DES BLEUETS RENVERSANTS !
DOMINATEURS MAIS PAS VRAIMENT RÉCOMPENSÉS, LES BLEUETS ONT FORCÉ LA DÉCISION DANS LES DERNIERS INSTANTS POUR S’IMPOSER SUR LE FIL 26 À 25. IL FAUDRA DÉSORMAIS ENCHAÎNER CONTRE LA GÉORGIE POUR S’OUVRIR EN GRAND LA PORTE DES DEMI-FINALES, DEUX ANS APRÈS LA
Pugnaces, accrocheurs, mais aussi un peu truqueurs sur les bords notamment sur les rucks offensifs et défensifs, refusant parfois de venir à la confrontation sur les ballons portés, laissant un seul joueur aller au contact des avants bleuets, les « Pumitas » dans la lignée de leurs aînés n’ont pas dérogé à leur style caractéristique de poil à gratter, malicieux. Exactement ce à quoi s’attendait le staff français. Ce qui a tout de même eu le don de faire s’interroger le manager général Thomas Lièvremont sur l’arbitrage du Néo-Zélandais M. Nuthbrown. Extraits : « Nous avons eu du mal à nous adapter. C’était particulier. Sur les ballons portés, les rucks nous devons savoir comment il faut être arbitré. Le règlement tel qu’on le conçoit n’est pas appliqué, nous allons demander des explications. » Il a donc fallu une équipe de France des moins de 20 ans admirable de solidarité et de courage, pleine de moelle et de vertu mentale pour se défaire des griffes sud-américaines. Menés 7 à 3 à l’issue d’une première période où ils se sont montrés maladroits, les joueurs de Thomas Lièvremont, Didier Faugeron et Philippe Boher n’ont pas perdu pied. Même lorsque le score était de 14 à 3 après 45 minutes de jeu pour les coéquipiers du troisième ligne aile Nicolas Stavile, dont on devrait entendre parler sous peu avec le maillot des Pumas. Piégés l’an dernier en match de poules à Salford 24 à 15 où ils s‘étaient écroulés physiquement dans les dix dernières minutes les jeunes Coqs n’ont pas flanché pour leur deuxième sortie à l’Achvala stadium de Tbilissi.
APRÈS LA PLUIE, ARRIVE LE SOLEIL
Sous le cagnard d’un début d’après-midi géorgien qui faisait monter le thermomètre jusqu’à 28 degrés, les Français sont « sortis du cadre qu’ils avaient respecté contre l’Afrique du Sud », dixit Thomas Lièvremont. Une prise en main avec des séquences de qualité et un déplacement du ballon plutôt intéressant comme en témoigne cette action à la 63e minute qui voyait avants et trois-quarts jouer après contact dans l’avancée. Certes il y eut encore quelques petites imperfections, un ballon tombé par-ci, par-là, des « contests » gênés et des coups francs joués au pied et envoyés directement en touche. Les deux cartons jaunes reçus par Roumat et Mauvaka soulignent aussi l’envie de trop bien faire et le manque de maîtrise par moments.
Mais même avec la rotation effectuée — cinq changements au coup d’envoi - les Bleuets n’ont pas souffert d’un quelconque manque d’automatisme. Et le coaching, notamment celui effectué en première ligne - quelles entrées des deux piliers Colombe et Boniface - fut brillant. Les Argentins ont pu s’en rendre compte alors que la touche et la mêlée fermée se muaient en véritable lampes de lancement du jeu tricolore. Thomas Lièvremont retenait lui « l’homogénéité du groupe depuis son arrivée à Tbilissi » avant de poursuivre : « Des personnes qui n’étaient pas sur la feuille de match contre l’Afrique du Sud ont répondu présentes aujourd’hui. Il faut que nous gardions cet état d’esprit de compétition mais aussi de complémentarité et de compétitivité. Il y a un manque d’expérience comme nous l’avons vu lors de notre premier match mais l’important est d’apprendre et de progresser. » En attendant la Géorgie, le potentiel offensif est évident avec six essais inscrits en deux matchs face aux deux gros concurrents de la poule. Et sans « réel objectif fixé si ce n’est celui d’aller le plus loin possible » comme le répète staff et joueurs, les Bleuets se verraient bien continuer leur parcours. À leur rythme et sans prise de tête. Le sort des matchs n’est jamais joué à l’avance, paraît-il.