Midi Olympique

LE GRAND BLEUET

FLORIAN VERHAEGHE - Deuxième ligne et capitaine du XV de France PROGRAMMÉ POUR LE HAUT NIVEAU, LE GÉANT (2,02 M) EST À UN TOURNANT DE SON DÉBUT DE CARRIÈRE. S’IL DOIT ENCORE SE DENSIFIER, SES QUALITÉS INTRINSÈQU­ES ET SON ACTIVITÉ ONT DÉJÀ CONVAINCU LE STA

- Par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

Voici deux ans, Florian Verhaeghe affirmait : « Je me lève le matin pour devenir profession­nel. » Rêve devenu réalité puisque le deuxième ligne a signé un contrat de quatre ans avec le Stade toulousain en janvier. « Quand on me demandait le métier que je voulais faire, je répondais : « rugbyman », raconte-t-il. Mon but a toujours été le même. » Depuis qu’il a commencé le rugby à dix ans à Montauban. « Au début, je faisais du foot dans mon village de Lafrançais­e (dans le Tarn-et-Garonne) car mes parents ne pouvaient pas m’emmener aux entraîneme­nts. » Mais à compter du moment où il a basculé, aux dires de tous, lui s’est donné les moyens de la réussite. « Ceux qui percent sans travailler, ce sont les pépites, reprend Verhaeghe. Ce n’est pas mon cas. Je bosse car je ne veux rien regretter. » Déterminat­ion remarquabl­e et remarquée, notamment par Hugues Miorin, son entraîneur chez les Espoirs toulousain­s : « Dans notre sport, l’humilité est de rigueur mais n’empêche pas l’ambition. Avoir un peu d’ego est une qualité. » Thomas Lièvremont, manager des moins de 20 ans, poursuit : « Il est sûr de lui et, par rapport à son engagement sur et en dehors du terrain, est exemplaire. Il a cette ambition depuis longtemps et, ce qui m’importe est de le faire progresser pour qu’il y parvienne. Il l’a compris et je sais qu’il y arrivera. » Une des raisons pour lesquelles l’ex-troisième ligne en a fait son capitaine. « Par sa taille (2,02 m), il est rassurant et, par son caractère, a le profil. Il est avenant et a une emprise sur le groupe. » En plus d’une habitude des échéances internatio­nales. « La saison passée, j’étais là et on n’a rien gagné, se rappelle-t-il. Malgré un bon Tournoi, on avait réalisé une mauvaise Coupe du monde ensuite. Ce sera la dernière compétitio­n avec les équipes de France jeunes pour moi et cela me donne d’autant plus d’envie… J’essaye de partager mon vécu. Le staff me demande d’être un relais entre lui et les joueurs. Je cherche à faire en sorte que mes partenaire­s ne soient pas surpris par les événements. »

MIORIN : « SUR LE SECTEUR AÉRIEN, IL EST TRÈS EN AVANCE »

Il faut dire que l’exercice 2016-2017, qui lui a offert ses premiers pas en Top 14, lui a permis d’intégrer l’effectif toulousain au quotidien et de s’entraîner avec Maestri, Tekori, Gray ou Albacete. Que des pointures mondiales du poste et le meilleur des apprentiss­ages. « Je les regardais à la télé et ne pouvais pas m’imaginer être à leurs côtés… » Une saison charnière dans son évolution ? « J’ai eu l’opportunit­é de disputer une rencontre profession­nelle (contre Bayonne) mais la saison charnière est la prochaine. » Car les dirigeants stadistes ont choisi de ne pas compenser les départs de Lamboley et Albacete pour lui octroyer une place dans la rotation. Ugo Mola et William Servat comptent sur lui. « C’était une condition orale pour que je signe aussi longtemps. J’ai plutôt l’impression qu’on me fait confiance et que les entraîneur­s vont me laisser ma chance. » Miorin réclame de l’indulgence : « Pour nos jeunes, si une fenêtre ne s’ouvre pas, il est difficile d’espérer. Florian en a une. Il ne sera peut-être pas totalement prêt de suite mais il faut lui laisser le temps. La patience a disparu dans le rugby pro mais l’expérience s’acquiert sur le terrain, pas dans les bouquins. » Parmi les acquis justement, l’envergure de Verhaeghe en fait déjà un maître des airs. « Sur ce point, il est très en avance, note Miorin. J’ai rarement vu un joueur aussi à l’aise dans ce secteur. Son timing est excellent. » Et de sourire : « S’il n’y avait que le domaine aérien, il survolerai­t le rugby internatio­nal. » Mais s’il est une interrogat­ion sur sa capacité à franchir le cap, elle concerne sa densité physique.

VERHAEGHE : « JE N’AI PAS EU LE SENTIMENT DE RAMASSER »

Le joueur avait ainsi consacré sa première partie de saison dernière à se renforcer. À ce jour, il pèse 104 kg, ce qui le classe encore parmi les légers du poste. « Il traîne cette image et on lui reproche son poids mais, en position de numéro quatre, c’est un bon pousseur en mêlée car il est bien coordonné, assure Lièvremont. Et c’est un excellent joueur de rugby qui peut évoluer comme un troisquart­s centre. Il compense par sa technique individuel­le. » « Il développe d’autres attitudes pour pallier cette carence », certifie Miorin. Après analyse de ses quatre-vingts minutes contre Bayonne, le staff toulousain a d’ailleurs noté que le deuxième ligne n’avait jamais subi à l’impact. « Jusqu’à l’an dernier, la prise de poids était ma priorité mais, à partir de mes premiers matchs amicaux en pro, ce fut différent, poursuit l’intéressé. Je n’ai pas eu le sentiment de ramasser (sic). Alors j’ai toujours l’objectif de m’étoffer mais ce n’est plus le principal. » D’autant plus que sa capacité de déplacemen­t et son activité sont démesurées. Lors de cette rencontre face aux Basques, Verhaeghe s’est approché de Richie Gray en termes d’actions effectuées, référence sur ce plan. Un point fort autant que sa faiblesse parfois. « À toujours essayer de faire un maximum de choses, certaines s’avèrent inutiles », reconnaît-il. Ce que confirme Lièvremont : « Il veut tellement faire et bien faire qu’il est partout, ce qui nuit à son efficacité. Il ne s’économise jamais et possède une grosse marge sur la justesse de ses interventi­ons. Il doit mieux analyser les situations pour ne pas être en surproduct­ion et gagner en rendement. » Aussi en lucidité. Le manager encore : « Il a évolué en un an et demi. Il manquait de maîtrise dans son jeu et se complaisai­t dans un rugby libre, celui de l’école. Il était du coup très pénalisé et c’est une des raisons pour lesquelles je l’ai promu capitaine. Il parvient à mieux se canaliser. » Et à se rapprocher encore de ce pour quoi il est programmé : les hautes sphères de ce sport.

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