CINQ JEUNES DANS LE VENT…
… racontés par Jean-Marc Lhermet
La jeunesse clermontoise est planétaire. C’est l’air du temps, d’un rugby mondialisé, professionnalisé où les Auvergnats ont, très vite, pris le parti de ne pas nécessairement batailler sur le terrain des meilleurs joueurs du marché ovale. Matt Giteau est allé à Toulon, Dan Carter incarne les ambitions du Racing et Aaron Cruden sera bientôt le Léviathan de tout le Top 14 sous le maillot de Montpellier. Les Clermontois ont préféré, eux, chasser les meilleurs jeunes. Ils y voyaient un intérêt double : limiter le coût du recrutement et façonner ces aspirants stars, matière première de premier choix planétaire, dans le moule philosophique coulé de longue date par le club auvergnat. Lorsqu’ils débarquent en pro, ces jeunes doivent donc avoir intégré une approche positive du rugby, une certaine vision de la vie d’un groupe et de la prééminence du travail sur le plaisir. Ils sont, désormais, de joueurs issus de la formation clermontoise. Ils ont en fait tous été recrutés, parfois au terme de longues luttes pour les détourner
de la concurrence. « On débute réellement les prospections à 16 ou 17 ans, quand on commence à se projeter au-delà du territoire auvergnat » explique Jean-Marc Lhermet. « Nos entraîneurs des catégories de jeunes nous font remonter les noms des joueurs qu’ils croisent, sur des matchs et qui peuvent nous intéresser pour la suite. À partir de là, on les suit sur plusieurs matchs, grâce à de la vidéo ou en envoyant des émissaires directement sur leurs rencontres. On porte aussi un intérêt particulier aux rassemblements des équipes de France, où un premier tri est fait. Ces matchs sont presque systématiquement visionnés par une personne du club. On suit de près les Coupe du monde des moins de 20 ans. Avec ces trois composantes, on affine notre recrutement. »
« BELLEAU NOUS INTÉRESSAIT »
À la base de cette logique de recrutement chez les très jeunes, l’ancien directeur sportif clermontois, revenu depuis dans l’ombre à l’ASMCA, a vu défiler le CV de nombreux jeunes sur son bureau. Tous les contacts n’ont pas abouti. « Par exemple, le jeune Anthony Belleau nous intéressait. Nous l’avions suivi et pris contact avec lui.
mais nous avions finalement décidé de ne pas nous aligner sur la rémunération qui lui était proposée à Toulon ». Dès les catégories de jeunes, la bataille financière pour attirer les plus beaux talents est réelle. Elle n’est pas l’unique préoccupation. « Les joueurs sont d’abord très attentifs à leur avenir sportif. Au travail de développement qu’on veut mener avec eux mais aussi à la place qu’on leur fera, à terme, dans l’effectif professionnel. De notre côté, on se renseigne de près sur le profil de ces jeunes. On recrute des joueurs mais aussi des hommes. On accumule donc des renseignements les concernant, on multiplie les contacts directs avec ces joueurs et leur entourage. C’est un processus qui prend du temps ». Un processus qui a abouti pour cinq joueurs que l’on retrouvera, dimanche, en finale. Cinq jeunes dans le vent, recrutés de haute lutte par l’ASMCA. Jean-Marc Lhermet se souvient de chacun. ■