CES ROUGES QUI TÂCHENT…
COMME LA FINALE DE L’AN DERNIER AU CAMP NOU, CES DEMI-FINALES ONT ÉTÉ TERNIES PAR DEUX EXCLUSIONS, DONT L’UNE PESA TRÈS LOURD QUANT AU RÉSULTAT FINALE LORS DE LA ROCHELLE-TOULON. DE QUOI RAVIVER UNE FOI DE PLUS L’ÉTERNEL DÉBAT ENTRE L’APPLICATION DE LA RÈ
Dura lex, sed lex. La loi est dure, mais c’est la loi, que nul n’est censé ignorer… Au vrai, quel observateur tant soit peu averti des choses du rugby pourra-t-il hurler à l’injustice quant aux deux cartons rouges distribués lors de ces demi-finales ? Personne, absolument, tout comme personne n’avait pu remettre en cause celui infligé à Maxime Machenaud lors de la dernière finale du championnat, à Barcelone. Pierre Aguillon a fait basculer James O’Connor, le faisant retomber sur la tête ? Carton rouge. Flip Van der Merwa a directement plaqué Teddy Thomas au niveau du menton ? Carton rouge. Dura lex, sed lex, on vous disait, puisque World Rugby a volontairement durci sa politique cette saison, eu égard au nombre de plus en plus important de commotions cérébrales recensées sur les terrains. Et ce n’est pas la boucherie de ce week-end qui pourra apporter un contrepoint au parti pris de l’instance internationale, au vu des incessants allersretours constatés entre la pelouse et les vestiaires du Vélodrome pour les fameux « protocoles »…
MASOE MÉRITAIT UN ROUGE
Le problème ? C’est que le plaquage de Masoe méritait aussi, à cette échelle, un carton rouge comme en témoignait Bernard Laporte dans les tribunes et induit directement une forme d’injustice, même si Clermont n’eut pas besoin de ça pour gagner. Le problème c’est aussi que la répression des plaquages dangereux a ressemblé à un cautère sur une jambe de bois, au vu de la violence du moindre choc. De quoi poser la question de la disproportion entre l’application de la règle, et l’esprit du jeu tel qu’il est pratiqué aujourd’hui ? Clairement. Les arbitres en sont d’ailleurs les premiers conscients, eux qui usent de précautions de langage au moment de dégainer leurs cartons rouges, avec l’air contrit et le champ lexical qui va avec… « Désolé, vous connaissez le règlement, je n’ai pas d’autre option ». Et les arbitres de se couvrir ainsi derrière l’application stricto sensu du règlement, au point de perturber jusqu’aux joueurs… La réaction du Toulonnais Guilhem Guirado en faisait ainsi foi après le match, le capitaine du XV de France semblant moins heureux que gêné après la qualification des siens pour la finale, tant le carton rouge infligé à Aguillon constitua le tournant de la partie. « Je suis désolé, navré par rapport à la tournure du match, avouait ainsi le talonneur international. Le carton rouge change la donne, qui nous offre trente minutes à 15 contre 14. C’est difficile de gagner comme ça, je suis triste pour les Rochelais parce qu’ils ne méritaient pas ça et ont mis tout leur coeur dans cette partie. »
Ou quand le rugby atteint son climax en matière de schizophrénie, lorsque les arbitres s’excusent d’exclure les joueurs, et que les vainqueurs sont tout penauds de lever les bras au ciel… Preuve que notre jeu cherche, plus que jamais, un impossible consensus entre un engagement physique toujours plus démesuré et la protection des joueurs… Le règlement paraissant d’autant plus dur que les statistiques officielles de World Rugby indiquent que 72 % des commotions cérébrales constatées sur les phases de plaquage ne concernent pas le plaqué, mais le plaqueur ! Inextricable, vous dites ? Malheureusement et en l’état des choses, oui. Au point que l’on en est désormais réduit à croiser les doigts pour que la finale 2017 ne sera pas une nouvelle fois ternie par ce genre d’incidents…