Midi Olympique

L’ÉCHEC D’UNE MÉTHODE

LES HÉRAULTAIS, QUI RÊVAIENT DE BRENNUS, QUITTENT LE TOP 14 PAR LA PETITE PORTE. LORS D’UNE SOIRÉE DÉSENCHANT­ÉE RÉVÉLATRIC­E DE LEURS LIMITES

- Et Nyanga suspendit son vol… N. Z.

Samedi, le Montpellie­r de Jake White ressemblai­t étrangemen­t à celui qui avait perdu en demi-finale du Top 14 un an plus tôt. Éreinté par une saison jouée sans réel turnover l’année dernière, il est arrivé cette année handicapé par une hécatombe de blessés. Étouffé par un Toulon plus fort physiqueme­nt, il s’est à nouveau fait contrer samedi par le Racing 92, sans jamais réussir à s’adapter.

STRATÉGIE MONOCORDE

« Quoi qu’il soit arrivé durant la semaine, quoi qu’il arrive sur le terrain, il faut faire avec, il faut que ça fonctionne. Il faut trouver une façon de gagner. » Pierre Spies met en lumière la plus grande faiblesse du stratège Jake White : l’absence d’adaptabili­té : « Nous n’avons pas eu de ballons et on a subi le jeu des Racingmen sans trouver de solutions. On a été contré en touche et nous n’avons pas pu lancer notre jeu », note Geoffrey Michel. Malmenés dans les airs, contrés sur tous les mauls qu’ils ont tentés, les Héraultais n’ont jamais essayé de dévier une touche pour surprendre. Dominateur­s en mêlée, emmenés par des Fichten et Guillamon de gala, ils ont préféré rester sur ce secteur, comme dans le jeu, sur l’affronteme­nt pur, pour récolter des pénalités ou des ballons de turnover pour contrer. Plutôt que de lancer des offensives. Mais comment faire, lorsque vos colosses mordent la poussière trop tôt (B. Du Plessis et Nadolo, K.-O.), que votre élément tant attendu, Jacques Du Plessis, n’avance plus ? Il faut avoir un plan B. Et Jake White n’en a jamais eu. Ou, avoir des systèmes de jeu faits de multiples combinaiso­ns, capables de s’adapter aux hommes présents. Le MHR ne pouvait pas non plus compter sur ça.

GESTION HUMAINE RATÉE

Alors, pour que cette stratégie monocorde soit toujours gagnante, il faut que les éléments clés face à chaque fois la différence. Mais pour cela, il faut savoir les préserver, physiqueme­nt et mentalemen­t. Jake White a su le faire durant la majorité de la saison en usant d’un turnover payant. Avant de céder aux sirènes de sa propre nature en avril.

Pourquoi a-t-il aligné les mêmes éléments face aux relégués Grenoble et Bayonne ou l’équipe bis du Racing 92 ? Pour briller ? Pari gagnant. Mais pendant ce temps-là, les Géli, Catrakilis, Immelman et Van der Merwe, sont ignorés. Et si le jour J venu, les deux derniers cités parviennen­t à tirer leur épingle du jeu ; les deux premiers passent eux logiquemen­t à côté : « Vous construise­z votre dynamique, votre cohésion avec certains joueurs. Et quand vous perdez ces mecs, vous perdez votre cohésion, votre élan », admet Spies. En restant campé sur ses positions jusqu’au dernier moment, Jake White s’est fourvoyé. En vingt-neuf mois passés au MHR, le champion du monde 2007, qui voulait tout gagner en France, aura remporté le Challenge européen. Insuffisan­t lorsqu’on dispose de moyens quasi illimités. Photo Bernard Garcia Rien n’était encore joué, dans ce barrage entre Montpellie­r et le Racing 92. Certes, Yannick Nyanga s’était vu refuser un essai pour un orteil déposé en touche, mais son bel exploit avait été compensé par celui de Nakarawa, avant qu’un coup de filou de Paillague ne permette au MHR de revenir à égalité. Le score était de 7 partout donc, lorsque Machenaud alluma une chandelle dans les 22 mètres héraultais. Sans danger ? C’était mal connaître Yannick Nyanga. À la poursuite du ballon, le flanker francilien suspendait son vol au-dessus du « petit » Paillaugue pour mieux offrir, à son atterrissa­ge, un essai sans opposition à Teddy Thomas. Du grand art.

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