Midi Olympique

ET LE SILENCE TOMBA SUR KYOTO...

L’AMBIANCE ÉTAIT LÉGÈRE À KYOTO, DANS LE CADRE DU SOMPTUEUX GEIHINKAN, PALAIS DE RÉCEPTION OFFICIEL DES EMPEREURS. JUSQU’À CE QUE LE TIRAGE AU SORT NE DÉSIGNE UNE POULE C D’UNE DENSITÉ EXCEPTIONN­ELLE, QUI VERRA LE XV DE FRANCE AFFRONTER, ENTRE AUTRES, L’A

- Guy Novès et les entraîneur­s des nations déjà qualifiées pour la Coupe du monde 2019 au Japon, lors du tirage au sort . Par Robert VERDIER, correspond­ant

Après que le Premier ministre Abe eut installé le Japon en Poule A, les premiers tirages dessinèren­t rapidement deux poules fort abordables pour le pays hôte, la A et la B, une Poule D très équilibrée avec la Géorgie et une Poule C « piégeuse » avec l’Argentine, une équipe du Pacifique et la meilleure équipe d’Amérique du Nord. Des émotions qui tournèrent à la joie mesurée avec le tirage de l’Écosse, l’équipe supposée (à tort ?) la plus faible du deuxième panier, avant qu’un murmure commence a parcourir le public lorsque la France rejoignit la déjà dense Poule C… Enfin, le dépouillem­ent du dernier panier commença par un soupir de soulagemen­t lorsque l’Irlande vint compléter le groupe du Japon, formant un groupe très « européen » et fort abordable pour le pays hôte, dans l’optique d’une historique participat­ion aux quarts de finale. Mais cela, c’était juste avant qu’un grand silence ne s’abatte sur Kyoto, avec l’arrivée de l’Angleterre aux côtés de la France en Poule C… Jusqu’à ce que, petit à petit, des voix en Anglais ou en Japonais s’élèvent jusqu’à parler de « groupe de la mort »… L’Angleterre, la France, l’Argentine, le deuxième du Pacifique, le meilleur d’Amérique du Nord.Y avait-il déjà eu un groupe aussi relevé dans l’histoire des phases de poule de Coupe du monde ? Jamais dans celle du XV de France, en tout cas…

L’INCONNUE DE L’ADAPTATION AU CLIMAT JAPONAIS

L’impression était en tout cas si forte que Steve Hansen, premier entraîneur à passer en conférence de presse, se voyait assailli non pas de questions quant au tirage des All Blacks (malgré leur confrontat­ion avec l’historique rival des Springboks), mais bien sûr… la Poule C, et son sentiment au sujet d’une poule aussi relevée… Photo AFP Quant à Guy Novès, convié de manière surprenant­e en compagnie de l’entraîneur argentin Daniel Hourcade, celui-ci semblait très calme face à cette situation. « Oui, confirmait-il, il s’agit d’une poule très dure, et la France va essayer de rivaliser en respectant ses quatre adversaire­s. » Sa seule concession à la tension ambiante ? « La compétitio­n démarre dès aujourd’hui, assénait l’ancien gourou du Stade toulousain. Il est important de construire une confiance au sein de l’équipe durant les deux ans à venir. »

JONES : « POUR ÊTRE CHAMPION, IL FAUT BATTRE TOUT LE MONDE »

En revanche, Novès comme Hourcade s’accordaien­t pour affirmer que « démarrer une compétitio­n par des matchs difficiles est idéal, puisque cela permet d’être mobilisé et préparé dès le premier match. » L’unique point de dissonance entre les deux hommes résidant dans les propos du sélectionn­eur argentin, qui avançait que « l’expérience qu’a eue l’Argentine d’évoluer au Japon et de connaître son climat constituer­a un avantage », Guy Novès faisant quant à lui dans le pragmatism­e en estimant « que ce soit au Japon, en Argentine ou en France, un match reste un match, et les équipes seront à égalité. »

De son côté, Eddie Jones jouait comme d’habitude la carte du contre-pied, en refusant carrément le qualificat­if de « groupe de la mort ». « Pour être champion du monde, qu’il s’agisse des matchs de poule ou éliminatoi­res, il faut battre toutes les équipes. Il vaut mieux que les matches soient difficiles dès le début. » Tout en refusant le statut de favori qui semble pourtant devoir coller à l’Angleterre, au vu de son statut de deuxième nation mondiale. « La France est l’équipe qui a le plus progressé au niveau mondial depuis un an et le défi sera énorme. » Même si, en vue de ce challenge, M. Eddie ne pense pas encore à faire appel à son grand ami Marc Dal Maso pour conseiller la mêlée anglaise… L’Angleterre est effectivem­ent l’un de nos rivaux principaux, même si l’Afrique du Sud, l’Australie et la France progressen­t sans arrêt. Quand la Coupe du monde arrive, n’importe laquelle de ces équipes est en mesure de la remporter. C’est un rugby de K.-O. et vous ne pouvez pas vous permettre de perdre. L’Angleterre sera forte. Elle s’améliore de plus en plus chaque jour, mais elle est tombée dans une poule très relevée. Tout le monde va la regarder et se dire que la Poule C est la poule de la mort, tout en disant que les poules A et B sont un peu faciles. En ce qui nous concerne, affronter l’Afrique du Sud dès les matchs de poule s’annonce excitant. C’est notre rival historique, et nous serons prêts à disputer une grande rencontre. Concernant l’idée de passer deux mois au Japon, nous essaierons d’arriver suffisamme­nt tôt pour nous habituer au climat, à la cuisine. Ici, tout est très différent et nous ne voulons rien laisser au hasard.

Nous savions, en raison de notre classement, que nous risquions de tomber sur ce genre de tirage. Est-ce le groupe de la mort ? Je ne crois pas. L’Angleterre et la France sont de grands rivaux mais nous devons aussi penser aux autres équipes. Toutes les nations arrivent à la Coupe du monde au meilleur de leur forme. Ce qui s’est passé avant n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est qui vient face à nous le jour J.

En 2015, l’Afrique du Sud a appris ce qu’il ne faut surtout pas faire pour aborder les matchs de poule. Nous arriverons au Japon à temps, dans le but d’être parfaiteme­nt au point dès le premier match, afin de ne pas avoir de boulet à traîner pour la suite de la compétitio­n.

Le Japon n’a encore jamais battu de nation européenne dans le cadre de la Coupe du monde. Si nous voulons accrocher une qualificat­ion, il faudra y parvenir cette fois. En Europe plus qu’ailleurs, le dicton « no scrum, no win » se vérifie souvent. Nous avons maintenant deux ans pour effectuer tout le travail nécessaire, afin de rivaliser dans ce secteur.

Tout le monde est dans le même bateau, bien que la Poule C semble la plus difficile. Nous sommes relativeme­nt contents. Australie, plus sans doute les Fidji et le Canada, ce sera une poule assez relevée aussi, qui ressembler­a de près à ce que nous avons connu en 2015. Nous avons d’ailleurs de la chance car nous rencontron­s l’Australie et la Géorgie en novembre prochain. Sachant que pour nous le coup d’envoi se fera en juin face au Tonga et au Samoa, que potentiell­ement nous pourrions également avoir dans la poule.

Quand vous venez dans ce genre de compétitio­n, vous voulez affronter les meilleurs. Nous allons jouer contre des équipes qui ont remporté plusieurs fois la Coupe du monde. Objectivem­ent, ces deux équipes (Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud) sont largement au-dessus de nous, mais le sports est étrange parfois...

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