Midi Olympique

DU RÊVE À LA RÉALITÉ

VICTORIEUX AVEC LA MANIÈRE DES MONTALBANA­IS (41-20), LES AGENAIS ONT TOURNÉ UNE PAGE DE LEUR HISTOIRE EN PLUS DE DÉCROCHER LEUR PLACE EN TOP 14. UNE « BELLE AVENTURE HUMAINE A PRIS FIN » DIXIT MIKE TADJER POUR UN GROUPE CONSCIENT QU’IL A PEUT-ÊTRE DÉCROCH

- Par Pierre-Laurent GOU, envoyé spécial pierre-laurent.gou@midi-olympique.fr

Trois finales d’accession et deux montées. Le SUA flotte dans l’espace qui sépare les deux planètes. Agen survole le Pro D2 mais semble condamner à végéter dans les bas-fonds du Top 14. Et la saison prochaine semble calquée sur ses précédente­s expérience­s post 2007. Le SUALG monte en Top 14 pour mieux redescendr­e en suivant en Pro D2 ? C’est tout le défi qui les attend : faire mentir l’histoire moderne du club. Le président Tingaud a beau arguer que la place du club est « dans les

vingt premiers clubs » français, ses supporters qui se sont une nouvelle fois mobilisés comme jamais dans la saison, espèrent que l’avenir le fera mentir. « Mais le Top 14 est monstrueux, ce n’était pas mal de monter cette année », rétorquait-il dans le paddock du stade Chaban-Delmas quelques instants après que ses joueurs aient gagné de mains de maîtres le droit à revenir à la table des grands. « Ce sera ma troisième montée

et ma dernière », poursuivai­t-il. Sur le départ ?

« Je suis président jusqu’à nouvel ordre et j’entends le rester ! » Soit c’est donc lui qui doit essayer de capitalise­r sur ce formidable dimanche après-midi où le peuple agenais a pu communier enfin avec son équipe. Agen est en

Top 14. Un club historique retrouve sa place. Une accession acquise de la plus belle des façons. Voilà pour le constat. Et l’avenir ? « Laisseznou­s profiter, tout n’est pas qu’une question d’argent ! », clamait Alain Tingaud qui n’avait pas du tout envie d’évoquer les sujets qui fâchent mais juste de savourer l’instant.

C’est humain, mais dès ce lundi, il va devoir s’armer pour recomposer une équipe. Faire ressortir des cadres pour appréhende­r aussi bien que possible ce cadeau. « Oui, il nous faut trouver quelques joueurs d’expérience­s », concédaiti­l tout juste. Car à Bordeaux une page de son club s’est tournée.

« Ce groupe est né à l’été 2013, d’une descente en Top 14. Nous avons vécu trois finales d’accession pour deux montées. Je le quitte avec juste une petite frustratio­n. Ne pas avoir pu prouver que nous avions notre place en Top 14 », glissait Remi Vaquin qui, à bientôt 34 ans, a choisi de mettre fin à sa carrière. « Car le corps dit stop ! »

« REPLACER ARMANDIE SUR LA CARTE DU TOP 14 »

Sur le quinze de départ aligné par le trio BlinReggia­rdo-Prosper, ils sont six à avoir disputé leur dernier match : N’Nomo (retraite), Tadjer (Brive), Darbo (Montauban), Hollinshea­d (Japon), Nakosi (Toulon) mais aussi les remplaçant­s Tau (Perpignan), Francis (Grenoble) et Vaquin (retraite).

Des joueurs qui ont dit au revoir « à une

formidable aventure humaine », dixit Tadjer. Et le talonneur de poursuivre un brin mélancoliq­ue. « Il y a beaucoup d’émotion ce soir car on va se quitter. Mais le plus beau des cadeaux que l’on pouvait faire, c’est de replacer Armandie sur la carte du Top 14. Je serai très heureux de revenir avec Brive à Agen ! » La fête de la montée, se transforme en fête d’adieu. Chez les joueurs, mais aussi au sein du staff. Mathieu Blin, homme à tout faire au SUALG depuis cinq ans, tire lui aussi sa révérence. « Un grand coup de chapeau, car même si notre histoire n’a pas été que linéaire, on lui doit beaucoup. Je suis heureux de l’avoir croisé dans ma

vie de rugbyman », glissait Rémi Vaquin. Blin, pour sa dernière, avait demandé à quelques amis d’adolescenc­e de faire le déplacemen­t, ne cachait pas lui non plus son émotion. Il a choisi de poursuivre sa route ailleurs. À Paris avec le Stade français (peut-être !), à Bordeaux (comme c’était programmé ?). Il ne le sait pas. Pas encore. Ce groupe va donc se disloquer. « Les complicati­ons vont arriver rapidement. Nous allons avoir pas mal de boulot mais on va vouloir exister ! », terminait Stéphane Prosper, entraîneur d’une ligne de trois-quarts à reconstrui­re. Il y a deux ans, à Toulouse, le SUALG, en battant les Montois, débarquaie­nt en Top 14 quelque peu insouciant. Pas cette fois. ■

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