Midi Olympique

À ÉCRIRE AU FUTUR

- Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Voir Edimbourg et mourir, le Stade français l’a déjà fait. C’était en 2005 lors de la finale de H Cup perdue après prolongati­ons face au Stade toulousain. Jouer une finale européenne et flirter avec une faillite financière, ça aussi, les Parisiens l’ont déjà vécu. C’était en 2011 avec l’épisode tragi-comique de la Facem quelques semaines après avoir abandonné dans les dernières secondes de l’Amlin Cup face aux Harlequins de Londres. Que nous réserve le club de la capitale vendredi soir contre Gloucester et dans les jours qui vont suivre ? Il y a peu, tout était encore possible. « A-t-on déjà vu un club sacré champion d’Europe déposer le bilan en suivant », s’interrogea­it d’ailleurs de façon peu ironique un joueur de l’effectif parisien avant le derby face au Racing 92. Mais ça, c’était avant que ne fleurissen­t les projets de reprise. Évidemment, à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’avenir du Stade français s’écrit toujours au conditionn­el. L’actuel président Thomas Savare est passé jeudi devant les membres de la DNACG, le gendarme financier du rugby profession­nel. Sans doute a-t-il rassuré. De dépôt de bilan, il n’y aura pas. Les garanties financière seront-elles suffisante­s pour éviter une rélégation administra­tive ? Les éléments plaident en la faveur d’un maintien en Top 14. Mais, le 30 juin prochain, celui qui a sauvé le club en 2011 passera la main, lassé de piocher dans son portefeuil­le.

C’est donc dans ce contexte et une incertitud­e pesante que Sergio Parisse et ses partenaire­s ont préparé cette finale. « C’est effectivem­ent un match très particulie­r pour plein de raisons, avoue l’internatio­nal italien. Mais je reste joueur, si on ne me demande pas mon avis, je me tais et j’essaie d’être le meilleur sur le terrain. » « Je ne regarde pas ce qui passe en coulisse, ajoute l’ailier Djibril Camara. J’ai entendu parler du projet des anciens, d’un milliardai­re allemand, mais je ne le connais pas et il ne me connaît pas non plus (rires). Aujourd’hui, je veux juste être champion d’Europe. » Ou comment balayer d’un simple revers toute pollution extrasport­ive.

On en oublierait presque l’épisode de la non-fusion. Depuis le 13 mars dernier, le Stade français vit dans un monde parrallèle. Galvanisés par ce qu’ils ont vécu comme une injustice pour certains, un manque de respect pour d’autres, les Parisiens sufent sur une dynamique improbable. « Avant cette date, on parlait de maintien, de sauver la saison, se souvient le pilier Rabah Slimani. Aujourd’hui, on a la chance de pouvoir de pouvoir gagner un titre de champion d’Europe. Ce n’est pas rien. »

Outre la « remontada » en Top 14 avec une 7e place inespérée il y a deux mois (le club était 12e au soir de la 22e journée), les Parisiens ont donc arraché cette place en finale européenne après avoir surpris les Ospreys en quart de finale (21-25), en évoluant une grande partie de la rencontre à 14 (carton rouge de Raisuqe), avant de disposer des Anglais de Bath en demi-finale à Jean-Bouin (28-25). Un parcours totalement improbable au coeur d’une atmosphère souvent étouffante, parfois électrique.

ACCEDEBANT ENIM EIUS ASPERITATI

Avant eux, plusieurs génération­s de stadistes se sont cassées les dents, brisé les reins au pied d’un titre continenta­l. En vrac : Marconnet, De Villiers, Pichot, Hernandez, Roncero, Auradou et tant de grands noms n’ont pas vécu le bonheur de soulever ni grande, ni petite coupe d’Europe avec le Stade français. « C’est une chance incroyable qui s’offre à nous, jure Slimani qui prendra la direction de Clermont en fin de saison. On peut entrer définitive­ment dans l’histoire de notre club. Pour beaucoup d’entre-nous, nos chemins vont se séparer dans quelques semaines. On a vraiment envie de vivre une dernière belle histoire.» Et de confesser : «J’aimerais bien aller voir samedi la finale de Champions Cup de l’ASM avec la Challenge Cup sous le bras.» Après ? Une nouvelle ère s’ouvrira probableme­nt, avec d’autres acteurs, une autre vision. «Mais, j’aimerais qu’on laisse les joueurs se concentrer sur le présent, a soufflé mardi en conférence de presse le directeur sportif Gonzalo Quesada. Parce que, très franchemen­t, si on ne parvient pas à gagner cette finale, nous serions tous extrêmemen­t déçus.»

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