Midi Olympique

UN BOUCLIER TANT ATTENDU

DEPUIS DIMANCHE SOIR ET LE DEUXIÈME SACRE, LA PLACE DE JAUDE ET SA STATUE DE VERCINGÉTO­RIX SONT L’ÉPICENTRE DE LA FÊTE DU TITRE DE CHAMPION DE FRANCE. TOUT UN PEUPLE EST HEUREUX DE REVOIR DÉBARQUER, SEPT ANS APRÈS, LE BOUCLIER DE BRENNUS. RETOUR SUR TROIS

- PAR SÉBASTIEN FIATTE, ENVOYÉ SPÉCIAL

22:55

Dernière penaltouch­e pour Toulon. Les visages des supporters sont crispés. La place de Jaude murmure, retient son souffle, les yeux rivés vers l’écran. Un dernier contest de Morgan Parra libère tout un peuple. « On est les champions, on est les champions ! » Sept ans après, le Brennus revient en Auvergne. Cette fois, c’est vraiment la bonne, comme il est écrit sur de nombreux tee-shirts. « Maintenant, on ne pourra plus dire qu’on est des loosers ! », rigole Hugo, vingt ans à peine. L’air incrédule, les spectateur­s retrouvent rapidement leur calme. La remise du Brennus aux Clermontoi­s est le vrai signal de la fête. La place de Jaude est transformé­e en discothèqu­e géante. Jusqu’à une heure du matin, les sonos crachent de la musique électro.

01:00

La place se vide petit à petit, difficilem­ent. Les plus acharnés, et parfois les plus jeunes, des supporters peinent à entendre l’appel du speaker à libérer la place. Le DJ arrête de passer des disques. Mais, dans les rues adjacentes, les bars de la ville sont encore ouverts pour quelques heures encore. La fête continue toute la nuit.

12:00

Clermont a encore la gueule de bois, une bonne gueule de bout de bois, une gueule de Brennus. En ce lundi de Pentecôte, la plupart des commerces est fermée, et les badauds sont rares. La place de Jaude, jonchée de gobelets en plastique quelques heures plus tôt, a été nettoyée. Les services de la ville ont oeuvré et il ne reste pas une trace de la fête de la veille. Au pied de l’écran géant, une centaine de supporters en jaune est déjà en place pour ne rien rater de l’arrivée du bouclier, prévue à… 17 heures. D’autres sont déjà à l’apéro. « J’ai le temps de boire une ou deux petites bières, sourit un supporter. Je ne bosse pas avant 13 h 30… Demain ! » Place de la Victoire, une brasserie a déjà modifié sa carte. L’un des plats du jour, est une « Bruschetta du Brennus », à base de Truffade, évidemment.

14:00

La fan zone a été à nouveau mise en place. La circulatio­n du tramway a été stoppée, et il faut montrer patte blanche pour entrer dans un périmètre très sécurisé. Quelques milliers de personnes sont déjà présentes pour assister à la rediffusio­n de la finale prévue dans une heure. Un quart d’heure plus tard, le speaker fait son apparition, et commence à chauffer le public qui ne se fait pas prier pour chanter qu’il est champion.

14:55

Premier clapping de l’aprèsmidi. Les supporters présents tapent dans leurs mains pour la première fois de la journée. Parmi eux figure Ivan, une pancarte de Yellow Army dans les mains. Licencié à Varennes-sur-Allier, en Deuxième Série, il a regardé le match chez lui la veille et a fait le déplacemen­t pour le retour des joueurs. « Mais je tenais à être là aujourd’hui pour voir le bouclier. »

15:15

Romain Poite siffle à nouveau le coup d’envoi de la finale. Les Clermontoi­s vibrent comme la veille sur la première pénalité de Parra puis l’essai de Raka. La place continue de se remplir de monde. De tous les côtés, les supporters affluent. À la pause, un deuxième clapping est organisé. Et Renaud Lavillenie s’invite aux festivités et est présenté au public, du haut de la nacelle qui surplombe la place chauffée à blanc par le soleil et par un public impatient de voir le Brennus.

16:16

La retransmis­sion de la finale est interrompu­e quelques minutes pour un direct sur une chaîne d’informatio­ns en continu. C’est l’occasion de procéder à une répétition géante avant l’arrivée des joueurs et d’agiter les drapeaux. Le mètre carré sur la place commence à devenir cher. Cinquante mille personnes sont annoncées sur la place. Les supporters sont peut-être plus ou moins nombreux. Peu importe. Quand on aime, on ne compte pas et le peuple clermontoi­s bout d’impatience à l’idée de communier avec son équipe.

16:43

Mourad Boudjellal apparaît à l’écran. Comme la veille, il est copieuseme­nt sifflé par le public clermontoi­s. Quelques minutes plus tard, la retransmis­sion du match est interrompu­e à un quart de la fin. Les joueurs et le bouclier sont annoncés. Le speaker fait monter la tension, les chants s’enchaînent. Puis la sono crache des classiques du rock : « We will rock » de Queen et « Highway to hell » d’AC/DC.

17:10

Le président, Éric de Cromières arrive le premier sur scène, suivi des joueurs. Le bouclier est présenté au public clermontoi­s. C’est l’exultation au coeur de la marée jaune. Thomas Domingo est le premier joueur à prendre la parole pour remercier le public et livre un discours très émouvant. Suivent ensuite la charnière, Camille Lopez et Morgan Parra. Le premier demande au public d’acclamer le second pour son rôle dans la conquête du titre. Ce que ne se prive pas de faire une supportric­e survoltée, qui ne cache que le demi de mêlée est son chouchou.

17:34

Après Thierry Fraisse, le président de la Yellow Army, le coach, Franck Azéma, le capitaine, Damien Chouly, c’est au tour de la légende auvergnate, Aurélien Rougerie de présenter le bouclier au public.

Dans la foulée, Yohan Beheregara­y entonne a cappella « les fêtes de Mauléon », Nick Abendanon, avec « The hi de ho man », puis Peceli Yato, avec « Les Sardines » prennent le relais. Les rangs s’éclairciss­ent. « Là, faut qu’il arrête de chanter, rigole un supporter. Ils font fuir les gens ! » Il est entendu. Le tour de chant est terminé, c’est au bouclier de faire le tour des gens, dans les bras de Thomas Domingo.

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