« JE M’AUTORISE UN RÉFLEXE ÉGOÏSTE »
L’ANCIEN CAPITAINE DU XV DE FRANCE FERA SES ADIEUX À ERNEST-WALLON APRÈS ONZE SAISONS PASSÉES EN ROUGE ET NOIR. IL VEUT ESSAYER DE PROFITER DE SES DERNIERS MOMENTS.
Ne cherchez pas un enjeu sportif ce samedi à ErnestWallon pour cette confrontation entre Toulouse et Bayonne, deux clubs qui ont raté leur saison. Pourtant, l’émotion sera de la partie. Thierry Dusautoir, onze saisons à défendre le maillot rouge et noir le portera pour la dernière fois. Et l’ancien capitaine du XV de France mérite une sortie à la hauteur de la sueur et du sang versés sur cette pelouse d’Ernest-Wallon. Un hommage attendu qui est passé inaperçu dans cette semaine si particulière du côté du quartier des Sept-Deniers. Polémique, coups bas, feux et contre-feux, le départ à la retraite de Thierry Dusautoir est passé au second plan. « J’ai décidé de faire abstraction de l’atmosphère qui pèse autour du club actuellement. Je vis mes derniers moments de joueur de rugby et je sais que je n’aurai pas de deuxième chance. J’essaie de profiter un maximum de ces derniers moments qui méritent d’être vécus. C’est un réflexe égoïste mais aujourd’hui je me l’autorise. J’ai encore envie de me fabriquer le maximum de souvenirs dans le peu de temps qu’il me reste. » Et le temps a filé cette semaine sans pouvoir le retenir. Le troisième ligne aile qui portera le maillot rouge et noir pour la 250e et dernière fois en compétition officielle ce samedi face à Bayonne a déjà imaginé ces derniers moments : « Cette semaine est forcément particulière, avec beaucoup de sollicitations mais je crois que le plus sympa et le plus fort en émotions ça sera le jour du match. Je pense à ce dernier rendez-vous depuis que je sais que je vais arrêter. Je me demande forcément comment ça va être. C’est un moment que j’ai vécu à travers d’autres joueurs avant moi. Je me suis toujours demandé ce qu’ils pouvaient ressentir dans ces derniers moments. » Cette semaine, il a pensé fort à ses premiers pas avec le Stade toulousain, aux quatre titres gagnés (trois Boucliers de Brennus, une Coupe d’Europe), aux joueurs qu’il a côtoyé pendant toutes ses années et qui devraient garnir en nombre les tribunes ce samedi. « Je n’avais que 24 ans quand je suis arrivé. Ce club m’a fait grandir et j’y suis devenu un homme. Il faut avoir joué dans ce club pour se rendre compte de ce qu’il représente. C’est une institution qui dépasse la ville de Toulouse. Il existe un amour véritable pour ce club qui va au-delà des frontières du département et même de la région. C’est pour cela que c’est difficile de vivre une telle saison. »
PRÊT À RENDRE SERVICE
Thierry Dusautoir aurait aimé guider ses hommes encore une fois en phase finale mais l’heure n’est pas aux regrets. Elle ne peut pas l’être : « L’histoire est trop riche pour que mes souvenirs se limitent à cette dernière saison manquée même si j’aurai souhaité quitter le club, qui m’a permis de gagner des titres et d’être international pendant neuf ans, en le laissant à la place où il se trouvait quand je suis arrivé. » Alors même s’il s’est coupé d’un contexte qui aurait pu lui voler ses derniers moments de rugbyman professionnel, Thierry Dusautoir n’en oublie jamais de jouer collectif : « Terminer l’année sur une bonne performance ferait du bien à tout le monde. Une victoire permettrait de donner un nouvel axe plus positif pour travailler sur la saison prochaine. Personnellement, j’aimerais terminer sur un bon souvenir mais l’avenir du club est plus important. » D’ailleurs, même si l’ancien capitaine du XV de France a déjà programmé une reconversion professionnelle très riche, il se dit prêt à rendre service : « On verra comment les choses vont s’organiser au Stade toulousain. Mais aider, quelle que soit la mission, ne me dérangerait pas. ça me ferait même plaisir. » Un plaisir qu’il espère transmettre une dernière fois à son public d’Ernest-Wallon.