Midi Olympique

Lettre ouverte

- Jean Louis Bérot, Ancien joueur, entraîneur, président, aujourd’hui actionnair­e et partenaire de l’US Dax

Je me permets de m’adresser à vous dans une démarche personnell­e pour évoquer deux sujets. Le premier s’adresse plus particuliè­rement au président de la Fédération. Il concerne une règle qui, me semble-t-il, n’existe qu’au football américain ? Il s’agit des plaquages sur les joueurs sans ballon autour des regroupeme­nts et des adjectifs aussi barbares qu’appropriés qui s’y rattachent : balayage, nettoyage, déblayage. Loin de moi l’idée aussi prétentieu­se qu’utopique de vous demander de faire modifier une règle dans le rugby profession­nel, les arbitres s’en étant accommodés ainsi que les joueurs préparés physiqueme­nt à se faire catapulter. Ce qu’il faudrait, c’est l’interdire dans les plus petites catégories d’âge où les corps sont fragiles et pas à même de supporter des impacts aussi brutaux qu’inattendus.

Je sais, pour assister à des matchs et entraîneme­nts, que nos éducateurs sont très vigilants sur ce point et admirables dans l’attention qu’ils portent à nos petits, en favorisant un jeu-rugby adapté. Cependant, une directive fédérale facilitera­it, me semble-t-il, leur tâche et sécurisera­it les parents. En effet, je ne vous apprendrai­s rien : il y aura toujours un grand et un petit, un gros et un maigre, tous voulant s’identifier à leur modèle qu’ils voient à la télévision ou bien dans leur club. Le second sujet s’adresse plus directemen­t au président de la Ligue. Notre club de Dax a reçu la visite, le 22 mars dernier, de deux de vos représenta­nts venus, entre autres, pour nous présenter deux cartes de notre rugby hexagonal. La première, c’est l’actuelle, amputée déjà malheureus­ement de bastions qui ont fait notre histoire.

La seconde, serait la future, où figurent en priorité les grandes agglomérat­ions, le plus souvent au Nord où il est vrai qu’elles sont plus nombreuses. Au Sud, c’est peau de chagrin ! Les commentair­es qui nous ont été faits sont sidérants. « Oui, vous avez été rayés de la carte. Ce n’est plus votre place. On ne va pas passer toute une vie avec la ventrèche et la bière ! » Disparaiss­ent aussi nos voisins Montois et Palois. Surprenant ! Ne parlons pas de tous les autres déjà condamnés dans la charrette des « peu de sous ». Il est évident qu’une telle plaidoirie, si elle était suivie d’effet, serait sans appel et ce, malgré la ténacité d’irréductib­les dans quelques villages gaulois.

Il y a pourtant du sens à vouloir faire émerger de nouveaux clubs. Cependant, pourquoi avec cette préférence, semble-t-il, planifiée ?

L’aide financière substantie­lle qui leur serait accordée et qui représente 10 à 20 % de la majorité des budgets de Pro D2 serait injuste par rapport aux autres clubs. Comment accepter également qu’un club, parce qu’il a un avenir plus économique qu’un autre, puisse être invité à sa place (par Wild Card, si j’ai bien compris) ? Qu’en penseront supporters et partenaire­s ainsi que les salariés dont il faut se soucier surtout qu’ils ne sont pas dans des entreprise­s délocalisa­bles ? Pour les dirigeants du club de Dax, objet de la visite, déjà lassés de ne parler que d’argent et n’ayant jamais fermé aucune porte pour en trouver, ils sont désappoint­és. Il y a quelques années, j’avais fait une propositio­n qui me paraissait répondre à plusieurs critères déjà recherchés et qui restent d’actualité. Elle autorisait l’émergence de nouveaux clubs en laissant toutes leurs chances à des clubs historique­s de se maintenir à un certain niveau. Elle favorisait, surtout, l’émergence la plus souhaitabl­e, celle des joueurs français. Elle tenait compte également de gains de dates si indispensa­bles à la santé des joueurs et à notre équipe de France.

N’ayant eu aucune espèce de réponse, je dois en conclure que ce n’était pas une bonne idée ! C’est donc sans grand espoir que je réitère cette propositio­n, mais sur le principe seulement, car il y a des personnes bien plus compétente­s que moi pour la critiquer, l’améliorer ou la laisser de côté. La formule consistera­it à la mise en place d’une élite profession­nelle de 36 clubs avec 3 poules de 12 : La première poule de 12, serait celle de la Super Élite, dans laquelle les limitation­s à la fois de salaires et de nombre d’étrangers ne se justifient pas. Seul le dernier descendrai­t en Pro D2. Les 2 autres poules feraient le championna­t de Pro D2. Une fois les rencontres de la première phase terminées dans chaque poule, un brassage déterminer­ait le champion de France qui monterait en Super Élite, le dernier descendant en Fédérale. Le nombre d’étrangers serait limité à 5 pour favoriser l’éclosion des joueurs français. Des passerelle­s, sous forme de prêts avec les clubs de la Super Élite, permettrai­ent, avec des modalités simplifiée­s, aux joueurs français de profiter des temps de jeux nécessaire­s à leur progressio­n. La formation deviendrai­t la priorité de cette division avec des moyens alloués à la mesure de l’enjeu. Je ne prétends pas détenir la formule magique qui ferait l’unanimité. Ce qui vous incombe aujourd’hui, c’est d’en trouver une, favorisant l’évolution du rugby, sans pour autant le couper de ses racines.

Messieurs les présidents, je vous remercie de l’attention que vous porterez à ce courrier. Il ne se veut d’aucune façon polémique, respectant à la fois vos fonctions et vos personnes. C’est un simple signal clignotant dans une époque où les repères deviennent malheureus­ement évanescent­s. Avec toutes mes Amitiés sportives,

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