« Picamoles sera le danger numéro un des Bleus »

DES JOUEURS AUX OBSERVATEURS, LES SUD-AFRICAINS SONT UNANIMES : LE FUTUR MONTPELLIÉRAIN CONSTITUE L’ATOUT PREMIER DU XV DE FRANCE, DONT LE DUEL AVEC LE CAPITAINE WARREN WHITELEY SERA SCRUTÉ DE PRÈS.

On peut, au nom de certaines considérations esthétiques, apprécier ou pas le joueur et son style parfois peu enclin à faire vivre le ballon après lui… Mais c’est ainsi : depuis la Coupe du monde 2015, Louis Picamoles s’est affirmé comme l’un des meilleurs joueurs du XV de France, sinon son atout offensif principal depuis la blessure de Wesley Fofana. Cela est d’autant plus vrai depuis son passage à Northampton, qui a définitivement fini de polir le diamant brut que la lourde préparation au Mondial effectuée voilà deux ans avait déjà permis de révéler. Moins lourd, plus endurant, Picamoles a clairement franchi un cap dans sa capacité à répéter les efforts, devenant de fait non pas un joueur dangereux pendant un quart d’heure, mais un poison constant à surveiller comme le lait sur le feu. Les Sud-Africains ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, qui ont désigné en la personne de Louis Picamoles le « danger numéro un ». « S’il y a un joueur à surveiller plus que les autres, c’est forcément Picamoles, nous confiait l’ailier ou demi de mêlée des Springboks François Hougaard. Avec leur grand pilier (Atonio, N.D.L.R.), c’est par lui que passent quasiment tous les ballons sur les relances de jeu. Si on parvient à le stopper au-delà de la ligne d’avantage, nous aurons fait une bonne partie du boulot. »

JACO KRIEL : « CE MEC, C’EST UN MONSTRE »

Difficile, au vrai, de donner tort au futur joueur de Worcester. Élément moteur du paquet d’avants constitué par Guy Novès, Picamoles sera également sa caution puissance puisque les autres porteurs de balle privilégiés des Bleus, à savoir Guilhem Guirado et Sébastien Vahaamahina, ne seront pas de la partie, respectivement remplacés par des joueurs moins puissants comme Maynadier ou Ledevedec. Chose qui devrait, pas voie de conséquences, faire peser sur le futur Montpelliérain d’autant plus de responsabilités, et l’exposer d’autant plus

dans le combat. « On sait que les Bleus vont beaucoup miser sur lui autour des rucks, car il fait partie de ce genre de joueurs capables d’avancer et de passer le ballon après contact, abondait le flanker Jaco Friel. Face à ce type d’attaquant, il ne faut pas hésiter à plaquer à deux, car si on se contente de se baisser, il peut délivrer un offload et permettre à ses partenaires d’avancer. Mais ce ne sera pas facile. Ce mec, c’est un monstre. » Un joueur, en tout cas, de la trempe de ceux dont les Sud-Africains raffolent. Au point de regretter le forfait pour la tournée du Toulonnais Duane Vermeulen. « Le numéro 8 des Lions Warren Whiteley est un excellent joueur, mais davantage dans le style de Shaun Sowerby, que vous connaissez bien en France, nous glissait le journaliste spécialisé Jacques Van der Westhuyzen.

Si Vermeulen avait été apte, Whiteley aurait sûrement joué flanker. Là, nous allons peut-être manquer de répondant dans le défi frontal. »

OPPOSITION DE STYLE AVEC WARREN WHITELEY

Une analyse pas vraiment partagée par l’entraîneur des avants sud-africains Johan Van Grann, seul membre du staff des Springboks à avoir échappé à la curée du début de saison. « Pour moi, comme Picamoles, Warren Whiteley fait partie des meilleurs numéros huit du monde, avançait ce dernier devant

la presse nationale. Duane Vermeulen va certes manquer la tournée, mais l’important dans une troisième ligne, c’est son équilibre. Kolisi va nous apporter son abattage dans le jeu au sol, et Mohoje nous a prouvé à l’entraînement qu’il était capable de porter efficacement le ballon. Whiteley, de son côté, va nous apporter des tas de choses invisibles : son énergie dans les rucks, sa couverture du terrain, et surtout sa vitesse d’intervention au soutien des trois-quarts. C’est ici qu’il peut créer des différences. » D’où une vraie opposition de style à attendre entre le leader de jeu français et le capitaine sud-africain, dont on pressent qu’elle pourrait s’avérer déterminante…