Midi Olympique

« Si les choses avaient été bien faites, je serais encore Parisien »

- Propos recueillis par A. B.

Partir sur un titre européen, était-ce un rêve ?

Il y a bien pire (rires). C’était presque inespéré par rapport à la saison que l’on a traversé. Personne ne nous voyait à ce niveau-là. Il y a encore trois mois, on luttait pour ne pas descendre. C’est vraiment une des saisons les plus bizarres que j’ai passées. Mais c’est aussi une des plus riches en émotions après notre titre de champion de France (en 2015). Là, on est champion d’Europe. On a montré que le Stade français est toujours là et continuera d’exister. Maintenant, on ne va pas mâcher les mots, c’est un groupe qui va disparaîtr­e. Mais on a montré que c’est un groupe qui avait des valeurs.

Qu’est ce qui prédomine comme sentiment ?

Un titre européen, ce n’est pas rien. Alors oui, ce n’est pas la Champions Cup, mais c’est quand même la conclusion d’une belle histoire et un beau trophée. Après notre fin de saison, ça aurait été bête de ne rien gagner et de partir sans rien. Là, j’ai quand même l’impression qu’on finit la saison de la plus belle des manière. Mais attention, elle n’est pas encore finie. Il nous reste un match de barrage, peut-être deux, pour emmener le club en Champions Cup.

N’avez-vous pas de regret justement d’avoir raté la qualificat­ion pour la Champions Cup en décrochant la sixième place en Top 14 ?

Si on se dit ça, on peut revenir sur beaucoup de matchs de cette saison. On peut se demander si on aurait pas dû essayer d’enlever le point de bonus défensif au Racing lors du dernier derby. On loupe les phases finales d’un point. Des fois dans la saison, on se dit : « Ce point pourrait coûter cher à la fin de la saison »… Il y a ce match que l’on perd à Lyon, où l’on mène de presque 20 points et où l’on perd. Celui contre Toulouse, à domicile, où on prend un contre en fin de match… C’est comme ça, c’est le sport. Il y aura des phases finales sans nous. Mais il nous reste un match à Jean-Bouin, la semaine prochaine, pour ce barrage de Coupe d’Europe. Et, si on le gagne, il restera un match en Angleterre. Pour l’instant, on va savourer cette victoire.

Les émotions vécues vous donnent-elles des regrets d’avoir fait le choix de partir ?

Non, parce que c’est la vie de sportif de haut niveau. Pour moi, il était important de partir voir autre chose, pour évoluer dans mon rugby, pour sortir de ma zone de confort. Parce que ce serait facile pour moi de rester dans mon cocon, au risque de ne plus progresser. J’ai besoin de voir une autre méthode de travail. Maintenant, ça va être bizarre, je n’aurai plus mes potes avec moi.

Qu’est ce qui vous vraiment décidé à partir ?

Beaucoup de choses, mais quand j’ai rencontré JeanMarc Lhermet, j’ai été séduit par le discours et notamment sur la gestion du temps de jeu des internatio­naux. À Paris, j’ai toujours beaucoup joué, beaucoup donné. Ça m’a parfois desservi pour ma carrière internatio­nale. Et j’ai envie de mettre toutes les chances de mon côté.

Lorsque votre départ pour Clermont a été annoncé, le président Savare a annoncé que vous alliez devenir le joueur français le mieux payé, sous-entendant que vous partiez pour l’argent. Comment aviez-vous accueilli ces propos ?

Je n’ai pas envie de revenir sur cet épisode. Les négociatio­ns avec mes dirigeants ne se sont pas bien passées. Si les choses avaient été bien faites, je pense que je serais encore Parisien aujourd’hui. Mais je ne regrette pas du tout mon choix. Quand je vois aujourd’hui ce qui s’est passé autour de la fusion, je pense que j’ai eu raison. Durant cette période, je me suis dit que vraiment j’avais fait le bon choix.

Qu’est-ce qui vous manquera le plus à Paris ?

Malheureus­ement, ce sont mes enfants. Je suis séparé de leur maman et ils vont rester à Paris. Mais, j’ai choisi un club qui n’est pas le plus loin de Paris (rires).

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