VRAI DÉPART, FAUSSE DÉSILLUSION
POUR CE PREMIER MATCH EN GÉORGIE, LA FRANCE A TENU TÊTE AUX BABY BOKS, QUATRIÈMES DU DERNIER MONDIAL. LES BLEUETS ONT MONTRÉ DE BELLES CHOSES MAIS ONT MANQUÉ DE MAÎTRISE. IL FAUDRA GAGNER CONTRE L’ARGENTINE POUR CONTINUER À CROIRE À LA QUALIFICATION.
Si on nous avait posé la question avant le match, peut-être qu’on aurait signé pour un match nul et trois essais inscrits à deux. » Le manager général Thomas Lièvremont a le sens de la formule.Tenir tête aux maousses Baby Boks qui n’ont pas grand-chose de vraiment baby n’a rien d’une sinécure. Et pourtant, c’est bien ce qu’ont réalisé les coéquipiers de Florian Verhaeghe sur la pelouse de l’Achvala stadium de Tbilissi. Mieux, la jeune garde française, revigorée par un stage à Font-Romeu et mieux préparée qu’à l’accoutumée, avec une semaine de rugby en plus dans les pattes, a fait front dans la tempête géorgienne alors qu’elle n’était clairement pas favorite comme le rappelait le deuxième ligne capitaine en fin de match. Avec des conditions climatiques difficiles, pluie et rafales de vent s’invitant allègrement au moment du coup d’envoi et redoublant d’intensité durant le premier acte, les Français n’ont pas vraiment raté leur entrée dans la compétition comme ce fut le cas l’année précédente en Angleterre. Se permettant même de regarder les yeux dans les yeuxà l’instar du pilier biterrois Zakaria El Fakir qui fêtait sa première cape, leurs adversaires dans le registre du combat et de l’engagement.Valeurs toujours aussi chéris par les Sud-Africains. Ce qui, au moment de dresser un premier état des lieux avec le manager général de ces moins de 20 ans, se traduisait par une frustration mais aussi une certaine confiance en l’avenir. Préparés à subir les assauts et le jeu frontal direct des coéquipiers de la valeur montante du rugby sud-af, Curwin Bosch, les Français ne se sont pas défilés comme l’explique Thomas Lièvremont : « Nous avions mis une équipe pour rivaliser dans le combat et de la puissance physique. Durant le premier acte, nous avions choisi de jouer face au vent et nous savions que les quarante premières minutes allaient être difficiles. Il fallait mettre une grosse pression défensive, monter et leur faire échapper les ballons, l’an dernier nous les avions déjà joués (défaite 40-31 en match de poule). Nous avions choisi d’exploiter les contres et d’être incisifs. » Résultat, des en-avant en cascade chez des Sud-Africains sans doute étonnés par l’engagement français et désorientés au moment de mettre en place un projet de jeu. « Dès qu’ils ont essayé de jouer au rugby, ils n’ont pas réussi », confirmait Thomas Lièvremont, conscient que ses protégés avaient livré une prestation quasi aboutie dans le sillage d’une charnière Couilloud-Ntamack, plutôt à son aise.
DE L’EXPÉRIENCE POUR LA SUITE
Oui car voilà, la réalisation eut été parfaite s’il n’y avait eu ces petites imperfections, ce « manque de maîtrise » comme le relevait l’ancien troisième ligne. La faute à quoi ? « Au jeu à la sud-africaine durant la première et la dernière minute » ? Thomas Lièvremont ne voulait pas jeter la pierre mais dressait plutôt un constat lucide quant à la fin de match, cruelle : « Nous avons manqué de maîtrise, il aurait fallu sortir de notre camp plus proprement, tuer le match avant. Nous leur avons donné une balle de match et ils l’ont bien saisie. » Chose que les Français ont ratée par moments malgré des « occasions bien présentes ». Il n’y a toutefois pas de quoi faire naître de gros regrets car « la stratégie a failli fonctionner » et avec un tel état d’esprit, le groupe va grandir après un Tournoi des Six Nations en demi-teinte. Une performance qui demande confirmation ce dimanche. Ce sera face au meilleur ennemi argentin !