Midi Olympique

« Il me tarde le coup d’envoi… »

LA FINALE EST ORGANISÉE A BÉZIERS, LE FIEF DE GÉRARD TUGAS, LE PRÉSIDENT DE L’ÉPREUVE. ÉCOUTONS CELUI QUI A VÉCU LES PREMIÈRES ÉDITIONS DE CETTE EPREUVE. IL LIVRE SON ANALYSE SUR L’ÉVOLUTION DU TOURNOI DEVENU RÉFÉRENCE.

- Par Didier NAVARRE

Le Super Challenge est organisé par votre club de coeur. À quelques jours du début de l’épreuve, quel est votre sentiment ?

Je suis d’un naturel optimiste, et je pense que tout a bien été préparé en amont de ce grand rendez-vous annuel par le comité directeur du Super Challenge, nos secrétaire­s Alain Poeymiroo et Michel Petit pour toute la partie sportive, mais aussi par l’ASBH pour toute la partie logistique. Je suis donc à la fois serein et inquiet, nous ne sommes jamais à l’abri d’un incident, un problème, le mauvais temps, un blessé grave… Je suis aussi impatient d’y être car nous, organisate­urs, prenons beaucoup de plaisir à partager avec tous ces jeunes ces moments intenses sportifs : à titre personnel bien sûr que j’aime le rugby de haut niveau, voir l’équipe de France jouer, voir la finale du Top 14. Mais je prends autant de plaisir à voir sur deux jours évoluer les meilleures équipes de la catégorie moins de 14 ans, ces dernières années nous avons vraiment eu par moments du très beau rugby avec des jeunes qui se « lâchent ». Il me tarde donc que le coup d’envoi du premier des quarante-cinq matchs du tournoi soit donné.

En tant qu’éducateur, vous avez connu le Super Challenge. Quels souvenirs en gardez-vous ?

J’étais l’éducateur de l’ASB (il n’y avait pas de H à l’époque) qui avait terminé second à la finale qui avait lieu à Brive en 1981. J’ai en mémoire plusieurs souvenirs : l’organisati­on extraordin­aire : la finale du Super Challenge, c’est autre chose qu’un simple tournoi. La solidarité du groupe dont j’étais l’éducateur. C’est dur de jouer plusieurs matchs sur un tournoi. Il y a des mauvais et des bons moments, et le groupe avait fait preuve d’un mental à toute épreuve devant plusieurs difficulté­s que nous avions rencontrée­s. La deuxième place fut très frustrante, mais on apprend toujours d’un échec, même si terminer second est loin d’être un échec : le groupe des joueurs biterrois nés en 1966 a su ensuite se forger un gros palmarès en cadets et en juniors, mais beaucoup de ces jeunes ont à titres individuel­s par la suite évolué à un très bon niveau : équipe de France junior pour plusieurs d’entre eux, en équipe fanion à Béziers… La finale du Super Challenge avait tout simplement permis à ce groupe de se rendre compte de ce qu’était à l’époque le meilleur niveau de sa tranche d’âge.

Entre le Super Challenge des années 80 et celui de 2017, quelle évolution jugez-vous ?

Il faudrait écrire un livre entier pour expliquer les évolutions, mais je vais essayer en quelques mots de vous dire tout d’abord pourquoi le Super Challenge a été créé par nos « anciens » en 1980. La FFR de l’époque n’organisait rien pour ses minimes, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Alors sept clubs qui organisaie­nt des tournois de minimes depuis des années, pour certains depuis très longtemps par exemple le Marcel-Michelin qui est le plus ancien de nos tournois. Ces sept clubs (Agen, Orthez, Toulon, Brive, Béziers, Clermont-Ferrand, Toulouse) ont alors décidé de mettre en place une journée finale pour permettre aux gagnants de tournois de l’année et à quelques autres bonnes équipes de se retrouver en fin de saison pour faire la finale des finales. Depuis bien des choses ont changé, les clubs organisate­urs qui en ce temps-là avaient leur place en finale quelque soit le niveau de leur équipe doivent comme les autres gagner leur billet pour la finale. Les règlements des tournois ont été harmonisés à 100 %. Le temps de jeu des matchs a pas mal augmenté. Et la FFR organise un challenge fédéral qui ces dernières années a été complément­aire avec le Super Challenge.

Avez-vous constaté d’autres évolutions ?

La plus grosse évolution, c’est le niveau de jeu qui a très nettement progressé, très nettement. Mais aussi le niveau physique des joueurs. En 1980, un joueur minime s’entraînait une fois par semaine. Aujourd’hui, c’est trois voire quatre entraîneme­nts qui sont mis en place. Par contre, je ne peux que regretter que la technique individuel­le qui permettait au joueur de répondre à toutes les situations soit aujourd’hui beaucoup moins développée que dans les années 1980 chez nos jeunes joueurs. Je sais que la FFR a prévu notamment avec l’apport des nouveaux cadres techniques fédéraux de remédier à ce problème, j’espère donc que la tendance s’inversera dans les proches années à venir.

Vous avez vu défiler des joueurs au fur et à mesure des épreuves. Un ou des joueurs vous ont particuliè­rement marqué ?

Oui et non. Bien sûr qu’en moins de 14 ans on ne peut être sûr de rien. Juger qu’un jeune fera un futur internatio­nal parce qu’il semble dominer un tournoi comme la finale du Super Challenge, c’est prendre un grand risque de dire n’importe quoi : il reste tant de chemin à parcourir, tant de travail à faire, tant de blessures à éviter. Il n’empêche que nous avons sur certaines finales ces dernières années des jeunes dont on s’est dit, « ça peut le faire ». Le dernier en date, c’est Romain Ntamack qui a joué la finale il y a deux ans avec le Stade toulousain. Il s’était montré à son grand avantage.

Qu’attendez-vous principale­ment de ce tournoi biterrois ?

J’attends un état d’esprit que j’ai trouvé le week-end dernier pour la finale du Super Challenge Espoir organisée par le club de Marcq-en-Baroeul à Villeneuve-d’Ascq. Avec des éducateurs qui respectent leurs joueurs, leur laissent la liberté de s’exprimer sur le terrain, pas de jeu téléguidé, qui les encourage certes mais qui en aucune façon n’ont des mots blessants vis-à-vis de leurs adversaire­s, des arbitres. J’attends aussi des parents un comporteme­nt responsabl­e. Nous ne jouons pas la finale du championna­t du monde, et être parent responsabl­e c’est aussi savoir se tenir durant les matchs. Ne copiez pas ses pseudos supporteur­s qui ne font que vociférer ou insulter. Ces enfants n’ont que 14 ans, les jeunes arbitres des pôles espoir de Toulouse et Béziers qui vont arbitrer les matchs ne sont guère plus vieux : on arrive sans aucun problème sur le niveau Espoir à avoir un niveau de respect, de fair-play exceptionn­el, pourquoi on n’y arriverait pas en Élite. Un seul exemple : la semaine dernière à Villeneuve-D’Ascq lors d’un accrochage entre deux jeunes de deux équipes lors des poules de premiers, les deux éducateurs ont sorti du terrain eux-mêmes leur joueur qui s’énervait, les arbitres n’ont rien eu à faire. J’émets donc le voeux que les éducateurs présents à Béziers reprennent à leur compte cet exemple et nous aident à faire en sorte que ce tournoi soit une grande réussite.

Vous avez rencontré dernièreme­nt la FFR pour travailler sur le calendrier de l’an prochain, pouvez-vous nous donner les grandes lignes de cet entretien ?

Il est normal que la Fédération souhaite pouvoir agir pour une formation meilleure. Les grandes lignes sont les suivantes : le Super Challenge se disputera désormais sur une seule journée et passera à douze équipes. Il y aura moins d’équipes, mais le temps de jeu sera augmenté. Tous les joueurs qui seront inscrits sur la feuille de match devront avoir obligatoir­ement un minimum de temps de jeu. Quant aux équipes qui n’auront pas le niveau, elles seront reversées dans le challenge Fédéral. Il faut éviter les matchs avec un trop grand déséquilib­re. Avoir autour d’une table de réunion la FFR, la DTN et le Super Challenge, c’est la garantie qu’à plusieurs, on trouve la meilleure formule de tournoi pour le rugby éducatif. Il reste encore des détails à travailler, mais les objectifs fixés par la FFR seront atteints dès la saison prochaine.

 ??  ?? C’est par son club de coeur qu’est organisé le Super Challenge de France - Midi Olympique version 2017. Gérard Tugas, président du Challenge, nous livre ses souvenirs et analyse l’évolution de ce Challenge.
C’est par son club de coeur qu’est organisé le Super Challenge de France - Midi Olympique version 2017. Gérard Tugas, président du Challenge, nous livre ses souvenirs et analyse l’évolution de ce Challenge.

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