NEVER SAY NEVERS !
APRÈS SEPT ANNÉES EN FÉDÉRALE 1 ET CINQ SAISONS D’ÉCHECS DANS SA QUÊTE DE LA MONTÉE EN PRO D2, L’USO NEVERS A ENFIN ROMPU SA MALÉDICTION ET TOUCHÉ SON GRAAL EN FAISANT PLIER CHAMBÉRY AU TERME D’UNE DEUXIÈME PÉRIODE ÉPIQUE, DEVANT 7 500 SUPPORTERS EN FUSIO
Never say never. Ne jamais dire jamais. Cette maxime, les Neversois la connaissent mieux que personne, après cinq saisons d’échecs douloureux. Après Valence d’Agen en 2012, Bourgoin en 2013,Tyrosse en 2014, Lille en 2015 puis Massy en 2016, Chambéry allait-il être le nouveau bourreau de l’USON dans son objectif d’une montée en Pro D2 ? C’était bien là l’angoisse qui tenaillait tous les ventres aux abords du Pré-Fleuri durant l’avant-match. Une crainte légitime, celle d’une malédiction qui aurait voulu refuser de dire son nom, inconsciemment accentuée par le troisième échec de Clermont en finale de Coupe d’Europe, la 21e finale perdue de l’histoire de l’ASMCA, diffusée sur grand écran.
Alors, des Jaunards aux Jaunets, ne devait-il finalement y avoir qu’un pas ? Le match aller l’avait sincèrement fait craindre… Voilà pourquoi, probablement, la volcanique ambiance du Pré-Fleuri ne s’envola véritablement qu’à la 80e, lorsque les premiers supporters se hasardèrent à chanter un « on est en D2 » en forme d’exorcisme, alors que l’avance au score de leurs hommes était tout de même de 17 points sur l’ensemble des deux matchs… Pourquoi aussi les supporters pressèrent la main de M. Charabas pour siffler la fin de la rencontre en envahissant le terrain. Comme si, sept ans après sa montée en Fédérale 1, Nevers ne pouvait plus attendre une seconde de plus dans l’antichambre de l’élite. Never say never…
La suite ? Elle relève de ces moments fauves, où la folie le dispute à l’émotion, où tous les sens sont en alerte. Des secondes d’éternité, que le président Régis Dumange porté en triomphe par ses joueurs et supporters dans un tour d’honneur plus que mérité gardera longtemps en mémoire. « Merci aux joueurs,
confiait après coup celui qui a tant donné pour son club. Ils sont les princes de Nevers. Ils ont fédéré un groupe, mais surtout un public. C’est pourquoi ce soir, je veux remercier ces supporters qui ont été extraordinaires et qui doivent répondre présents de la sorte tous les week-ends en Pro D2. Cette semaine, j’ai vraiment vécu l’enfer. Ce stress, je ne voulais pas le transmettre, c’est pour cela que je suis exceptionnellement resté le moins possible avec les joueurs. Mais désormais, je m’apprête à vivre une semaine fantastique. »
MALGRÉ LES COUPS DU SORT
Avant de s’en retourner au travail afin de pérenniser à l’échelon professionnel un club, parti depuis la Fédérale 2 avec un budget de 900 000 euros voilà bientôt dix ans. Un club qui n’a pas hésité à se mettre en danger, en demandant sitôt ses premiers maintiens obtenus à être confrontés avec la poule du Sud-Ouest, afin de se roder à un meilleur niveau de compétition. Un club qui devient le premier bourguignon à atteindre le deuxième échelon professionnel depuis la création de la poule unique… « Ce qu’on a fait, c’est historique, il n’y a pas de mot pour le décrire, souriait l’extraordinaire numéro 8 Hugo
Fabrègue. Dans la semaine, on s’était dit que, si on était tous à 100 %, on passerait. Encore fallait-il ne pas seulement le dire, mais le faire… »
« Le faire », malgré le stress, malgré la trouille d’encore se manquer, malgré les coups du sort de plusieurs pénalités manquées par l’ouvreur Fred Urruty, au point de contraindre le centre Rudy Derrieux à enfiler le costume de sauveur, face aux po-
teaux mais pas seulement, puisque c’est bien le trois-quarts centre qui inscrivit l’essai du bonus offensif, synonyme de montée. « Malgré tout, il y avait de la confiance. On savait qu’on allait le faire. Sur mon essai, quand je récupère la balle, je vois la ligne et je ne pense qu’à ça. C’est un grand moment qu’on va bien fêter ! » « La clé, c’était de ne pas paniquer, prolongeait son comparse du centre François Herry. Le match aller à Chambéry nous avait laissés frustrés, car nous avions eu le sentiment de pouvoir dominer cette équipe en tenant le ballon, mais que nous avions gâché notre domination en commettant des erreurs bêtes, notamment en ratant complètement nos deux entames de mi-temps. Il était essentiel ce soir de bien mieux entrer dans notre partie, y compris au retour des vestiaires. Cela nous a empêchés de douter. » « Notre plan était de poser notre jeu, et d’y rester fidèle quoi qu’il arrive, ce que nous n’avions pas réussi à faire Chambéry, expliquait le capitaine Coenie Basson, âme de la belle révolte nivernaise. Cette fois, malgré une fin de première mi-temps difficile qui aurait pu nous mettre le doute, nous avons su réagir en équipe. En tant que capitaine, je suis très fier. C’est un cadeau pour le président. Sans lui, tout ça n’aurait pas été possible. » Never say never…
DÉJÀ QUATRE RECRUES
Un président qui, cette semaine, nous confiait « pouvoir partir en vacances » en cas de montée, tout étant d’ores et déjà réglé pour la Pro D2, du passage devant la DNACG à l’expertise des finances, des contrats, des fonds propres en passant par le recrutement, déjà fort des arrivées du pilier albigeois Max Curie, mais également des Catalans Mathieu Belie, Bastien Chalureau et JeanPhilippe Genevois… Un président dont il fallait voir les larmes dans les yeux, enchaînant les poignées de main, pour saisir les méandres de ses émotions. Un président qui, depuis des années, n’avait jamais caché sa confiance en son projet, sa foi en l’ avenir, même lorsque les résultats s’ avéraient décevants. Visionnaire, Régis Du mange? Pas étonnant, après tout : dans cette Cité des Ducs où gît Bernadette Soubirous, il semble naturel que certains perpétuent son héritage en s’accrochant à leurs visions, jusqu’à ce que celles-ci soient acceptées par le plus grand nombre. Never say never, vous disait-on. Ou plutôt, dans le cas présent, never say Nevers. Pardon pour la facilité du jeu de mots ainsi que pour l’anglicisme, mais la montée de l’USON valait bien une punchline…
« Cette semaine, j’ai vécu l’enfer. Exceptionnelle ment, je suis resté le moins souvent possible avec les joueurs pour ne pas leur transmettre mon stress. » Régis DUMANGE Président de Nevers