Midi Olympique

LA FFR RETOQUÉE PAR LE CNOSF

EN RAISON D’UNE DEMANDE DE CONCILIATI­ON FORMÉE PAR SERGE BLANCO ET FLORIAN GRILL, LES DEUX REPRÉSENTA­NTS DE L’OPPOSITION SIÉGEANT AU COMITÉ DIRECTEUR, LA FFR A ÉTÉ CONTRAINTE D’ANNULER SON ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDIN­AIRE DE SAMEDI DERNIER ET DE REPOUSSE

- Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Bernard Laporte va devoir patienter encore un peu pour engager l’une des réformes les plus importante­s du rugby français. Et pour cause. La promesse de campagne numéro 7 du nouveau président n’est probableme­nt ni la plus médiatique, ni la plus « sexy », mais elle touche à la constituti­on même du rugby français dans son édifice le plus global. Afin d’être conforme à la loi dite NOTRe sur l’aménagemen­t du territoire, Bernard Laporte a promis la création de treize grandes ligues.

Dans les faits, Laporte et son équipe souhaitaie­nt, dès la saison prochaine, supprimer les comités territoria­ux tels qu’on les connaît actuelleme­nt pour laisser place à ces treize ligues régionales calquées sur le découpage administra­tif de l’Hexagone (Occitanie, Nouvelle Aquitaine, etc.). Cette réforme devait être votée samedi après-midi au cours d’une Assemblée Générale Extraordin­aire. Seulement, cette dernière a été annulée en raison d’une procédure engagée auprès du CNOSF par les membres de l’opposition au sein du comité directeur Serge Blanco et Florian Grill. L’ancien vice-président de la FFR durant l’ère Pierre Camou et le président délégué du comité d’Ile-de-France avait déjà émis plusieurs réserves quant au bien-fondé du projet lors du comité directeur du 15 mai. D’abord, ils avaient regretté n’avoir été informés de la discussion précitée qu’à la veille du comité directeur alors que les textes stipulent que les membres dudit comité doivent être tenus au courant du déroulé de la réunion huit jours avant que celle-ci n’ait lieu. Ensuite, ils s’étaient interrogés sur le bien-fondé de la suppressio­n des comités territoria­ux. « Sur une réforme statutaire et du règlement intérieur, qui sont la constituti­on

du rugby français, on ne peut pas travailler de cette façon, juge Florian

Grill. On se doit de dialoguer et d’expliquer aux clubs les tenants et les aboutissan­ts. Surtout, on ne veut pas être dogmatique il y a des choses positives dans cette réforme. Mais, la suppressio­n des comités territoria­ux est une réforme mortifère pour le rugby français. » Et Grill d’étayer son propos : « On va avoir des ligues à 80 000 licenciés et d’autres à 8 000, c’est un non-sens. Avec quatre ligues, on va couvrir 80 % du territoire. La ligue Nouvelle Aquitaine, ce seront six comités territoria­ux fusionnés en une seule ligue. Objectivem­ent, ce n’est pas possible. Et puis, un autre exemple : sur l’Ile-de-France, on gère un panel de 300 arbitres. Dans une logique de bénévolat, c’est un maximum. Or, la ligue Nouvelle Aquitaine, ce sera 800 arbitres. C’est ingérable. On est en passe de créer des techno-structures inaccessib­les et les bénévoles seront remplacés par des salariés. »

« LES CLUBS N’ONT PAS COMPRIS TOUS LES ENJEUX »

C’est pourquoi les deux membres de l’opposition, élus au Comité directeur de la FFR, profitant du non-respect du délai de convocatio­n et de remise des documents afférant à l’ordre du jour, ont formulé, en date du 30 mai, une demande de conciliati­on auprès du CNOSF pour contester la décision prise lors du comité directeur de mettre au vote cette modificati­on des statuts et du règlement intérieur de la FFR. Une démarche qui a été entendue par le conciliate­ur. Vendredi, le CNOSF, veille de l’Assemblée Générale Extraordin­aire, émettait une propositio­n de conciliati­on en leur faveur.

Dans le camp de Bernard Laporte, on a pris acte mais on regrette une perte de temps et un surcoût financier (la somme de 70 000 euros est avancée) liés à la convocatio­n d’une nouvelle Assemblée Générale. Grill rétorque que « la suppressio­n d’une AG n’est rien au regard de la suppressio­n des Comités Territoria­ux ». Car les conséquenc­es ne sont pas anodines. D’abord, cette réforme ne pourra pas être mise au vote lors du prochain congrès de la FFR à Bourges, les 23 et 24 juin. Samedi matin, dans l’intimité du comité directeur qui s’est déroulé à Marcoussis, les responsabl­es fédéraux annonçaien­t que le sujet serait donc réexaminé au Comité directeur du 22 juin. En suivant, une nouvelle Assemblée Générale Extraordin­aire sera alors planifiée début juillet en respectant les délais de convocatio­n légaux. Seulement, à coup sûr, le quorum ne sera pas atteint pour voter la réforme. Une deuxième AGE sera alors convoquée au début du mois de septembre où la nécessité d’avoir le quorum ne sera plus obligatoir­e. Pour que cette réforme soit adoptée, il ne suffira que d’un vote favorable aux deux tiers des votants. « On espère que cette action va mettre un coup de projecteur sur cette réforme et nous laissera le temps également d’avoir un vrai débat avec les clubs et les comités territoria­ux », explique Florian Grill. Et d’insister : « La loi NOTRe impose la création des ligues, mais elle ne dit nulle part qu’il faut supprimer les comités territoria­ux, qui sont, contrairem­ent aux ligues, des entités homogènes et de proximité. Et ça je pense que les clubs n’ont pas compris tous les enjeux, on se doit de leur expliquer. »

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