Midi Olympique

TALENT CACHÉ

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

force de gagner, on va peut-être finir par le remarquer et lui donner le crédit qu’il mérite. L’Irlandais Mark McCall est avare de sourires et de déclaratio­ns fracassant­es. Son visage de cire et son ton souvent monocordes font qu’il passe souvent après ses joueurs vedettes en termes de reconnaiss­ance médiatique. Joueur, il ne fut qu’un modeste internatio­nal de la pire époque du XV du trèfle. Il brilla même par sa malchance en manquant le titre de champion d’Europe de l’Ulster. Il était le capitaine de l’équipe mais dut arrêter sa carrière en cours de saison à cause d’une blessure au cou. Mais pourtant huit ans après son arrivée à Londres il est à la poursuite de son sixième trophée majeur. Avec l’Ulster, il avait soulevé la Ligue Celte en 2006, avec les Saracens et leur puissance de feu, il a déjà empoché trois titres anglais plus une coupe d’Europe.

PASSÉ PAR CASTRES

Le public français a peut-être oublié qu’il fut aussi entraîneur de Castres, appelé en cours de saison 2007-2008 après le limogeage d’Ugo Mola. Il restera dans le Tarn jusqu’en 2009 sans avoir brillé de mille feux c’est vrai. Mais les patrons des Saracens avaient eu vent de sa rigueur. C’est le tonitruant manageur sudafricai­ne Brendan Venter, son exact opposé, qui est venu le chercher avant de lui laisser sa place en plein milieu de la saison 2010-2011. McCall n’a pas laissé passer l’occasion… Il a su construire une vraie machine de guerre, capable de régner sur la durée comme avaient su le faire Bath, Leicester ou les Wasps en leur temps. « C’est un grand cerveau du rugby. Il est très intelligen­t, il est brillant et il réfléchit beaucoup, » détaille Jeremy Davidson qui le connaît depuis plus de vingt ans. Les deux hommes ont joué ensemble dans les années quatre-vingt dix en Ulster et se sont retrouvés pour entraîner ensemble à Castres.

« Oui, il est discret, il n’est pas bavard mais il sait quand même parler à tout le monde. Il est très fort pour créer des liens dans une équipe. Il est très humain en fait. Mais il ne se met pas en avant, c’est peut-être le signe qu’il est un grand entraîneur. Il fait tout pour l’équipe, il ne cherche pas à soigner son ego en brillant dans les médias, » poursuit Davidson. McCall est désormais la clé de voûte d’un club généreusem­ent financé par de puissants actionnair­es, garantie d’un effectif stable et d’une politique à long terme. « Quand il est arrivé, les Saracens jouaient un jeu d’occupation et de défense. Il a su les faire évoluer. on voit désormais l’équipe contre-attaquer », complète Davidson. Il est vrai qu’avec un trident Brown-AshtonMait­land (blessé samedi), c’est plus facile qu’avec des perdreaux de l’année, sauf quand ils ont pour nom, Maro Itoje que McCall a fait débuter à 18 ans chez les profession­nels. « Mais ce n’est pas qu’un technicien, c’est un formidable meneur d’hommes. Il sait exactement sur quels leviers agir pour motiver les joueurs. Il sait nous préparer sans faille pour chaque rencontre. »

Malgré sa sobriété légendaire, McCall gagne peu à peu ses galons médiatique­s. Il a déjà eu droit à son titre dans le Daily Telegraph : « Un entraîneur en herbe pour l’Angleterre ». La succession d’Eddie Jones, après 2019, fait déjà couler de l’encre. On pourrait aussi penser à lui pour l’Irlande si Joe Schmidt venait à rendre son tablier.

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