DU RUDE AU JEU
Dur, terrible ! Ce match Toulon -La Rochelle. Inquiétant même pour la rudesse des contacts. Les mères de famille vont hésiter à inscrire au rugby leurs garçons et leurs filles. Pas de passes mais on se rentre dedans et on joue pour obtenir des pénalités. En dehors du drop rédempteur du minot Belleau qui rejoindra, peut-être dans l’histoire, l’autre minot Jaubert pour son essai en finale, il y a trente ans (c’est court une longue vie !) pour le deuxième titre du RCT après celui de 1931. À Marseille, on a vu, sur cette seule rencontre des équipes remarquables en défense, un match à zéro essai mais des contacts à faire frémir, qui imposeront d’autres règles pour faire revivre le jeu d’évitement, de passes et de gaîté.
Dieu sait si la culture, la connaissance du rugby, nous impose l’absolu respect aux avants (ce que dira d’ailleurs le jeune ouvreur, car son drop résulte du travail du pack). Mais on a connu des équipes terribles, un peu complexées (auxquelles « on voulait du mal ») mais avec des trois-quarts bondissants, bourrés de talent et pas bourrin du tout, dont Jérôme Gallion fut le symbole. Le jeu de rugby qu’on aime, celui des Boni, de Pierrot Villepreux… Doit-on se contenter d’un jeu de tranchées ? À quatorze, après un terrible plaquage de leur excellent centre sur Connor, les Rochellais n’avaient d’issue que par les coups de pied de pénalité. Ils en ont eu deux, mais James était sorti ! Puis, dernier temps de jeu et le drop toulonnais leur évitera la prolongation où ils auraient, sans doute, subi la puissance rivale. Alors le peuple de la rade est transporté de bonheur et près à l’exode. Images des deux présidents : un Merling dans les tribunes, triste du rêve passé et le Mourad de Toulon, entonnant au milieu de ses joueurs un Pilou Pilou qu’il est bien capable en cas de victoire de faire chanter au président de la République !
Mais l’autre demi-finale nous emballera : 4 essais à 3 ! Ceux du Racing pour rien, pour l’honneur, pour Chris Masoe, pour toute son oeuvre, pour son dernier match et la transformation du dernier essai sous les applaudissements de ses équipiers. On gardera ce beau moment en mémoire. Hommage aux vaincus et le rêve d’un match amical : La Rochelle - Racing pour le plaisir inutile d’une troisième place ? Mais même lors de cette partie plus aérée, il y eut des moments chauds : terrible plaquage haut du deuxième ligne de Clermond et Masoe qui attaque en l’air le talentueux Penaud : on avait peur de revivre ce samedi le vendredi de rudesse. Gaffe aux plaquages hauts et frontaux aux débrayages furieux. Un accident nous rendrait tous responsables, car on serait complices en tant que spectateurs. Alors les finalistes envoyez du jeu, svp, que cette soirée soit une fête historique et que vainqueurs et vaincus, on se retrouve pour un des « gorgeons » d’amitié. Ça y est ! On est dans le match !