QUEL CRUEL DILEMME !
DÉCISIF CE DIMANCHE, LE DEMI DE MÊLÉE SE RETROUVE CONFRONTÉ À UNE SITUATION COCASSE : IL DOIT AFFRONTER SA FUTURE ÉQUIPE EN FINALE D’ACCESSION AU TOP 14. SES ENTRAÎNEURS DOIVENT DONC DÉCIDER S’ILS ALIGNERONT OU NON LEUR MAÎTRE À JOUER.
Une fois les effusions de joie et l’envahissement du terrain terminés, une petite cérémonie d’adieu s’est tenue au centre de la pelouse : l’identité des futurs partants a alors été égrainée, à travers les haut-parleurs de l’enceinte, suivie à chaque fois d’une salve d’applaudissements et d’un petit film. Au milieu des Arsene Nnomo, Marc Baget et autres Burton Francis, un nom a tout particulièrement interpellé l’assistance : Clément Darbo, homme clé de la belle saison agenaise avec ses 163 points, sa maîtrise du jeu et ses qualités de meneur d’avants. Le contexte donne une résonance encore plus forte à l’évocation de son départ : le demi de mêlée, passé par Pau et Grenoble avant d’atterrir à Armandie à l’été 2013, s’est en effet engagé pour trois ans avec… Montauban, dernier adversaire sur la route menant au Top 14.
Quand Clément Darbo, célébré de longues minutes par les siens, a finalement pu rejoindre le vestiaire, ce dimanche, il était attendu en nombre par les journalistes. L’inévitable question a fini par être soumise au numéro 9. Plusieurs fois. Avec différentes formulations. Pour une même réponse, à l’arrivée : « J’ai une finale à jouer avec
Agen. On verra ce qui se passe. On verra si
je joue. » Ni plus ni moins. Pour une déclaration fracassante, on repassera… Le sujet apparaît sensible au regard du contexte. Les coulisses de sa signature avec le voisin tarn-et-garonnais le rendent même épineux. Selon nos informations, la prolongation de contrat de Clément Darbo avec le SUALG avait été concrètement évoquée dès le mois de décembre dernier. Une date butoir avait alors été fixée au 28 février. Mais pendant de longues semaines, sa direction a joué la montre, sans donner de nouvelles. Cet attentisme l’a incité à écouter la proposition montalbanaise puis à lui répondre favorablement quand Alain Tingaud, alors en vacances, n’avait pu rassurer le joueur. Du côté agenais, on reconnaît désormais un « couac » sur ce dossier.
« On s’en mord les doigts », déplore même un des entraîneurs.
LA DOUBLE IRONIE
L’encadrement doit désormais composer avec un casse-tête. Doit-il oui ou non titulariser Clément Darbo dimanche ? Doit-il le confronter à ce cruel dilemme ou au contraire chasser tout doute en privilégiant la solution Paul Abadie ? Imaginez donc : en offrant la victoire à son actuelle équipe, le buteur maison priverait son futur club et donc lui-même d’une accession en Top 14… Si Mathieu Blin et ses assistants décidaient
de se priver du Palois de formation, leur collectif s’en trouverait en tout cas inévitablement affaibli tant le demi de mêlée est devenu prépondérant au coeur du système.
Cette demi-finale en a encore fourni la preuve. Sa réussite dans les tirs au but - un seul échec à son actif ce dimanche - et sa gestion des événements ont placé sa formation sur la route de Chaban-Delmas. À 31 ans, il a remporté le duel à distance avec Maxime Lucu, de sept ans son cadet, lui aussi tireur d’élite, lui aussi maître à jouer : « Nous en avons parlé tous les deux avec Maxime à la fin du match. L’expérience a fait
la différence entre les deux équipes. » Elle permet à Antoine Erbani et ses partenaires de revenir à Chaban-Delmas avec l’étiquette de favori face à un adversaire particulièrement revanchard depuis le succès remporté à Sapiac, le 2 mars dernier (18-22). Double ironie de l’histoire, Clément Darbo avait grandement contribué à cette performance en inscrivant dix-sept points. À cette date, la nouvelle de sa signature avait tout juste commencé à fuiter… Deux mois et demi après, les deux formations vont se retrouver pour une confrontation décisive, avec le demi de mêlée plus que jamais tiraillé au milieu : « Ce sera un match très
serré », prévient juste le futur ex-Agenais. Sans savoir, pour l’heure, s’il en sera un acteur ou un spectateur.