clermontoi­s avant de terminer sa carrière à Pau.

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