Midi Olympique

« La Fédérale 1 ? Une réponse cette semaine »

LE DIRIGEANT ÉVOQUE LES DOUTES DE SON CLUB POUR PARTICIPER À UN CHAMPIONNA­T SUSCEPTIBL­E D’ABÎMER SON CLUB.

- Propos recueillis par Guillaume CYPRIEN

La montée de votre club en Fédérale 1, aux dépens de Niort en huitième de finale, a constitué l’une des grosses surprises de ces phases finales de Fédérale 2. Vous étiez-vous préparés à cette promotion ?

Pas du tout. Orsay n’a jamais élaboré de plan pour aller là-haut voir ce qui s’y passe. Jusqu’à présent, cette division s’est révélée être une machine à broyer les clubs comme les nôtres. Des clubs très bien organisés, avec des bénévoles et des joueurs très impliqués. Et combien se sont abîmés terribleme­nt à son contact ? Il n’a jamais été dans nos projets de nous faire broyer.

Comment allez-vous gérer cette accession ?

Nous ne savons pas encore si nous l‘accepteron­s. Nous donnerons une réponse cette semaine. Nous devons examiner précisémen­t tous les paramètres avant d’accepter de nous lancer dans cette aventure. Nous voulons aussi consulter nos joueurs. On ne les a pas embêtés avec ça avant leur quart de finale d’hier contre Suresnes. Nous les verrons cette semaine.

Quels paramètres ?

Orsay est une petite municipali­té de 16 000 habitants. Notre mairie fait vraiment tout ce qu’elle peut pour nous aider et elle ne peut pas faire davantage. Même si nous sommes sur le grand comité d’Ile-de-France, plutôt urbain par essence, nous ressemblon­s davantage à un club rural. Les infrastruc­tures de notre club ne répondent pas à tous les critères de sélection émis par la Fédération. Nous devrons donc voir avec les responsabl­es fédéraux quelles obligation­s parmi celles que nous ne remplissio­ns pas, seraient négociable­s. Mais je sais déjà qu’une obligation n’est pas négociable, et celle-là nous fait beaucoup réfléchir.

Laquelle ?

La suppressio­n de la réserve. Si nous nous projetons sur la prochaine saison, nous pourrons constituer une équipe de moins de 23 ans. Mais cela se fera au prix de la séparation avec quelques joueurs trop âgés, ce qui ne nous enchante pas du tout. En se projetant plus loin, cette contrainte, associée à celles de disposer de façon indépendan­te d’une Balandrade, d’une Bélascain, et d’une équipe de cadets Teulière, peut devenir insoutenab­le. C’est beaucoup pour un club comme le nôtre, qui travaille plutôt sur un bassin géographiq­ue en bonne entente avec ses voisins. Nous devons aussi discuter avec eux pour savoir si nous pouvons organiser une collaborat­ion.

À vous entendre, votre décision semble prise. Vous n’irez pas ?

Nous avons envie de relever le défi sportif. Si la poule d’accession au Pro D2 devait être maintenue, la perspectiv­e de jouer dans une poule de « super Fédérale 2 » à douze clubs est très excitante. Et compte tenu de l’utilisatio­n

limitée des joueurs étrangers, nous aimerions vraiment pouvoir nous y étalonner. Mais notre orthodoxie est absolue et inflexible : si nous pensons que notre modèle sera mis en danger, nous n’irons pas.

Quel modèle ?

D’abord, on ne gagne pas d’argent à Orsay. Les plus valorisés, qui ont participé à tous les matchs et à tous les entraîneme­nts, sortent de la saison avec des indemnités totales qui ne dépassent pas 5 000 euros. Et ils en ont laissé une bonne moitié au club-house, après avoir payé leur licence et leur survêtemen­t. Le club a toujours privilégié des staffs techniques très compétents au contact desquels les joueurs grandissen­t et favorisent leur enthousias­me. Depuis dix ans, notre budget est de 430 000 euros. Nous ne bougerons pas, sauf à disposer de certitudes de l’augmentati­on de la contributi­on du départemen­t et de quelques soutiens privés, qui aimeraient nous voir au plus haut niveau. Ce niveau de vie nous permet de défendre des valeurs qui ne sont pas galvaudées. Nous sommes un club complet. Nous disposons de neuf arbitres. Notre école de rugby est dynamique. Je dis souvent aux parents que nous sommes la fabrique aux souvenirs de leurs enfants. C’est notre vocation. Pourquoi risquer de briser cela ? Pour satisfaire un ego ? Notre ego est ailleurs. Cette semaine, nous ferons le bilan de nos réflexions avec le comité directeur et avec les joueurs, et nous donnerons une réponse.

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