LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNÉ
MERCREDI MATIN, LES JOUEURS GRENOBLOIS ONT DISPUTÉ LEUR DERNIER ENTRAÎNEMENT DE LA SAISON, AVANT L’ULTIME APPARITION SAMEDI EN TOP 14, AVANT LA RELÉGATION EN PRO D2. AMBIANCE.
«Les hommes, je me rappelle l’avoir lu dans je ne sais quel livre où il n’y avait que cela de bon, les hommes sont tous condamnés à mort
avec des sursis indéfinis. » La citation, tirée du Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo, colle on ne peut mieux avec la semaine vécue par le FCG. Non que la relégation d’un club soit synonyme de mort sportive, loin s’en faut. Pour avoir déjà éprouvé pareille situation, et même vécu bien pire, le FCG sait bien qu’un club aux racines aussi bien ancrées que lui dans son terroir pourra toujours rebondir. N’empêche qu’en ce mercredi 3 mai 2017, flottait une drôle d’ambiance aux abords du stade Lesdiguières, sous le regard de la dernière poignée de supporters venue soutenir ses hommes avant la réception du Lou, pour un « derby » rhonalpin en aux airs diaphanes de passation de pouvoir. « Allez
Sergio, c’est la dernière fois ! », lançait ainsi l’ouvreur Jonathan Wisniewski au fidèle des fidèles venu une fois de plus lui renvoyer les ballons pendant sa séance de tirs au but. « Qu’il pleuve,
qu’il vente, qu’il neige, il a toujours été là, nous confiait le capitaine alpin, quelques minutes avant de lui offrir le beau cadeau d’un maillot, pour le remercier de son indéfectible présence. Si l’année a été trèst éprouvante, c’est pour des gens comme ça que nous nous devons de bien la terminer au Stade des Alpes. » « Je suis cassé de partout, la saison a été longue, souriait le jeune Clément Gelin, appelé à enchaîner samedi sa troisième titularisation en Top 14 (la cinquième au total), avant d’être appelé à davantage de responsabilités la saison prochaine. Mais en même temps, cela
fait du bien d’engranger du temps de jeu. Et ce serait bien de la conclure par une victoire.» SOUS L’OEIL DISCRET DU FUTUR STAFF Car oui, la vérité est là : après avoir longtemps combattu l’inéluctable, tenté de lutter jusqu’au bout pour obtenir un improbable maintien tant que celui-ci n’était plus mathématiquement envisageable, les Grenoblois ont craqué lors de leurs deux dernières sorties, encaissant plus de 100 points en deux rencontres, face à Clermont et Bayonne. Un peu comme un condamné lâche prise, une fois ses derniers espoirs de grâce présidentielle éteints. Comme l’écrivait Hugo, encore… « Le pourvoi, c’est une corde qui vous tient suspendu au-dessus de l’abîme, et qu’on entend craquer à chaque instant, jusqu’à ce qu’elle se casse. C’est comme si le couteau de la guillotine mettait six semaines à tomber. » On appréciera l’ironie et la justesse de la métaphore… Mais un peu moins, malgré tout, l’ampleur de ces deux derniers accrocs qui, bien qu’humainement compréhensibles, ont rappelé à bien des supporters la fin de saison en eau de boudin de la saison dernière.Voilà pourquoi l’enjeu de cette réception du Lou dépassera de loin le strict cadre du « derby de l’A48 ». Il s’agira, en effet, de poser des jalons quant à la saison prochaine, et d’offrir au public du stade des Alpes des gages comme quoi leurs favoris ne lâcheront rien. Hasard ou pas, ce mercredi, ont également été aperçus dans l’enceinte de Lesdiguières les futurs entraîneurs Stéphane Glas et Dewald Senekal qui, accompagnés du futur directeur du rugby Franck Corrihons et du président délégué Michel Martinez, ont effectué un premier « tour du propriétaire », et jeté un oeil distant mais non moins avisé sur l’entraînement du jour. Lee dernier d’une saison dont on attend qu’elle se termine, au moins, s ur un chant du cygne…