LE CLUB DES 5
« LA FORCE D’UNE ÉQUIPE, C’EST SON COLLECTIF », A-T-ON COUTUME DE DIRE DANS UN MONSTRUEUX CLICHÉ, AU RUGBY PLUS QU’AILLEURS. CETTE SAISON, IL EST POURTANT CINQ INDIVIDUALITÉS À QUI CLERMONT DOIT BEAUCOUP…
Morgan Parra Demi de mêlée Le golden boy
Au sujet du « merdeux », Vern Cotter avait coutume de dire qu’il transformait tout ce qu’il touchait en or. De fait, Morgan Parra était à peine arrivé à Clermont qu’il offrait aux Jaunards, le 29 mai 2010, le premier Bouclier de Brennus de leur immense histoire : déjà doté d’un indéniable ascendant sur son paquet d’avants, le « merdeux » avait alors comme décomplexé Brock James, soulageant de sa patte gauche puissante et précise l’ouvreur australien. Sept ans plus tard, Parra fait toujours partie des meilleurs demis de mêlée du championnat de France. Étincelant en finale du Top 14 face à
Toulon, l’ancien Berjallien a ce soir-là conduit le jeu de son équipe à la perfection, plaquant à tour de bras et grattant deux ballons d’une importance capitale, en fin de match. Alors, on veut bien entendre que ce poste regorge en France d’incommensurables talents. On veut bien croire qu’Antoine
Dupont, Baptiste Serin ou Maxime Machenaud possèdent tous une explosivité dont est probablement dépourvu l’enfant chéri de l’ASMCA. Mais lequel de ces joueurs peut-il lutter avec le Clermontois dans la seule force de caractère ou la dimension stratégique ? Aucun, semble-t-il… M. D. ■
Camille Lopez Demi d’ouverture Le match winner
En choisissant de laisser Brock James rejoindre le Stade rochelais, en laissant les clés de leur animation offensive à Camille Lopez, Jono Gibbes et Franck Azéma ne s’étaient pas fait que des amis en Auvergne. Un peu moins d’un an plus tard, le choix de Lopez sonne pourtant comme une évidence. Auteur de phases finales quasi parfaites, le Mauléonais s’est aujourd’hui affirmé comme le meilleur demi d’ouverture du Top 14. Azéma explique : « J’ai eu tout de suite confiance en lui. Parce que Camille est un garçon qui ne trahit jamais. Au-delà de ça, il a du talent, il travaille beaucoup, il a de la spontanéité dans le jeu. Ce sont beaucoup d’arguments pour le très haut niveau. Il avait juste besoin de gagner en expérience, pour se canaliser et maîtriser les instants décisifs. Il a pris des beignes, mais cela l’a toujours fait avancer. Je ne suis pas surpris par ce qu’il livre aujourd’hui. » Apaisé, affûté et quasiment installé, Camille Lopez s’est affirmé cette saison comme le pendant idéal de Morgan Parra à la charnière. Et à Clermont, Patricio Fernandez a beau posséder un incroyable talent, il n’est pour l’instant qu’une doublure de luxe… M. D. ■
Damian Penaud Centre La révélation
Au moment où Wesley Fofana s’est gravement blessé au tendon d’Achille, on aurait pu penser qu’Aurélien Rougerie ou Benson Stanley termineraient la saison au centre. Après tout, l’ancien All Black avait pour lui une défense sur l’homme assez destructrice, une gestuelle plus qu’honnête et un état d’esprit irréprochable. De son côté, « Roro » réalisait probablement l’une des meilleures saisons d’une carrière longue comme un jour sans pain. Et puis ? Franck Azéma et Jono Gibbes ont sorti de leur manche l’atout Damian Penaud, 20 ans et des poussières. Athlétique, intelligent, explosif et très difficile à plaquer, le fils de l’ancien demi d’ouverture des Bleus, de Brive et du Stade français a ébloui le Top 14. À la suite de l’échec en finale de Champion’s Cup, c’est donc tout naturellement que Damian penaud est devenu le pendant de Rémi Lamerat au centre du terrain. Appelé en équipe de France pour la tournée en Afrique du Sud, le jeune homme sera à son retour en Auvergne à nouveau soumis à la terrible concurrence de Wesley Fofana. Mais sur une saison comptant près de quarante matchs, il devrait y en avoir pour tout le monde… M. D. ■
Peceli Yato Troisième ligne aile Le facteur X
La surprise fut de taille au jour où l’on apprit que Franck Azéma avait choisi le flanker fidjien pour débuter la finale de Champions Cup, en lieu et place d’Alexandre Lapandry, très utilisé en début de saison. Auteur ce jour-là d’un match épatant et d’une passe décisive magnifique à l’attention de Nick Abendanon, Peceli Yato s’était alors fait une place en or dans l’effectif quatre étoiles de l’ASMCA. Qui l’eut cru, franchement ? « Mon père n’a jamais voulu que je joue au rugby, nous confiait-il dernièrement. Même si je détestais l’école, il voulait que je pousse au maximum mes études. Du coup, je n’ai commencé le rugby qu’à 18 ans ! […] Le jour où Clermont m’a recruté, je ne savais pas comment l’annoncer à papa. J’en ai même perdu le sommeil des nuits entières… Au départ, il ne voulait pas croire que j’étais doué pour ce sport. Il disait que j’étais trop maigre et pas assez méchant ! Alors, je lui ai montré la proposition de Clermont et il s’est mis à pleurer. Il ne voulait pas perdre son fils aîné mais ne m’a pas empêché de partir. J’ai rejoint la France quelque temps plus tard. » Et pour Yato, la belle histoire n’est visiblement pas près de prendre fin… M. D. ■
Davit Zirakashvili Pilier Le roc
À 33 ans, le pilier géorgien est dans la forme de sa vie. Auteur d’une superbe fin de saison (il a quasiment disputé les quatre-vingts minutes de la demi-finale de Marseille et l’intégralité de la finale de Top 14…), Davit Zirakashvili a notamment permis à la mêlée clermontoise de mettre sa rivale toulonnaise au supplice, dimanche soir, au Stade de France. Sous contrat à Clermont-Ferrand jusqu’en juin 2020, celui que la Yellow Army connaît sous le nom de Dato sera l’an prochain soumis à rude concurrence avec l’arrivée au club du droitier de l’équipe de France, Rabah Slimani. À ce sujet, il n’est d’ailleurs pas certain que le Géorgien endosse irrémédiablement le rôle de doublure, tant son activité dans le jeu courant semble aujourd’hui supérieure à celle de l’ancien pilier du Stade français. Pour l’anecdote, Davit
Zirakashvili débutera en août prochain sa quatorzième saison sous le maillot clermontois. Selon toute vraisemblance, il devrait, à la fin de sa carrière de joueur, intégrer le staff de l’ASMCA dans un rôle qui reste à définir. Au chevet de la mêlée ? Pas certain, puisque Didier Bès réalise pour le moment un excellent travail dans ce secteur de jeu… M. D. ■