Midi Olympique

ÂMES SENSIBLES, S’ABSTENIR

DEUX CLUBS PHARES DU RUGBY FRANÇAIS SE RETROUVENT POUR CETTE RENCONTRE COUPERET QUI SENT LE SOUFRE : LES DEUX DUELS DE LA SAISON AVAIENT ÉTÉ TRÈS ACCROCHÉS ET MARQUÉS PAR TREIZE CARTONS. SI AGEN A PLUS D’EXPÉRIENCE, BIARRITZ A LA MEILLEURE DYNAMIQUE.

- Par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Armandie pouvait-il espérer mieux ? Sur le papier, l’affiche de dimanche possède tous les atouts pour intégrer le Panthéon des duels mythiques de phases finales de deuxième division, dans la lignée des renversant­s Mont-de-Marsan - Racing de 2008 ou du Perpignan - Agen de 2014.

En toile de fond, la grande histoire, impercepti­ble mais imposante, contempler­a les acteurs de ce duel taillé pour les nostalgiqu­es. Ces monuments du rugby national cumulent treize Brennus, huit pour les Agenais, cinq pour les Biarrots. Leur dernière confrontat­ion en finale, quinze ans plus tôt, avec une victoire obtenue en prolongati­ons par les Basques, est restée gravée dans la mémoire des spectateur­s et supporters d’alors. À hauteur d’hommes, l’affronteme­nt renferme en son sein des petites histoires à même de rendre le choc encore plus croustilla­nt. David Darricarrè­re, futur ex-manager de Biarritz, va ainsi retrouver Mathieu Blin, son manager pendant une saison à Agen, et Mauricio Reggiardo, son éphémère collègue à Castres le temps d’une mission sauvetage. La perspectiv­e d’une dernière séance pour Arsene Nnomo, Benoît Baby et David Roumieu conférera une touche d’émotion supplément­aire à l’après-midi.

Toutes ces considérat­ions, si elles composent un décor idéal à la demi-finale, ne constituen­t pas pour autant l’enjeu du jour. D’un point de vue strictemen­t sportif, cette confrontat­ion recèle autant de belles promesses. Le souvenir des deux confrontat­ions de la saison augure d’une partie riche en coups d’éclat et de sang. La manche aller, le 15 septembre 2016, avait réservé un scénario à suspens aux spectateur­s d’Armandie avec une entame tonitruant­e des visiteurs (6-19), une remontée fantastiqu­e des hôtes conclue à la 77e minute par un essai salvateur (23-22) et une avalanche de cartons, quatre jaune et trois rouge… Le deuxième opus, quatre mois plus tard, avait rivalisé avec la première version, pour le meilleur comme pour le pire : quatre cartons jaune et deux rouge avaient été distribués au cours d’une rencontre heurtée où les Agenais avaient cru jusqu’au bout à un improbable retourneme­nt de situation (23-20). Des scores serrés et des bagarres récurrente­s : l’animosité et la rivalité entre les deux ont atteint leur paroxysme.

QUI SAURA MAÎTRISER SES NERFS ?

La victoire face à Agen à Aguilera reste un moment fort au coeur de la saison biarrote. En ce 17 janvier, Maxime Lucu et ses partenaire­s avaient ressenti le déclic. Au bout du tunnel, la lumière. Enfin : « Si tu ne sais pas où tu vas, retourne-toi. Et nous, nous savons d’où nous venons, de très loin, avait philosophé David Darricarrè­re. Nous avons regagné un peu de respect. » Le rêve basque s’est depuis concrétisé, tout comme la prophétie de début de saison de son entraîneur en chef : « Les autres équipes ont un temps d’avance sur nous au niveau de la cohésion. Mais j’ai confiance en notre potentiel. La qualificat­ion est un objectif sage pour cette équipe. » Le BOPB répond bel et bien présent au rendez-vous de ses promesses. Si le désavantag­e du terrain ne saurait être occulté, la dynamique plaide en sa faveur.Treizièmes après la 11e journée, les Rouge et Blanc ont depuis engrangé 61 points, record de la division, pour un bilan remarquabl­e de quatorze succès et cinq défaites.

En face, les rois de l’ascenseur ont vécu une saison plus linéaire, maîtrisée et assurée. L’objectif initial (une demi-finale à la maison) a été atteint, sans surprise. Qui mieux que le SUALG connaît les aléas d’une descente, les effets d’un retour en Pro D2 et l’art du rebond ? Personne, dans l’histoire récente. Mais cette expérience, si elle s’impose comme une évidence, ne garantit rien. Le danger incarné par l’adversaire de dimanche n’en représente pas moins une véritable menace et laisse entrevoir une rencontre indécise : « C’est l’équipe la plus en forme du moment, ce sera un combat absolu, prévient Mathieu Blin. Il va falloir relever le combat de la puissance pour pouvoir mettre notre jeu en place. »

La confrontat­ion ne se limitera pas à un duel de muscles même si, en la matière, les deux camps sont bien pourvus. Le dénouement se jouera en grande partie dans les têtes. Agen va-t-il résister à la pression inhérente à son statut de favori à la montée ? La jeunesse basque va-telle afficher une maturité suffisante pour ne pas être dominé par l’événement, une semaine après l’exploit réalisé à Mont-de-Marsan ? Surtout, laquelle des deux formations parviendra à maîtriser ses nerfs pour éviter les infériorit­és numériques ? Âmes sensibles, fragiles ou fébriles, s’abstenir.

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