LE SPRINGBOK VOLANT
JUANDRE KRUGER - Deuxième ligne de Toulon DIMANCHE, LE SPRINGBOK ENCHAÎNERA SA DIXIÈME TITULARISATION CONSÉCUTIVE. DÉSORMAIS CAPITAINE DE TOUCHE, L’ANCIEN RACINGMAN EST DEVENU L’UNE DES PIERRES ANGULAIRES DU JEU TOULONNAIS.
Dimanche, au coup d’envoi, un seul joueur sera en mesure de remettre son titre de champion de France en jeu. Son nom ? Juandre Kruger. Un an après la fameuse finale du Camp Nou - qui voyait le RCT, pourtant en supériorité numérique pendant plus d’une heure de jeu, s’incliner au bout du suspens (29-21) face au Racing 92 – le deuxième ligne a pourtant troqué le maillot Ciel et Blanc, pour une tunique Rouge et Noir. Et si son nom n’est pas le plus clinquant de l’effectif toulonnais, le deuxième ligne s’est imposé comme l’un des tauliers de ce RCT version Cockerill. Mis au ban par Diego Dominguez qui lui reprochait son manque d’agressivité, le Springbok (17 sélections), avait pris du galon sous Mike Ford. Mais c’est finalement avec « Cockers » qu’il prendra l’ampleur qui est la sienne aujourd’hui. Titularisé lors des neuf dernières rencontres de championnat, l’ancien Racingman a grillé la priorité dans le XV de départ à un certain Mamuka Gorgodze. Véritable tête pensante du pack varois, ce passionné de touche est rapidement devenu le capitaine de l’alignement toulonnais. « En France c’est très important d’avoir des joueurs physiques et puissants, nous confiait Richard Cockerill. Mais il est également indispensable d’avoir des joueurs intelligents. Avec Romain Taofifenua et Juandre Kruger nous avons trouvé l’équilibre parfait. » D’un côté, l’ancien Catalan, qui avoisine les deux mètres, s’approche des 130 kg et n’a de cesse d’avancer à l’impact. De l’autre l’international Sud Africain, qui culmine à 1,97m, pour « seulement » 107 kg et qui s’illustre plus par sa mobilité, sa vitesse et sa technique que par son amour du combat. « Notre deuxième ligne est complémentaire et elle correspond également parfaitement à ce que l’on cherche à mettre en place avec notre troisième ligne. J’aime bien l’idée d’avoir Juanne Smith, Romain Taofifenua, et Duane Vermeulen pour la puissance, la destruction, tandis que Liam Gill et Juandre Kruger apportent de la mobilité et de l’aisance dans les aires. De plus Liam et Juandre n’hésitent pas à porter le ballon, à plaquer et à gratter. Dans le rugby c’est l’équilibre qui prime. Si tous les joueurs étaient très grands, ça ne fonctionnerait pas. S’ils étaient tous petits ? Ça ne fonctionnerait pas non plus. »
LES RETROUVAILLES AVEC CLERMONT
Et en demi-finale, une fois n’est pas coutume, Juandre Kruger a été le pire cauchemar de l’alignement rochelais. La meilleure illustration ? Le ballon volé dans les mains de Victor Vito à cinq mètres de l’en-but maritime en milieu de première période. « Juandre a travaillé extrêmement dur pour s’imposer. Aujourd’hui il est indispensable. Avec Juan Martin Fernandez Lobbe, ils parlent de touche à longueur de journée. C’est un joueur intelligent, très précieux sur nos munitions. Mais c’est également un sauteur qui lit extrêmement bien les lancers adverses. La Rochelle était la meilleure touche de la saison et nous l’avons fait déjouer. Après, ils ont paniqué et ils ont perdu leurs moyens. » Comprenez qu’en plus d’être la tour de contrôle de l’alignement varois, Juandre Kruger s’est imposé comme l’un des poisons du championnat. D’ailleurs, un temps annoncé sur le départ (la piste perpignanaise avait été évoquée), l’ancien Racingman a récemment prolongé son contrat avec le RCT (une saison + un an en option). À l’heure où des dossiers brûlants (Fernandez-Lobbe, O’Connor ou encore Halfpenny) ornent le bureau de Mourad Boudjellal, cette prolongation atteste de la confiance qui est accordée en interne au Springbok volant. Dimanche, c’est pourtant un défi tout particulier qui attend Juandre Kruger, puisqu’il retrouvera ses meilleurs ennemis clermontois. Son histoire récente avec le club auvergnat ? Hormis les deux affrontements cette saison, il avait été le bourreau de l’ASM en demi-finale la saison passée. D’une interception sur une passe approximative de Ludovic Radosavljevic en prolongation, le Sud Africain avait résisté à plusieurs plaquages pour servir Juan Imhoff sur un plateau et ainsi crucifier les Clermontois. Un fait de jeu direz-vous ? En effet, sauf que le joueur avait ensuite posté un message pour le moins maladroit sur les réseaux sociaux. Le tweet en question ? Une photo de son coéquipier argentin échappant à David Strettle, bousculé en second plan par… Juandre Kruger. Le bad buzz qui avait suivi s’était avéré cruel pour le deuxième ligne. Et si depuis de l’eau a coulé sur les ponts, nul doute que les Clermontois n’ont toujours pas avalé la pilule. Deux options se présentent donc à Juandre Kruger : donner leur revanche aux Auvergnats, ou alors devenir double champions de France. Laquelle choisira-t-il ? Réponse dimanche, sur les coups de 23 heures.